Partie 28

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Point de vue de Maëva

Alex et moi devenons deux statues de pierre. Je sens la panique monter en réalisant tout ce que nous venons de faire implique, pour moi dans un futur proche mais surtout pour Alex dans un futur immédiat. Chloé nous fixe toujours. Elle n'a pas avancé d'un pas mais le pistolet, qu'elle tient des deux mains, est toujours pointé sur nous.

Je sens Alex remuer les jambes sous moi, ce qui me tire de ma torpeur. Je me lève lentement pour le laisser se redresser. Ces quelques mouvements font sursauter Chloé qui s'avance précipitamment de quelques pas en resserrant sa prise sur l'arme. Je m'aperçois qu'elle tremble.

-Chloé...

-Ecartez-vous, Mademoiselle, dit-elle d'une voix qui se veut ferme mais qui révèle son manque d'assurance flagrant.

           Au contraire je me place devant Alex. Je sais qu'elle ne tirera pas sur moi mais elle n'aura pas autant de scrupules pour lui.

-Chloé, tu n'es pas obligée de faire ça.

-Oh que si, les consignes sont claires. Tuer le garçon et appeler Monsieur si les choses tournent mal, grogne-t-elle comme pour elle-même.

Je ravale les larmes qui me montent aux yeux. J'entends Alex remuer derrière moi et je lui fais un signe discret de la main pour qu'il cesse. Je dois le sortir de ce pétrin mais son intervention serait néfaste.

-Tu n'as pas besoin de faire ça. Je t'en supplie Chloé, laisse-le partir. Je suis entièrement responsable de ce qui s'est passé. Tu appelleras Damien et tu lui raconteras tout, je prendrai l'entière responsabilité. Ne le tue pas...Et puis tu sais pertinemment que s'il part il sera rattrapé. Mais toi tu n'es pas une tueuse. N'en deviens pas une par ma faute je t'en prie...

Son regard quitte enfin Alex pour se plonger dans le mien. Elle est terrorisée.

-Tu n'es pas une tueuse...je répète.

Un silence s'installe. Je la vois hésiter, et je pourrais presque voir les rouages de son cerveau tourner. Finalement, après un moment qui me semble durer une éternité, elle abaisse lentement son arme. Je sens la pression dans ma poitrine se relâcher légèrement.

-Merci...je souffle.

Puis je me retourne vers Alex qui s'est levé derrière moi. Son visage est fermé.

-Pars, je lui chuchote. Pars ou il te tuera. Ne les laisse pas te rattraper. Je suis désolée, toi non plus tu ne mérites pas ça. Et merci pour tout ce que tu as fait.

-Je reviendrai te chercher, murmure-t-il en réponse.

Et avant que j'aie pu émettre la moindre protestation, il s'en va d'un pas décidé. Je me retourne vers Chloé, qui me regarde d'un air soucieux.

-Tu n'as pas besoin d'avoir peur, je t'ai dit que je prendrai l'entière responsabilité de ce qui s'est passé.

-Oh, mais ce n'est pas pour moi que j'ai peur, Mademoiselle, dit-elle doucement.

Et sur ces paroles, elle s'en va.

           Je reste seule, debout au milieu du salon. Les larmes que j'ai retenues se mettent à couler sur mes joues, de plus en plus vite, et je suis bientôt secouée de sanglots incontrôlables alors que je réalise l'énormité des erreurs que j'ai faites ces derniers jours.

J'ai condamné Alex à mort. Je sais que jamais il n'arrivera à échapper aux hommes de mon ravisseur. Celui-ci le traquera toute sa vie s'il en a décidé ainsi. Et il ne fera preuve d'aucune pitié lorsqu'il le trouvera...

J'ai gâché toutes mes chances de sortir d'ici, et tout ça pour quoi ? Un peu de tendresse ? Chloé ne me fera plus confiance, et je ne verrai plus Alex. Il était mon seul réconfort. Je n'ai même pas pu lui faire d'adieux décents. La solitude m'étreint le cœur. Il vient à peine de partir mais son rire, son sourire, sa voix me manquent déjà.

Et il y a la lettre. « J'espère que tu n'as pas profité de mon absence pour faire des bêtises, autrement tu me la paieras chèrement ». Je sais que je ne vais pas m'en tirer indemne. Mais à quel point vais-je être sanctionnée ? Qu'est-ce qui serait assez terrible pour amener Chloé à affirmer qu'elle a peur pour moi ?

Je me roule en boule dans le canapé tandis que ces pensées tournent en boucle dans ma tête. Je suis incapable de penser à autre chose qu'à la culpabilité, la tristesse et la peur qui me rongent de l'intérieur.

                                       ***

         La lumière décline lentement par la fenêtre au fur et à mesure que les heures passent. J'ai fini par épuiser mon stock de larmes mais je suis restée allongée. Les pensées noires continuent de tourner dans ma tête et j'ai l'impression qu'elles pèsent si lourd sur mes épaules que je ne pourrai jamais me redresser. Chloé ne vient pas m'apporter le dîner. Personne ne vient.

               La nuit finit par tomber complètement, et je décide d'aller me coucher pour faire taire les voix dans ma tête. Je dois faire appel à toute ma volonté pour me lever, enfiler une chemise de nuit et me rendre jusqu'au lit pour me glisser sous la couette. Mais je suis incapable de trouver le sommeil. Je me tourne et me retourne en vain. Chaque fois que je me mets à somnoler, il me semble entendre Damien entrer dans la chambre, dans une colère noire, prêt à me faire subir les pires horreurs...Après plusieurs heures néanmoins, la fatigue finit par l'emporter sur mes tourments et je plonge enfin dans un sommeil libérateur...

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Hi !
On va donc rester sur un chapitre par semaine pour le moment.
Bonne lecture !

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant