Point de vue de Maëva
Damien ne m'a pas menti. Il est redevenu aussi tendre avec moi qu'il l'était avant que je n'essaye de m'en aller. Il m'a offert une bague de fiançailles absolument sublime, qui a dû lui coûter plusieurs dizaines de milliers d'euros. Il a également fourni un traitement à Alex. Ce dernier a été déplacé dans une chambre où il reçoit des soins médicaux et se rétablit lentement. Il sera libre dès que les contrats de mariage seront signés.
Quant à moi, je ne vois personne à l'exception de Chloé et Damien -et encore. Il me laisse tôt le matin et ne rentre que tard le soir à cause des préparatifs du mariage qui devrait avoir lieu dans quelques jours. Nous dormons de nouveau ensemble, mais à mon grand soulagement il n'a rien tenté. Il souhaite attendre la nuit de noces, « pour le symbole ». Je ne m'en plains pas. Je suis preneuse de la moindre seconde que je peux gagner.
Lorsque Damien est là, j'enfile mon plus beau masque d'hypocrite pour lui faire croire que tout va bien et que je suis heureuse du train que prennent les choses. Je sais qu'il est loin d'être dupe, mais au moins avec cette attitude je ne mets pas Alex en danger. En revanche, quand je suis seule, je passe mes journées à me morfondre alors que la date fatidique se rapproche inéluctablement. Je n'ai aucun échappatoire possible.
Une après-midi, je suis allée essayer ma robe de mariée. Accompagnés de Jonathan, nous nous sommes rendus en voiture dans un atelier à quelques dizaines de kilomètres. Damien a été plus que vigilant à ce je m'attache bien, à rester près de moi constamment, à ce que personne à l'exception de la styliste ne m'adresse la parole...
C'était une jolie femme blonde, très pulpeuse, la cinquantaine. Elle connaissait très bien mon ravisseur, à en croire la façon dont elle l'a pris dans ses bras en criant « Mon chériii ! » d'une voix suave. Il lui a rendu son étreinte dans un sourire avant de se dégager et de m'attirer à lui pour faire les présentations. Elle m'a embrassé chaleureusement puis m'a fait faire le tour de l'atelier, Damien sur nos talons. Elle m'a montré l'ensemble de ses pièces en vantant leurs qualités et leur beauté. Je ne l'écoutais pas. Les étoffes qui passaient entre mes mains ne me provoquaient pas la moindre réaction. A quoi bon ? Cela ne changerait rien.
-Qu'est-ce que tu veux essayer ? m'a demandé Damien en plaçant par-derrière ses bras autour de mes épaules.
-Tu n'as quand même pas l'intention de rester là !? s'est exclamé la styliste en prenant un air outré.
J'ai entendu le doute s'immiscer dans la voix de Damien.
-Eh bien...
-Non non non non non, mon chéri ! Un mari ne voit pas la robe de la mariée avant le jour J ! Tatata, pas de protestations, je te rappelle quand c'est fini.
Elle l'a reconduit ainsi que Jonathan à la porte, avant de la fermer et de se retourner vers moi avec un grand sourire.
-A nous deux !
J'ai essayé plusieurs robes, plus pour lui faire plaisir et repartir le plus vite possible que parce que j'en avais envie. Elle n'a pas bronché en voyant les marques sur mon dos. A croire que personne ici ne possède la moindre once de morale...Après plusieurs tentatives, mon choix s'est finalement porté sur une robe blanche à manches longue et large encolure avec une traîne sublime. Elle me l'a mise dans une housse opaque avec un clin d'œil en me disant de la tenir loin du regard de mon futur époux. Je lui ai répondu par un faible sourire et suis sortie rejoindre l'intéressé en question avant que nous rentrions.
***
Je ne peux pas m'arrêter de pleurer depuis. Il faudrait pourtant. La nuit est tombée depuis longtemps et Damien va venir me rejoindre d'une minute à l'autre. Mais je ne peux pas, les larmes semblent ne jamais devoir s'arrêter de couler.
Soudain, je sens un poids s'ajouter à côté du mien sur le lit et une main me caresser délicatement l'épaule. Je déteste cette faculté qu'il a de se déplacer sans bruit. J'essuie mes joues le plus discrètement possible mais il s'en rend immédiatement compte.
-Pourquoi pleures-tu ? me demande-t-il en me tirant doucement pour que je me retrouve face à lui sans me blesser.
-Je ne pleure pas, je réponds.
J'esquisse un pauvre sourire en espérant qu'avec la pénombre cela lui fera oublier que je suis triste. Malheureusement, il n'est pas prêt à lâcher le morceau. Il place ses deux mains sur mes joues et me fixe intensément.
-Ne me mens pas, Maëva.
La panique me gagne instantanément. Je sais qu'il lui suffit d'un rien pour passer d'une attitude calme à une très forte colère, et j'ai peur d'avoir poussé ce bouton.
-C'est...c'est juste la journée, je bafouille. Essayer les robes, c'est beaucoup...d'émotion. Et...et je suis fatiguée...c'est tout.
Je vois une lueur nouvelle passer dans ses yeux, qui ressemble à...de la tristesse ?
-Maëva, reprend-il doucement. S'il-te-plait, parle-moi franchement.
Je ricane intérieurement. Comme si c'était possible pour moi d'être franche avec lui. Rien de ce que j'ai sur le cœur ne lui plairait, et il me le ferait immédiatement comprendre par une sanction plus cruelle et sadique que les précédentes. Je voudrais pouvoir me libérer, sincèrement, mais si je le fais il blessera Alex. Il voit l'hésitation dans mes yeux.
-Ma chérie, poursuit-il dans un souffle en se rapprochant davantage de moi. Parle-moi. Même si cela ne va pas me plaire. Je te promets que je ne te tiendrai rigueur de rien de ce que tu me dis ce soir. Simplement...dis-moi ce qui se passe dans ta magnifique petite tête, s'il-te-plait.
Je ne peux pas soutenir son regard suppliant. Les larmes se remettent à couler sur mes joues. Et je craque.
-Je n'en peux plus Damien.

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Je suis ton ombre
Roman d'amour-Je n'appartiens à personne, espèce de taré ! -Pour l'instant peut-être. Mais tu verras que tu finiras par être entièrement à moi. Corps et âme...susurre-t-il. Vois-tu, je trouve ça terriblement excitant de savoir que tu ne veux pas de moi mais que...