Point de vue de Maëva
Qui a mis un putain de marteau-piqueur sous mon crâne ? est la première pensée qui me vient en tête à mon réveil. J'ai déjà eu quelques gueules de bois dans ma vie, mais jamais de cette ampleur. Malheureusement, je n'ai pas bu assez pour oublier la soirée. Pour oublier les mains de Damien sur moi, ses caresses, ses baisers, son souffle sur ma peau. Et le plaisir coupable que j'ai ressenti encore une fois malgré moi.
Je ferme les paupières dans une vaine tentative de me détacher de ces images, mais le visage de celui qui est maintenant mon mari penché sur moi reste imprimé sur mes rétines. Lorsque je parviens enfin à le chasser, c'est l'appréhension qui envahit mon esprit. Hier soir, mon esprit embrumé n'a cessé de cogiter jusqu'à trouver une manière de détourner l'attention de Damien assez longtemps pour laisser à Charlotte le temps d'agir. Il ne reste plus qu'à passer à l'action, et à oublier que ce qui m'attend en cas d'échec est pire que la mort. Je rouvre les yeux et me redresse brusquement en poussant un juron à cause de ma migraine.
Je suis seule dans le lit, à ma grande surprise. Un verre d'eau et un cachet d'aspirine sont posés sur la table de nuit, accompagnés d'un petit mot : Bois-moi. Je ne me fais pas prier et avale d'une traite le breuvage avant de me lever.
J'enfile une robe de chambre et me dirige vers la salle à manger. Je relève la tête après avoir noué la ceinture autour de ma taille et reste stupéfaite. La porte est ouverte. Je veux dire, la porte de mes appartements est ouverte. Cette même porte sur laquelle je me suis acharnée pendant des heures, cherchant désespérément à briser ce rempart qui me séparait de la liberté, n'est plus une barrière. Charlotte m'avait prévenue, mais pour être honnête je ne m'étais pas attardée sur ce détail.
Je passe rapidement une tenue plus décente et quitte cet endroit. Je descends les deux étages seule pour la première fois et me dirige vers la salle à manger. Une délicieuse odeur de pancakes envahit mes narines alors que j'entends des éclats de voix. En avançant de quelques pas, je vois Charlotte aux fourneaux en train de discuter gaiement avec Damien, Victor et Thomas. Je ne sais pas trop comment réagir alors je reste simplement plantée là, mais il ne faut que quelques secondes avant qu'elle ne remarque ma présence.
-Maëva ! s'écrie-t-elle avec un grand sourire aux lèvres. Viens, il ne manque plus que toi !
Je m'avance timidement et Damien vient me rejoindre. Ses yeux plongent dans les miens et sa main vient remettre une mèche de cheveux derrière mon oreille.
-Tu n'as pas trop mal à la tête ? me demande-t-il doucement.
-Un peu mais ça va, je lui réponds, décontenancée.
Ses lèvres viennent chatouiller les miennes.
-Pas trop de courbatures ? murmure-t-il. Tu étais sublime hier soir.
Je me recule brusquement en fronçant les sourcils. Pour qui se prend-il à me parler comme ça devant d'autres personnes ? Mon expression le fait rire.
-Ne fais pas la tête, trésor. Mes frères partent ce soir, je voudrais juste profiter d'eux aujourd'hui. Nous partirons demain aux premières lueurs en voyage de noces, achève-t-il dans mon cou.
Je croise le regard de Charlotte par-dessus son épaule. J'y lis la même angoisse que celle qui m'habite. Je me recule et adresse un petit sourire à Damien. Il m'embrasse, et je lui rends son baiser. C'est la dernière journée, il faut qu'elle se déroule à la perfection. Par-dessus tout, aucun des trois frères ne doit se rendre compte de rien. Je n'ai jamais espéré si fort de toute ma vie.
***
La journée se passe étrangement bien. Tout le monde est de bonne humeur, et même Victor semble avoir mis de côté sa part de sadisme. Je suis peu bavarde, mais mes petits sourires occasionnels semblent suffire à Damien. J'ai beau paraitre calme, intérieurement je me sens monter en pression à chaque seconde qui passe.
Alors que je ramène des verres dans la cuisine, Charlotte surgit derrière moi.
-Maintenant, me souffle-t-elle d'un air stressé. J'ai le feu vert d'Alex, on peut y aller.
Je me contente d'un hochement de tête et retourne auprès de Damien. J'ai répété cette scène toute la journée dans ma tête, tout va bien se passer. Il est assis à côté de Thomas, en train de plaisanter avec lui. Victor quant à lui est sorti fumer une cigarette. Je me penche pour chuchoter à son oreille.
-Damien ? Tu veux bien me faire une faveur ?
Il se tourne vers moi d'un air intrigué.
-Je vais remonter dans ma chambre, je poursuis. Tu pourrais me rejoindre dans, disons, cinq minutes ?
Une lueur passe dans ses yeux et un sourire vient étirer ses lèvres, révélant ses fossettes.
-Pourquoi donc ?
-C'est une surprise, je ne vais pas te le dire, je susurre.
-Très bien, à dans cinq minutes dans ce cas...
Je tourne les talons et remonte à toute vitesse dans ma chambre. Je ferme la porte pour avoir un peu d'intimité et me déshabille intégralement avant d'aller chercher les sous-vêtements les plus affriolants que j'ai pu trouver. Je les enfile puis attrape une boîte dont j'ai fait la découverte il y a seulement quelques jours. Celle-ci est pleine de menottes, rubans et autres jouets érotiques en tout genre. J'espérais ne jamais avoir à m'en servir, mais le destin en a décidé autrement...
Je trouve finalement ce que je cherche. Il s'agit de chaines assez longues pour me garantir une liberté de mouvement, mais assez courtes pour me laisser attachée au lit. Je les sors et essaye les différentes clés qui se nichent au fond de la boîte jusqu'à trouver celle qui correspond. Sans hésiter une seule seconde, je me rends dans la salle de bains et la jette au fond du lavabo.
Je vais ensuite m'étendre sur le lit. J'attache la première menotte autour de mon poignet, puis la deuxième, avant de les fixer au meuble.
Me voilà totalement impuissante désormais. Je ne pourrai pas échapper aux assauts de Damien qui va débarquer d'une seconde à l'autre. Mais surtout -et le plus important-, je ne pourrai pas échapper aux flammes qui ravageront cet endroit dans quelques minutes.
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Je suis ton ombre
Romance-Je n'appartiens à personne, espèce de taré ! -Pour l'instant peut-être. Mais tu verras que tu finiras par être entièrement à moi. Corps et âme...susurre-t-il. Vois-tu, je trouve ça terriblement excitant de savoir que tu ne veux pas de moi mais que...