Partie 46

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Point de vue de Maëva

Je suis sortie de l'hôpital quelques jours plus tard, après avoir passé une série interminable de tests et récupéré une liste longue comme le bras de recommandations et prescriptions.

A partir de là, je n'ai plus eu aucun moment de répit pendant plusieurs jours. Accompagnée de Lucas et d'Alex, je me suis rendue au commissariat où se trouvait l'officier qui a organisé mon opération sauvetage. C'était un homme grand, grisonnant avec des rides au coin des yeux et l'air jovial. Il a accueilli ceux qui m'accompagnaient d'une accolade paternelle avant de se tourner vers moi. Un sourire triste a éclairé son visage. « Bon retour parmi nous », m'a-t-il dit affectueusement. Il a placé sa main dans mon dos sans me toucher pour me montrer la direction de son bureau. Lucas a tenté de nous suivre, mais en voyant le regard de détresse que je lui ai lancé, l'officier a compris que je ne souhaitais pas qu'il vienne, et il l'a gentiment raccompagné à la porte.

             C'était plus fort que moi. Malgré l'amour que je lui porte, je me sentais incapable de raconter ce que j'avais vécu devant lui.
Car c'est ce qui s'est passé. J'ai porté plainte, et j'ai tout avoué. Cela a pris du temps. Les mots restaient coincés dans ma gorge, bloqués par un mélange de peur et de honte qui les empêchaient de s'échapper, mais l'officier ne m'a laissé aucun répit. Il m'a questionnée sans relâche jusqu'à ce que toute la vérité soit exposée. Il a fini de noter d'un air grave puis a attendu patiemment que je me calme. Il m'a ensuite expliqué d'une voix douce que j'accusais en réalité Damien de séquestration, viol, torture et chantage entre autres motifs d'accusation. Que lui me croyait, tout comme l'avocat avec qui il me mettrait en relation. Que l'enjeu était maintenant de convaincre le juge, et que tout serait fait pour cela.

Les jours suivants ont été consacrés à des examens médicaux. Absolument chaque centimètre carré de ma peau a été examiné pour que soit répertoriée la moindre trace de violence que j'avais subie. On m'a également retiré la puce de géolocalisation que mon ravisseur m'avait faite implanter. Je ne pourrais pas décrire le soulagement que j'ai ressenti en voyant l'objet électronique être désactivé sous mes yeux et mis dans un sachet destiné aux pièces à conviction.

J'ai ensuite été contactée par mon avocat. Son air déterminé et la haine perceptible dans sa voix lorsqu'il parlait de Damien m'ont immédiatement mise en confiance. Les interrogatoires ont recommencé, cette fois sans que je puisse convaincre Lucas de ne pas y assister. J'ai dû raconter de nouveau mon histoire, en essayant de faire abstraction de ses mâchoires contractées et de la lueur meurtrière dans ses yeux. Puis une seconde fois. Et une troisième. Et encore une bonne dizaine d'autres. L'avocat ne me lâchait pas. Il me posait des question, revenait sur les points obscurs, me demandait des détails ou des explications lorsque je n'étais pas assez précise. Le seul point où nous avons été en désaccord a été celui concernant l'implication d'Alex dans cette affaire. La moindre évocation de son nom le conduirait lui aussi à être jugé et condamné sans aucun doute à perpétuité étant donné toutes les horreurs que Damien lui avait fait commettre. Et il en était hors de question. L'avocat a bien tenté de me faire changer d'avis, mais je n'ai pas cédé. Il a finalement abandonné en voyant que c'était peine perdue. S'ensuivirent des simulations de procès et d'interrogatoires, jusqu'à ce que je sois capable de répondre comme un robot sans me laisser déstabiliser. Tout devait être parfait. Ensuite, il ne restait plus qu'à attendre le jugement.

Paradoxalement, c'est cette période d'attente qui a été la plus difficile. Depuis ma sortie de l'hôpital, j'habitais avec Lucas qui louait un appartement dans le coin -payé grâce à un « travail légal ! » m'avait-il dit fièrement. Je l'avais jusqu'à présent peu fréquenté, emportée comme je l'avais été par les événements récents. Mais maintenant que les choses s'étaient calmées, j'y passais la majorité de mon temps. Et c'était dur.

Lucas et Alex avaient beau être toujours présents, j'étais suffisamment seule pour penser, ce qui m'empoisonnait. Le moindre geste me paraissait étrange, trop normal pour que je l'exécute. Pouvoir me servir dans le frigo pour manger ce que je voulais. Sortir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Dormir seule. Après deux mois de captivité, je devais réapprendre à vivre.

Mais ce qui était le plus douloureux était les marques invisibles que Damien m'avait laissé. Je n'arrivais plus à me regarder dans un miroir sans ressentir une honte brûlante, et me déshabiller était à chaque fois un supplice. Au moindre bruit suspect, je ne pouvais m'empêcher de sursauter. Je m'étais débarrassée de mon téléphone et avait supplié Lucas de débrancher la fibre et le fixe. Damien ne m'avait pas recontactée, mais je savais qu'il trouverait un moyen de le faire si l'envie lui prenait, peut-être par l'intermédiaire de Thomas. Celui-ci n'avait pas été retrouvé, ce qui me hantait. Ma plus grande crainte était qu'il vienne me chercher, raison pour laquelle je ne sortais pas et vérifiais constamment que la porte était fermée à double tour.

             La paranoïa me rongeait. Mon frère s'en est bien entendu très rapidement rendu compte. Il m'a pris rendez-vous avec un psychothérapeute. Il a fallu du temps pour que j'accepte de quitter la relative sécurité de l'appartement. Je déjà eu deux séances avec lui, mais je doute que cela soit très efficace. Malgré son écoute et sa bienveillance, je ne parviens pas à lui faire confiance. Et je garde toujours en tête qu'il pourrait être mis en danger s'il en savait trop. Non, je préfère tout garder pour moi. Même si cela implique de faire des cauchemars chaque fois que mes paupières se ferment et d'être torturée en permanence. C'est une autre forme de prison. Pire ou meilleure que celle que Damien m'a imposée ? Je n'en sais rien.

           La lettre de convocation à l'audience est arrivée. Et avec elle la boule au ventre qui me rendait malade, les crises d'angoisse à l'idée de revoir mon prétendu mari. La peur à l'état brut. L'instinct animal qui donne envie de prendre ses jambes à son cou pour protéger sa vie.

             Mais il a fallu rester, et regarder les jours passer sans pouvoir les retenir. Deux semaines...une...cinq jours...trois...un...

J'ai l'impression d'aller à l'échafaud.

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Bonjour tout le monde, j'espère que vous allez bien
Je sais qu'on en a tous marre de se l'entendre répéter alors je vais aller vite, prenez soin de vous et de vos proches et essayez vraiment vraiment au maximum de ne pas sortir !
Sinon pour ceux qui suivent des cours ou doivent bosser à domicile je vous souhaite bon courage à tous, je sais que c'est la galère haha mais ça va pas durer éternellement, il faut juste tenir bon ! :-)
Énormément de courage à tous, je vous embrasse <3

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant