Partie 17

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Point de vue de Maëva

J'émerge lentement du sommeil. Le soleil entre à flot dans la chambre. Je me remémore la soirée d'hier. J'ai passé mon temps à lutter contre la volonté de m'enfuir. Cela n'a pas été simple, mais je suis fière d'avoir résisté aux nombreuses opportunités qui s'offraient à moi : sauter de la voiture, m'échapper dans la foule au théâtre, glisser un mot au serveur...Cependant je sais que cela aurait été inutile. Au moins ai-je maintenant la confiance de Damien -en plus de ses sentiments.

Sa déclaration m'a profondément surprise. Je savais qu'il s'était attaché à moi, mais certainement pas à ce point. Je me suis retrouvée face à lui, perdue, sans savoir quoi lui dire. Heureusement, il n'attendait pas de réponse de ma part et s'est contenté de m'embrasser. Nous sommes ensuite sorti du restaurant et avons rejoint la voiture avant de rentrer. Je me suis écroulée de fatigue sur le chemin, et Damien m'a porté jusqu'à mon lit. J'ai utilisé mes dernières forces pour retirer mes escarpins et ma robe et me suis couchée en sous-vêtements, sans même me démaquiller.

A en croire le bras qui m'entoure à mon réveil, mon ravisseur a adopté le même comportement avant de s'endormir à mes côtés. Je me retourne vers lui. Ses paupières sont encore closes. Il est rare que je sois éveillée la première, j'en profite donc pour l'observer. C'est réellement un bel homme, je suis tout à fait quelconque en comparaison. Il pourrait avoir toutes les filles qu'il veut, je me demande bien ce qu'il me trouve...Néanmoins je ne suis pas dupe. Je sais que derrière ce masque de beauté se cache un monstre sans cœur. Et je ferai absolument tout ce qui est en mon pouvoir pour lui échapper.

Il commence à se réveiller. Je me recompose rapidement un air doux pour chasser l'expression de dégoût qui s'était installée sur mon visage. Il ouvre les yeux et me dévisage.

-Tu as bien dormi ?

Je hoche la tête.

-Viens là.

Il étend ses bras pour m'accueillir et je viens poser ma tête sur son torse. Il me câline quelques instants. Il m'embrasse ensuite, d'abord doucement puis avec plus d'insistance. Ses mains caressent mon corps par-dessus mes sous-vêtements. Il se presse de plus en plus contre moi, si bien que je finis par effleurer sans le vouloir son entre-jambe. Il ne porte qu'un caleçon, et je sens facilement l'effet que je lui fais. Je me recule immédiatement, gênée. Il soupire.

-Tu devrais aller te changer avant que je ne fasse une bêtise.

Je me lève sans demander mon reste et me dirige vers la salle de bains. Avant de fermer la porte, j'ai l'impression de devoir dire quelque chose, alors je me retourne vers lui et murmure :

-Je suis désolée.

-Ce n'est pas grave, répond-il avec un sourire qui me semble forcé. Ça viendra.

Je referme la porte soigneusement avant de me déshabiller et de prendre ma douche. Lorsque je ressors quelques minutes plus tard, Damien est dans le salon en train de pianoter sur son téléphone. Il s'est habillé et un brunch est posé devant lui. Il m'invite à le rejoindre et nous mangeons ensemble.

-Je vais devoir retourner travailler, ma belle, m'annonce-t-il à la fin du repas. Je te retrouve ce soir.

J'acquiesce et me lève pour l'embrasser avant qu'il ne me laisse. Le reste de la journée passe lentement. Je m'ennuie terriblement. Chloé vient chercher les restes du déjeuner mais je ne suis pas assez proche d'elle pour que nous nous fassions la conversation. Je ne lui fais pas confiance. Elle a beau être toujours souriante et de bonne humeur, elle est dévouée corps et âme à Damien, si bien que je me contente d'être aimable avec elle.

Je pensais que mon geôlier me rejoindrait pour dîner, mais je passe la soirée seule. Je décide d'aller me coucher tôt mais la grasse matinée que j'ai faite m'empêche de trouver le sommeil. Je me retourne encore et encore sous la couette, rien n'y fait. Il est tard lorsque Damien arrive. Je l'entends se doucher avant qu'il me rejoigne au chaud. Je me retourne vers lui et l'accueille d'un sourire.

-Tu ne dors pas encore, toi ? me demande-t-il à mi-voix en caressant ma joue.

Je hoche la tête de gauche à droite.
Plusieurs secondes s'écoulent durant lesquelles je réfléchis à comment formuler la demande que j'ai en tête. Il remarque mon air préoccupé et me demande :

-A quoi penses-tu, ma belle ?

-Je me demandais si je pouvais retourner faire du sport demain, je réponds d'une voix hésitante.

Il pousse un long soupir.

-Je travaille demain, trésor.

-Je sais...Mais je me disais que je pourrais y aller avec Jonathan.

Il fronce les sourcils. Je poursuis rapidement avant qu'il ne m'interrompe.

-C'est juste que je m'ennuie ici, ça me ferait beaucoup de bien de sortir. Et puis avec Jonathan, je suis entre de bonnes mains. Je sais que je t'en demande beaucoup, mais je te promets de ne pas essayer de m'en aller, et si quoi que ce soit se passe mal j'accepte de rester enfermée ici. S'il-te-plait...

Je lui adresse mon plus beau regard suppliant. Il me dévisage quelques secondes en réfléchissant.

-Je dirai à Jonathan de passer à 10h, finit-il par lâcher.

Un sourire éclaire mon visage. Je m'approche pour l'enlacer.

-Merci, je chuchote.

Je m'endors enfin, lovée contre lui.

                                      ***

Cela fait plusieurs jours maintenant que j'ai obtenu ce droit de sortie. Mes journées se suivent et se ressemblent : je passe la matinée à faire du sport, l'après-midi dans mes appartements et la soirée avec Damien. Je parle peu avec Jonathan. En réalité, il se contente de me surveiller et ne se joint à moi que lorsque j'ai besoin d'un partenaire.

Au cours de ces quelques heures quotidiennes au complexe, j'ai eu l'occasion d'analyser le fonctionnement de ce lieu -et surtout comment en sortir. L'accès à la liberté est semé d'obstacles : le gymnase s'ouvre au moyen d'une clé, clé que Jonathan range soigneusement dans les vestiaires qui sont eux-mêmes fermés par un digicode. Ce n'est pas tout : l'accès au local de rangement est permis non pas comme je l'avais d'abord pensé par un code mais grâce à une carte. Dans ces deux pièces, le code et la carte sont nécessaire pour entrer mais aussi pour sortir, sous peine de rester enfermé.

Tout cela me semblait extrêmement décourageant, mais il y a quelque jours mon gardien a baissé sa garde et j'ai réussi à apercevoir le code menant aux vestiaires. J'ai également découvert par pur hasard qu'il n'y a pas de réseau dans le local de rangement. Autrement dit, Jonathan ne peut pas contacter Damien depuis ce lieu. Tout cela m'a redonné espoir, et un plan s'est lentement formé dans mon esprit.

L'attente a été insupportable, même si je sais qu'elle était nécessaire. Je n'ai voulu prendre aucun risque, toutes les conditions devaient être réunies pour permettre mon évasion. Je savais que je n'aurais qu'une seule chance, je ne pouvais pas me permettre de la gâcher.

Et voilà. Aujourd'hui, les astres sont enfin alignés. Aujourd'hui, je quitte cet enfer.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant