Partie 12

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Point de vue de Damien

    Lui tirer dessus me paraissait suffisant pour qu'elle devienne docile. Je me suis trompé. Cet incident qui a eu lieu il y a déjà plus d'une dizaine de jours n'a fait que renforcer sa fougue. Cela a commencé lorsqu'elle a refusé que je nettoie sa blessure. Elle s'est débattue si fort qu'il a fallu que je capitule et laisse Chloé s'en charger, ce qui m'énerve au plus haut point. Il s'agit de ma première défaite, et je déteste ça.

    Mais ce n'est pas tout. Jusque-là, je pouvais approcher Maëva, l'embrasser même si mes caresses n'étaient pas réciproques. Sa peur de moi faisait tomber toutes les barrières, mais quelque chose a changé. Elle ne me craint plus. Désormais, la seule façon pour moi d'être près d'elle est d'avoir recours à la force physique.

Ma patience à son égard a décru progressivement. Plus les jours ont passé, plus mes visites devenaient désagréables face à son insolence, et plus je peinais à contrôler ma colère. Et puis, il y a quelques jours, elle a osé me frapper. J'ai à peine senti sa petite main s'abattre sur ma joue, mais ce geste a eu pour effet de faire ressortir toute la rage que je contenais. Je l'ai laissée à demi consciente ce jour-là. Depuis, elle mène la grève du silence – mais je sens qu'intérieurement, elle bout.

Point de vue de Maëva

    Mon dégoût envers lui grandissait à chacune de ses visites. Je ne pouvais pas le laisser m'embrasser une fois de plus contre ma volonté. La claque est partie sans même que je le veuille. Je ne m'attendais pas au déluge de coups de pied et de poing qui a suivi. J'ai retenu la leçon : malgré toute la haine que je porte à mon ravisseur, il faut que je reste sage si je veux survivre. Alors c'est ce que j'ai fait. Je me suis transformée en simple pantin.

    Je savais néanmoins que je ne pourrais pas supporter cette situation éternellement. La présence de Damien m'insupportait de plus en plus, et c'était sans parler du moindre contact avec lui...Je sais que j'aurais dû prendre plus sur moi. Mais je n'ai pas pu.

***
Point de vue de Damien

    J'entre dans ses appartements. Après la dure journée de travail que j'ai eue, sa douceur est la seule chose que je veux. Elle est en train de lire sur le canapé.

-Coucou mon ange, je lance en m'approchant d'elle.

    Comme d'habitude, elle m'ignore. Je m'approche avec un soupir en essayant de faire abstraction de l'énervement qui monte en moi. Je m'assois à côté d'elle et lui retire son livre des mains. Elle tente de se relever mais je lui bloque le passage.

-Tu ne me dis pas bonjour ?

    Elle essaye encore une fois de s'en aller mais je m'allonge sur elle et l'immobilise sous mon poids. Elle tente de se débattre mais je ramène ses poignets dans une de mes mains si bien qu'elle ne peut plus bouger. J'immobilise son visage de l'autre et passe mon pouce sur sa pommette. Celle-ci était bien gonflée suite aux coups que je lui ai mis, mais les soins de Chloé ont fait des miracles. La peau n'est plus que légèrement rougie. Satisfait, j'approche mon visage du sien.

-Ne m'embrasse pas crache-t-elle en se détournant.

    Je fais un claquement de langue pour exprimer mon mécontentement et saisit son menton. Je pose mes lèvre sur les siennes et les presse de plus en plus. Je mords sa lèvre inférieure pour avoir accès à sa langue puis enroule celle-ci autour de la mienne. C'est un baiser brutal, sans douceur, qui a seulement pour but de lui montrer qui est le chef. Et il se déroule plutôt bien, jusqu'à ce que je sente une douleur aiguë me traverser la lèvre. Elle m'a mordue. La colère que je contenais explose dans chaque partie de mon corps. Je me recule brusquement en sentant le goût de sang dans ma bouche et lui assène une gifle monumentale, puis une deuxième. Je me mets debout et la jette au sol. Elle essaye de se relever mais je l'en empêche en la rouant de coups de pied. Je suis hors de moi.

-Je commence à en avoir plus qu'assez de ton attitude ! je hurle.

    Je continue à la frapper jusqu'à ce qu'elle n'ait plus la force de bouger. Je reprends ma respiration et m'agenouille à ses côtés. Elle s'est roulée en boule pour essayer de se protéger comme elle le pouvait sans grand succès. Je l'attrape par les cheveux pour approcher sa tête de moi et lui dit à l'oreille :

-Tu sais quoi ma belle ? Si ce que je te dis ne te marque pas, si les coups ne te font aucun effet, c'est qu'il est temps de passer à la phase supérieure.

    Je me relève en la tenant toujours fermement avant de me diriger vers la salle de bains. Elle fait appel à ses dernières ressources pour hurler et se débattre, mais je suis insensible à ses plaintes. La colère m'aveugle, je n'ai qu'une idée dans le crâne : la briser, qu'elle n'ait plus jamais l'audace de me résister. Je lui maintiens toujours la tête en bouchant le lavabo et en ouvrant le robinet. Elle comprend rapidement ce que je veux faire et se débat de plus belle mais je ne la laisse pas filer. Lorsque le lavabo est rempli, j'éteins le robinet et rapproche son visage apeuré du mien.

-Plus jamais tu ne t'opposeras à moi.

    Sa bouche s'ouvre dans un élan de protestation mais je ne lui laisse pas le temps de répondre. Je place ses poignets dans son dos et enfonce sa tête dans l'eau. Elle lutte à la recherche d'air mais ses efforts sont inutiles. Je la maintiens ainsi jusqu'à ce que ses mouvements perdent de leur vigueur, puis je la sors de l'eau. Je ne veux pas qu'elle s'évanouisse, ce serait trop facile. Elle tousse et crache. Je ne lui laisse pas le temps de reprendre sa respiration et la replonge dans le lavabo. Je répète la même opération que quelques secondes plus tôt. Une fois à l'air libre, elle me lance un regard suppliant.

-S'il-te-p...

    Elle ne finit pas sa phrase. Je recommence encore et encore à la noyer puis à la sauver. Ces supplications deviennent de plus en plus fréquentes mais je n'y prête pas attention. Elle perd finalement de ses forces et finit même par arrêter de se débattre. De mon côté, je continue à la torturer jusqu'à ce que ma colère soit totalement évanouie. Lorsque j'estime qu'elle a compris la leçon, je la sors une dernière fois et la lâche. Elle s'effondre, mais je ne suis déjà plus là pour la rattraper.

***

    Je ne reviens que quelques heures plus tard après m'être complètement calmé. Ma belle prisonnière est assise sur le canapé, le bol de soupe que j'ai demandé à Chloé de lui apporter entre les mains. Elle est dos à moi, la tête baissée. Je m'approche d'elle.

-Maëva ? je l'interpelle doucement.

    Elle ne me répond pas. Je m'approche. Elle a l'air perdu et les yeux complètement dans le vide. Je m'agenouille à ses côtés.

-Ma belle ?

    Elle me regarde sans me voir. Je lui enlève le bol encore plein des mains.

-Viens mon ange, tu dois te reposer.

    Je me relève et l'entraine le plus délicatement possible dans mon mouvement. Elle se laisse faire. Je la conduis jusqu' à son lit et soulève la couette pour qu'elle s'y glisse. Une fois qu'elle est allongée, je la borde et l'embrasse sur le front. Je m'apprête à repartir, mais je me ravise. Je contourne son lit et viens m'allonger à côté d'elle. Je la prends dans mes bras. Je la sens se tendre légèrement, aussi bien à cause de la douleur que de mon contact, mais elle ne se dégage pas de mon emprise.

    Un sentiment de victoire m'envahit. Ca y est, elle a compris.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant