Partie 30

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Point de vue de Maëva

           Il lâche mon visage et me contourne, si bien que je ne le vois plus. J'en profite pour regarder autour de moi. La salle est de taille moyenne, sans fenêtre. Les murs, le plancher et le plafond sont noirs. Je regarde mes mains. Effectivement, elles sont maintenues par une sorte de chaîne attachée au plafond. Il n'y a aucun meuble dans la pièce, à l'exception de malles imposantes en bois qui contiennent Dieu sait quoi.

Je sens son souffle sur ma nuque et ses doigts effleurer mon dos. Avant que j'aie le temps de réagir, il attrape le tissu de ma chemise de nuit et la déchire sur toute sa longueur jusqu'à mes reins. Mes yeux se remplissent de larmes, de rage cette fois-ci. J'en ai plus qu'assez. Je n'ai rien fait pour mériter tout ça. Je ne demandais rien que vivre la vie d'une adolescente normale. Et tout se passait très bien, avant que ce connard débarque dans ma vie. Ce qui se passe n'a aucun sens. Je ne cesse de me faire sanctionner alors que tout ce que j'essaye de faire est retrouver ma liberté arrachée ! La colère monte lentement en moi et mes mains se crispent sur les chaînes. Ses doigts recommencent à caresser mon dos nu cette fois-ci. Je ferme les yeux et serre les dents pour ne pas réagir, je sais qu'il n'attend que ça.

Au bout de quelques instants, je le sens s'éloigner de moi. Je l'entends ouvrir une des malles et farfouiller dedans avant de revenir. Ce ne sont pas ses doigts que je sens désormais sur mon dos mais quelque chose de sec, rugueux. Du cuir ? Mon battement de cœur s'accélère. C'est maintenant que les choses sérieuses vont commencer. Je me force néanmoins à ravaler mes larmes. Je ne lui ferai pas le plaisir de me voir pleurer.

-Je t'ai laissé une chance. J'étais prêt à faire abstraction de toutes tes conneries. A oublier toutes les fois où tu m'as désobéi. Mais tu as encore une fois décidé de n'en faire qu'à ta tête.

Je ne réponds pas. A quoi s'attendait-il ? A ce que je lui tombe dans les bras après qu'il m'ait violé ?

-Rappelle-moi ce que contenait la lettre que je t'ai envoyée.

Je reste silencieuse. Une douleur horrible me traverse le dos, et je dois faire appel à toute ma volonté pour ne pas crier.

-DIS-MOI CE QUE CONTENAIT CETTE PUTAIN DE LETTRE !

Bien sûr il me terrorise, bien sûr je suis clairement en position de faiblesse, mais je refuse de courber l'échine devant lui. Je me redresse malgré la douleur, et lâche en essayant de restituer le dégoût qu'il m'inspire dans ma voix :

-Je ne sais pas, j'étais bien trop concentrée sur Alex pour lire ta lettre ou même penser à toi.

Pas très malin, je sais. Mais tellement satisfaisant. Un sourire fleurit sur mes lèvres alors que je perçois très clairement que j'ai réussi à le mettre hors de lui, sourire qui disparait toutefois presqu'immédiatement alors que les coups se mettent à pleuvoir. Au début, je parviens à rester silencieuse, à serrer les dents, à rester debout. Puis la douleur prend de plus en plus de place et finit par me recouvrir entièrement. Ma nuque, mes épaules, la totalité de mon dos jusqu'à ma taille, rien n'est épargné, il me semble que du sang coule de chaque centimètre carré de ma peau. Je sens le cuir couper ma peau, puis frapper de nouveau sur les plaies déjà ouvertes, ce qui , malgré toute ma volonté, finit par me faire hurler de douleur. Mais pas une fois je ne le supplie d'arrêter.

Lorsqu'il a fini de passer ses nerfs sur moi, il me contourne et me force de nouveau à le regarder.

-Je crois que tu n'as pas très bien saisi la situation, alors laisse-moi te l'expliquer. Tu es à moi et moi seul, et ce jusqu'à la fin de ta vie. Personne d'autre que moi n'a le droit de te toucher. Personne ! Je tuerai toutes les personnes que tu approches sans mon autorisation, à commencer par ton cher Alex. Quant à toi, tu ne sortiras pas de cette pièce avant d'avoir fait rentrer tout cela dans ta jolie petite tête et de me l'affirmer, quand bien même je dois te briser complètement pour obtenir ton aveu. Tu m'as compris ?

Le moindre mouvement est une véritable souffrance, mais je me force à me redresser pour lui répondre en le regardant dans les yeux.

-Jamais je ne serai à toi. Tu es complètement malade. Tu ne peux pas enlever les gens comme bon te semble pour satisfaire tes petits caprices. Tu me dégoûtes. Pas étonnant que tu en sois réduit à kidnapper des filles pour avoir leur attention vu le monstre que tu es. J'espère que tu as de la patience, parce que je préfère mourir plutôt que te dire que je suis à toi.

C'est la première fois que je lui dit ce que j'ai réellement sur le cœur, et ça me fait un bien fou. Je conclus mon propos en lui crachant à la figure, ce qui ne lui plait pas du tout. La gifle qu'il me met manque de m'assommer, et le goût de sang envahit ma bouche. Il m'arrache à moitié le crâne en me tirant les cheveux pour que je le regarde. Ses yeux brillent de colère.

-Mourir ? Pourquoi parles-tu de mourir mon ange ? Je ne vais pas te tuer, ce serait beaucoup trop simple, tu ne trouves pas ? Non, crois-moi, tu es destinée à avoir une vie très longue. Je te donne une dernière chance : à qui appartiens-tu ?

Je ne réponds rien, je n'en ai plus la force. Il me lâche enfin, et repasse derrière moi. Heureusement, la douleur est si grande que je ne supporte que quelques coups avant de m'évanouir.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant