Je suis ton ombre

Partie 20

Point de vue de Maëva

        J'atterris sur les genoux. Heureusement, j'ai eu le réflexe de mettre mes mains en avant et mon crâne n'a pas heurté le sol.

-Debout.

La voix de Damien me parvient de l'autre bout de la pièce, aussi tranchante qu'un couteau. Je me redresse lentement. Je tremble comme une feuille. Une fois levée, je dois m'appuyer au mur pour ne pas tomber car mes jambes ne me tiennent pas. Je relève doucement la tête.

Il se tient devant la fenêtre dos à moi. Ses mains sont croisées devant lui. Un silence s'installe, seulement perturbé par mon souffle rendu lourd par la peur. Il attend quelques instants supplémentaires avant de prendre la parole.

-J'imagine que je dois te féliciter, dit-il froidement, tu m'as bien eu. J'étais persuadé que tu avais compris la leçon. J'étais à des kilomètres de penser que tu me manipulais depuis tout ce temps pour planifier ton évasion.

Il se retourne pour me faire face. Son visage est complètement fermé et ses yeux d'un noir d'encre. L'homme amoureux que j'ai vu hier a complètement disparu, c'est l'ancien Damien que j'ai sous mes yeux, celui qui m'a battue et tirée dessus. L'aura qui se dégage de sa stature imposante et de son air sans pitié me terrifie. Je ne parviens même pas à le fixer.

-Je ferai venir un médecin demain matin. Il t'implantera un mouchard.

-Damien...je tente lamentablement.

-Tais-toi. Tu as voulu jouer avec moi, nous allons jouer. A partir de maintenant, tu n'auras plus aucun avantage. Tu seras localisée en permanence. Tu ne sortiras plus, que ce soit à l'extérieur ou dans la maison. Tu resteras enfermée ici.

Je baisse la tête. Les larmes se remettent à couler silencieusement sur mes joues.

-Mets-toi en sous-vêtements.

-Qu...quoi ? je sanglote.

-Tu ne pensais quand même pas que ta sanction se résumerait à ça ? Dépêche-toi, poursuit-il face à mon immobilité, tu ne veux pas m'énerver maintenant.

Il a raison, c'est la dernière chose dont j'ai envie. Alors je m'exécute le moins rapidement possible. Ses yeux restent fixés sur mon visage tandis que j'enlève mes chaussures puis mon jogging. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour défaire le fermeture éclair de ma veste. Je me retrouve simplement vêtue de mon t-shirt qui me tombe sur les cuisses. Je lève les yeux vers Damien en le suppliant en silence de me demander de m'arrêter là. Mais il n'en fait rien. Il me fixe patiemment de son air implacable. Je passe le bout de tissu par-dessus ma tête en ravalant un sanglot puis ramène mes bras autour de ma poitrine.

-Va t'allonger sur ton lit.

J'ai peur. Il va me faire mal, je le sais. Je ne devrais pas, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à toutes les tortures qu'ils pourraient me faire alors que j'avance dans la chambre plongée dans l'obscurité. Je pousse l'interrupteur d'une main fébrile. La lumière éclaire le lit sur lequel sont posés quatre objets similaires à mi-chemin entre la ceinture et la menotte ainsi qu'un bandeau noir.

Cette vision me fait paniquer. Je recule d'un pas mais je me heurte à la poitrine de Damien qui s'est avancé derrière moi. Il me jette sans ménagement sur le lit puis me tourne sur le dos et s'installe à califourchon sur moi si bien que je ne peux plus m'en aller. J'essaye de me redresser mais il me plaque sans pitié sur le matelas. Il attrape deux de ces curieuses ceintures et m'attache une main à une extrémité du lit et l'autre à l'opposé. Il se relève ensuite et vient saisir mes chevilles. Je tente de dégager mes jambes mais c'est sans succès, elles connaissent le même sort que mes mains. Je me retrouve attachée en X sur mon lit, complètement immobilisée. Comme si cela ne suffisait pas, il attache le bandeau noir autour de mes yeux.