Partie 13

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Quelques semaines plus tard

Point de vue de Maëva

    Depuis que Damien m'a à moitié noyé, j'ai cessé toute résistance. Je sais, je suis lâche... Mais à quoi bon ? Il a tous les pouvoirs sur moi et je ne peux pas m'en aller. Il a raison. Le plus simple pour moi serait de développer un syndrome de Stockholm ou tout du moins de me résigner à ma situation pour la rendre la meilleure possible. Et c'est ce que j'essaye de faire, sincèrement. A défaut de pouvoir vivre, je ne veux plus souffrir...

    Paradoxalement, ma situation s'est peu à peu améliorée. Les ecchymoses sur mon corps ont progressivement disparu et depuis cet incident il ne m'a plus frappée. Ma jambe est désormais guérie et je ne boîte quasiment plus.
Je n'ai plus refusé aucun de ses baisers. Sans prendre d'initiative, je me suis simplement mise à y répondre progressivement. N'y voyez pas un signe d'affection pour mon ravisseur, cela rendait simplement les choses moins douloureuses pour moi. Le plaisir que j'en retire est alors peu à peu passé d'inexistant à légèrement perceptible.

Par ailleurs, j'ai bien compris que la seule manière de garder l'humeur de Damien au beau fixe -et par conséquent de me protéger- était de ne pas l'ignorer, alors c'est ce que j'ai fait. Je commencé par répondre à ses questions, puis de plus en plus à lui en poser aussi, jusqu'à ce qu'un dialogue s'instaure entre nous. Si je fais abstraction de notre rapport captive/kidnappeur, cela pourrait même être agréable. Damien est un homme très séduisant et – à ma grande surprise – très attentionné lorsque je ne l'énerve pas.

Son attitude à mon égard a totalement changé. C'est simple, j'ai l'impression qu'il n'est plus le même homme. Son sens des réalités à dormir debout et ses excès de violence et de colère ont été masqués par un sourire tendre et une attitude bienveillante. Il est beaucoup plus doux et me laisse plus de libertés. Même si je reste constamment sous sa surveillance ou celle d'un de ses hommes nommé Jonathan, je peux de plus en plus souvent circuler dans la maison. Cela peut paraitre insignifiant, mais c'est un progrès considérable pour moi. Nous passons de plus en plus de temps ensemble, et je peux voir que sa confiance à mon égard grandit. De l'extérieur, nous devons ressembler à un couple normal, sauf que contrairement à lui qui sort régulièrement pour son travail je suis consignée à l'intérieur de la propriété.

N'allez pas croire pour autant que je suis heureuse. J'attends une opportunité, n'importe laquelle, pour m'en aller, mais celle-ci ne semble jamais devoir arriver. Sous mes sourires de façade, la lueur d'espoir qui m'habitait s'éteint et je meurs peu à peu...

    Si cette proximité s'est établie assez progressivement pour me paraître normale maintenant, j'ai eu plus de mal à m'habituer à dormir avec lui. Je ne m'y suis jamais opposée – je suis bien consciente de ce que j'aurais risqué – mais cela me terrorise toujours autant. Il m'embrasse, me caresse, qu'est-ce qui l'empêcherait d'aller plus loin ? Pour je ne sais quelle raison obscure, il ne l'a pas encore fait, mais il en meurt d'envie. Comment je le sais ? Très simple, il me l'a dit.

***

    Nous avons inauguré la piscine il y a quelque jours de ça. Damien m'a fourni serviette et maillot on ne peut plus sexy – mais ai-je besoin de le préciser ? Je l'ai rejoint au bord de l'eau emmitouflée dans le tissu, la boule au ventre. Lui m'attendait déjà, également en maillot, le soleil se reflétant sur son corps parfaitement dessiné et ses dents blanches. Il s'est approché de moi et m'a embrassé. Il a ensuite tiré légèrement sur la serviette pour que je la lâche, ce que j'ai fait à contre-cœur en me forçant à sourire. Il a dû sentir ma gêne car il m'a prise dans ses bras et m'a murmuré à l'oreille :

-Tu n'as pas à avoir honte de ton corps, mon ange. Tu es sublime...

    Il m'a ensuite pris la main et m'a entrainé au bord de la piscine. Je l'ai suivi dans l'eau jusqu'à ne plus avoir pied. Il a profité du fait de toucher encore le bord pour me prendre dans ses bras. J'ai passé mes mains autour de son cou et mes jambes de part et d'autre de son torse, plus pour ne pas tomber que par envie.

Ses yeux brillaient. Il m'a regardé longuement, en s'attardant sur chaque partie de mon visage. Puis il m'a embrassé avec avidité. Alors que sa langue tournait autour de la mienne, ses mains se promenaient sur mon dos, mes cheveux, chatouillaient mes cuisses. Il s'est détaché de moi aussi vite qu'il s'était approché. Son front s'est posé sur le mien et il a fermé les yeux. Il m'a paru être en plein conflit intérieur. Après quelques secondes, il a relevé la tête et a replacé une mèche de cheveux derrière mon oreille.

-Si tu savais à quel point j'ai envie de toi, a-t-il chuchoté.

    Mon cœur s'est immédiatement emballé. Ma respiration s'est accélérée, et même si je savais que c'était inutile, j'ai voulu me dégager de ses bras.

-Je...Je..., ai-je bafouillé, je ne suis pas prête...

    Ses bras musclés se sont resserrés autour de moi.

-Eh ! eh...Détends-toi, ma belle, m'a-t-il répondu. Je sais bien que n'es pas encore prête, ne t'inquiète pas. Seulement, tu es tellement attirante, je ne sais pas combien de temps encore je pourrai attendre...

    Cet échange m'a terrorisé. Coucher avec lui semble être une évidence pour mon ravisseur, mais je n'en ai absolument pas l'intention. Et je ne sais pas combien de temps je pourrai bénéficier de sa prétendue patience...Alors voilà ce que je fais. J'essaye de maintenir le maximum de distance entre lui et moi sans qu'il le prenne comme un affront. Difficile, je vous l'accorde. Surtout lorsque celui que vous essayez d'éviter vit et dort avec vous. Mais j'ai au moins le mérite de faire le maximum.

    Il y a quelques semaines, j'étais persuadée que je finirais pas m'en aller, mais face à l'attitude de Damien, je doute. A l'exception du fait que je ne peux pas sortir ni lui désobéir, il me traite avec la même attention et le même respect que n'importe quel homme traite sa copine. Cela devrait me rassurer, mais c'est tout le contraire. Car voilà le problème : je ne suis pas un simple passe-temps pour lui, il me considère comme la femme de sa vie.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant