Partie 31

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Point de vue de Maëva

           A mon grand malheur, je finis par reprendre conscience. Damien est parti, me laissant seule dans les ténèbres.

              J'ai tellement mal. Mal au dos bien sûr, mais aussi aux bras car mes jambes refusent de me porter. J'essaye de me redresser, mais le moindre geste est un supplice, j'abandonne donc rapidement. Je ne sais pas si c'est le jour ou la nuit, ni combien de temps j'ai été inconsciente.

           J'entends la porte s'ouvrir et il allume la lumière avant de descendre les marches. Je suis ses moindres mouvements avec angoisse. Arrivé près de moi, il soulève mon menton, mais je le vois flou à cause de la douleur.

-Dis-moi Maëva, tu ne regrettes rien de ce qui s'est passé ces derniers jours ?

-A part de ne pas avoir eu le temps de coucher avec Alex avant que Chloé n'arrive ? Non, je réponds dans un souffle en le défiant du regard.

Je ne sais même pas d'où je puise mon insolence. A croire que mon instinct de survie m'a complètement abandonné, ce qui n'est pas si loin de la vérité. La seule chose qui m'intéresse pour le moment est de lui faire mal, et la provocation est la seule arme que j'ai à ma disposition. Arme qui semble efficace d'ailleurs si j'en crois son visage déformé par la rage. Il ne répond pas et me contourne. Ses doigts effleurent mon dos, ce qui suffit à me faire gémir de douleur.

-Tu m'impressionnes tu sais. Toute fragile, toute vulnérable, et pourtant tu ne reconnais pas ta défaite... Ca me donne encore plus envie de te voir abandonner...

Je n'ai pas le temps de répliquer, le premier coup s'abat sur mon dos, rouvrant les blessures de la veille. Je hurle. Au fur et à mesure que les secondes passent, la douleur devient de plus en plus importante et le peu de motivation qu'il me restait m'abandonne. La souffrance m'aveugle, je ferais n'importe quoi pour qu'elle s'arrête. J'ai l'impression de devenir folle...je lui dirais n'importe quoi, tout ce qu'il voudrait entendre, mais je n'arrive plus à parler...Je sombre dans l'inconscience.

                                      ***

Je reviens à moi beaucoup trop rapidement. Pendant un millième de seconde, je m'imagine de retour chez moi, avec Lucas, mais la douleur lancinante dans tout mon corps me ramène à la triste réalité. Damien est nonchalamment appuyé sur une des malles en face de moi. Il se rapproche de moi lorsqu'il voit que j'ai repris connaissance.

-Je pensais que tu resterais dans les vapes plus longtemps mais tu es coriace. Tant mieux, nous allons pouvoir continuer.

Je me mets à trembler et à claquer des dents. Je n'en peux plus, mon corps ne tiendra jamais. J'essaye vainement de m'éloigner de lui alors qu'il s'approche lentement, amusé par mes efforts inutiles. Il me caresse la joue.

-Tu n'as rien à me dire mon ange ?

-S'il-te-plait Damien...je bafouille avec des sanglots dans la voix.

-Mauvaise réponse.

Il me contourne et je commence à paniquer. Tout, tout sauf ça. Je fouille frénétiquement dans ma mémoire pour trouver les mots qui l'apaiseront.

-Attend ! je m'écrie dans un dernier effort juste avant que son bras ne s'abatte.

-Oui, mon cœur ? il me souffle dans l'oreille.

-Tu as gagné, je chuchote alors que le désespoir s'abat sur moi. Je suis à toi.

Il revient en face de moi. Un rictus victorieux barre son visage. Il attrape mon menton et plonge son regard dans le mien.

-Juste pour être certain que tu aies bien compris, combien de temps resteras-tu ici ?

Les larmes dévalent mes joues. Mon esprit me souffle que ce ne sont que des mots, qu'ils ne signifient rien mais je sais qu'il a brisé quelque chose au fond de moi. J'entends à peine ma voix lorsque je lui réponds.

-Pour toujours...

Il détache enfin mes poignets et je m'effondre. Je sens que je suis transportée mais je suis trop faible pour ouvrir les yeux. Je crois qu'on m'a déposé sur mon lit.  Puis j'entends une voix féminine me parler. Je ne comprends pas ce qu'elle me dit. Un liquide froid est versé sur mon dos et la souffrance s'accentue encore si cela est possible. Des mains s'affairent derrière moi. Des minutes ou des heures plus tard, je sens qu'on soulève mon bras et qu'on y plante quelque chose. La voix me parle de nouveau sans que je puisse saisir le sens de ses paroles, et les ténèbres m'envahissent.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant