Partie 4

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Point de vue de Maëva
Je reste quelques secondes immobile, avant de me rediriger vers la porte. J'essaye de nouveau de l'ouvrir, tape différents codes mais rien ne marche. Après un énième échec, je me laisse glisser au sol et l'abattement me recouvre. Les larmes que je retiens depuis hier se mettent à couler, de plus en plus vite.

Je veux rentrer chez moi. Je veux revoir mes parents, mes amis, et par-dessus tout Lucas. Je me sens seule. Je ne sais pas où je suis ni ce que ce Damien qui a payé pour m'avoir compte me faire. J'ai peur.

Après quelques minutes à me morfondre, mon instinct de survie reprend toutefois le dessus. Du courage Maëva, pensé-je. Ce n'est pas parce que la porte est fermée que tu vas te résoudre à rester enfermée ici pour toujours, non ? Je dois trouver un moyen de sortir d'ici, et la première étape pour cela est d'explorer un peu l'endroit où je me trouve.

Je me relève. Je me trouve dans une salle assez grande qui fait office de salon et de salle à manger. La pièce est meublée de façon assez impersonnelle, j'ai l'impression d'être dans un magasin de meubles. Elle contient une grande table à manger noire vernie avec quatre chaises assorties. Une table basse dans le même style sépare une gigantesque télé à écran plat d'un canapé en cuir marron en forme de L couvert de coussins, et un tapis couleur crème du même coloris que les murs recouvre le parquet sur cette partie de la pièce. Toute la particularité de ce salon tient à la présence d'une bibliothèque immense qui couvre la totalité du mur droit. Il est illuminé par le soleil qui rentre par une grande baie vitrée. Je m'approche de la vitre pour essayer de l'ouvrir, mais il n'y a aucune poignée. Frustrée, je donne un coup dans la glace. Celle-ci bouge à peine tant elle est épaisse.

En me retournant, je m'aperçois qu'un repas froid est posé sur la petite table. Je ricane. Il ne pense quand même pas que je vais manger quoi que ce soit qu'il m'a apporté, si ?

Je retourne dans la chambre. Elle est dans le même style que le salon : confortable et sobre. Le lit, deux tables de chevet et une horloge m'indiquant qu'il est 13h37 constituent l'ensemble du mobilier. Je vois deux portes situées aux deux extrémités de la pièce. La première donne sur une salle de bain luxueuse : douche à l'italienne, baignoire, quantité astronomique de produits cosmétiques... Une pièce à faire pâlir de jalousie n'importe quelle fille, mais qui renforce juste mon inquiétude. Damien a les moyens de jouer avec moi. Heureusement, dans cette pièce comme dans les autres, je n'ai pas trouvé trace de caméras.

Je me dirige vers la dernière pièce en me demandant ce qu'elle peut contenir et reste figée sur le seuil. C'est...un dressing ? Un rire nerveux monte de ma gorge. J'entre pour observer de plus près les vêtements.

-C'est une blague...je murmure alors que je découvre ce que je suis censée porter.

Jupes et robes on ne peut plus courtes, minishorts, hauts transparents, talons hauts...Tous les vêtements sont ultra sexy et carrément vulgaires. Le pire étant les sous-vêtements, à croire que Damien m'a amené ceux ayant le moins de tissu qu'il a trouvés. Il est complètement malade, jamais je ne porterai ça, et encore moins pour ses beaux yeux ! Cette simple idée me retourne l'estomac.

En temps normal, je serais plus qu'énervée, mais les émotions de la journée ressurgissent toutes à cet instant et une vague de fatigue me recouvre. Je ressors de la pièce et vais m'allonger sur le lit dans l'idée de me reposer quelques instants, mais mes paupières se ferment malgré moi et je m'endors.

                                   ***
Je me réveille en sursaut. Il me faut quelques instants pour me rappeler où je suis. Je regarde l'horloge. 18h47. J'ai dormi bien plus longtemps que ce que je pensais. Il faudrait que je continue à chercher comment sortir d'ici, mais pour l'instant j'ai juste envie d'une douche. Je me sens sale, pas seulement d'avoir été enlevée mais surtout d'avoir été touchée par des hommes que je méprise profondément. Et puis, une douche a été mise à ma disposition, autant qu'elle serve à quelque chose, pas vrai ?

Je me dirige donc vers la salle de bains. Elle n'a pas de verrou, mais ce n'est pas comme si j'avais de la visite de toute façon. Je me déshabille et me glisse sous le jet. L'eau brûlante m'apaise légèrement et me ferait presque oublier que je me suis fait enlever. Je frotte vigoureusement chaque centimètre carré de ma peau et de mon cuir chevelu avant de me rincer et de m'envelopper dans une serviette.

Je soupire en observant mes vêtements pleins de terre entassés au sol. Je meurs d'envie de me changer, mais je préférerais garder mes affaires sales si cela peut m'empêcher de m'habiller avec ce que j'ai vu. Je décide finalement d'aller fouiller le dressing pour voir si je peux trouver une tenue décente. J'enroule la serviette sous mes aisselles et ouvre la porte.

Je me fige immédiatement. Damien est assis sur le lit. Je ne l'ai pas entendu entrer à cause de la douche. Une robe rouge et des sous-vêtements noirs sont posés à côté de lui. Mes doigts serrent plus fermement la serviette alors que je sens ses yeux descendre le long de mon corps. La serviette a beau me couvrir en grande partie, j'ai l'impression qu'il me déshabille du regard, ce qui me met profondément mal à l'aise.

-J'arrive au bon moment on dirait, dit-il avec un petit sourire.

Je reste immobile, attendant avec angoisse son prochain geste. Ses yeux remontent finalement vers mon visage.

-Je t'ai apporté de quoi t'habiller.

Je regarde les vêtements posés derrière lui. Un soutien-gorge en dentelle et une culotte -non, un string- assorti. La robe est rouge vif et me parait très courte. Une paire d'escarpins à talons aiguilles noire est posée au pied du lit. Je déglutis avant de répondre.

-Je ne vais pas mettre ça.

J'essaye de garder une voix ferme, mais elle tremble légèrement. Il se lève et s'approche de moi. Je recule d'un pas. Il en fait un de plus et j'essaye de reculer encore mais je suis acculée contre le mur. Il avance encore pour réduire l'écart entre nos corps. Son sourire s'élargit alors que sa main se pose sur ma hanche. Impuissante, je ne peux rien faire pour l'en empêcher sous peine de lâcher la serviette à part murmurer :

-Ne me touche pas...

Il m'ignore royalement.

-Tu as dix secondes pour aller t'habiller si tu ne veux pas que je te retire cette serviette. Ce qui ne me dérangerait absolument pas...10...9...

Je commence à paniquer.

-3...2....

-C'est bon, je vais le faire ! je m'écrie.

Il me regarde d'un air moqueur et se déplace pour me laisser passer.

-Dommage...Je te laisse trois minutes.

J'attrape les vêtements et ferme la porte de la salle de bains derrière moi. Il me dégoûte. J'enfile rapidement la tenue avant de m'observer. Effectivement, la robe est très courte, très moulante aussi. Elle a un décolleté dans le dos, laissant ainsi voir le soutien-gorge. J'ai honte d'être vêtue de cette manière, mais je n'ai pas le choix. Au moins ai-je quelque chose pour me couvrir. Je ressors. Damien s'est rassis sur le lit. Il m'observe d'un air satisfait avant de dire :

-Mets les chaussures.

-Je ne pourrais jamais marcher avec ça.

-C'est le but, mon cœur. Ou bien tu préfères sortir pieds nus ?

Je les enfile à contre-cœur. Il se lève et m'offre son bras.

-Allez, viens. Je vais te faire visiter ton nouveau chez-toi.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant