Point de vue de Maëva
La journée commence de façon tout à fait normale. Je me réveille et me prépare en attendant l'arrivée de Jonathan. Comme tous les jours, il vient me chercher à 10h pile. J'attrape la bouteille d'eau qui ne me quitte pas lorsque je sors et le suis jusqu'au rez-de-chaussée. D'habitude, je passe saluer Damien dans son bureau mais aujourd'hui il est en déplacement, nous sortons donc directement.
Nous faisons le trajet qui nous sépare du gymnase d'un bon pas.Une fois sur place, je commence mes échauffements habituels. Lorsque j'estime que je suis prête, je retourne vers Jonathan et lui demande si je peux faire de l'escalade. Il acquiesce. Nous descendons au local chercher les équipements nécessaires puis je m'installe et grimpe jusqu'à être complètement lassée. Rien d'extraordinaire jusqu'à présent. C'est au moment de ranger que les choses se gâtent.
Jonathan tient à porter l'ensemble des baudriers et des cordes seul, je me contente donc de le suivre avec ma bouteille d'eau. Arrivé devant le local de rangement, il sort avec difficulté la carte qui l'ouvre de sa poche. Je pose le récipient à terre et l'aide en lui tenant la porte. Je le suis en bas des escaliers. Il essaye de ranger ce qu'il tient dans les bras, mais l'étagère où il est censé mettre les baudriers est si mal organisée que tout s'effondre. Il jure et s'agenouille pour ramasser ce qui est tombé par terre et le remettre à sa place. Il pose sa carte au sol pour avoir les mains libres. Mon sang ne fait qu'un tour.Je m'accroupis à ses côtés pour l'aider. Il me repousse durement en grommelant quelque chose d'incompréhensible. J'attrape discrètement la carte en me reculant. Je me relève. Il est tellement absorbé par sa tâche qu'il ne fait plus du tout attention à moi. Je tourne les talons et remonte les escaliers le plus discrètement possible. Je parviens à la porte sans qu'il m'interpelle. Je la déverrouille et la referme derrière moi le plus lentement possible. Mon cœur bat à tout rompre. J'attrape la bouteille d'eau que j'ai laissée par terre et vide le liquide sur l'emplacement de la carte, en espérant que cela fasse dysfonctionner le système.
Je cours ensuite vers les vestiaires. Je compose le code qui ouvre la porte et m'empare du sac de Jonathan. Je vide entièrement son contenu et attrape la clé. Je me hâte vers la sortie. Une fois devant l'entrée principale, je la mets dans la serrure afin qu'il soit impossible d'entrer de l'extérieur et sors.
Me voilà à l'air libre.Je fonce le long du chemin qui conduit à la route quittant cet endroit et poursuis mon chemin pour rejoindre la départementale sans m'arrêter. Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie. L'adrénaline, l'excitation et la peur m'empêchent de ressentir la fatigue.
J'arrive jusqu'à la départementale sans encombres. Je continue à avancer sur le bas-côté. Néanmoins, les effets de ma course effrénée commencent à se faire ressentir. Je n'ai plus de souffle et un énorme point de côté. Mon corps tout entier me supplie de m'arrêter, mais je ne peux pas. J'ai la boule au ventre, et je me sens vulnérable. N'importe qui pourrait me voir. Que se passera-t-il si Damien a décidé de rentrer plus tôt et me voit ici ? Ces pensées me poussent à refouler ma fatigue et à continuer à avancer.
Je me rends vite compte toutefois que je vais mettre une durée infinie avant d'atteindre le premier village, qui doit en plus être rempli d'hommes de mon ravisseur. En désespoir de cause, je décide donc de faire du stop.
Je marche un bon moment ainsi, le pouce levé, le cœur au bord des lèvres. Les voitures me dépassent sans s'arrêter. J'ai les jambes qui tremblent de peur d'être reconnue, mais on ne m'arrête pas. Je commence à désespérer de recevoir de l'aide lorsqu'une voiture qui a l'air d'avoir bien vécu se range sur le bas-côté. Je m'arrête, méfiante. La fenêtre s'ouvre du côté passager et une petite vieille passe la tête à l'extérieur.
-On peut vous déposer quelque part, jeune fille ?
Je soupire et remercie intérieurement ma bonne étoile. Je m'approche du véhicule.
-Bonjour Madame. Je cherche à rejoindre la ville la plus proche.
-La prochaine ville est à 50 kilomètres, s'exclame le conducteur qui est sûrement le mari de la dame.
-C'est là que nous allons, répond-elle d'un air bienveillant. Montez, je vous en prie.
Je la remercie chaleureusement et monte à l'arrière. Le véhicule démarre. Je n'en reviens pas. Après près de deux mois de captivité, je n'arrive pas à réaliser que je suis enfin libre. Je regarde les deux personnes qui m'ont prises en stop. Elles sont effectivement mariées, comme en témoigne les alliances que je vois dans leurs mains entrelacées. Ils sont tellement mignons. Voilà à quoi ressemble l'amour, ce que je voudrais avoir l'opportunité de vivre. Et pas l'espèce de supercherie que Damien a voulu me vendre...De la musique des années 80 sort de la radio. Dans cette atmosphère, j'arrive enfin à me détendre.
-On vous dépose où exactement ? me demande l'homme au bout de quelques minutes.
C'est une excellente question. Il faudrait que je retourne chez moi, mais à mon avis Damien aura lancé un avis de recherche à travers le pays dès qu'il s'apercevra de ma disparition. Prendre le train ou même la voiture est donc exclus, d'autant plus que je n'ai pas d'argent.
-Au commissariat, s'il-vous-plait.
C'est ma seule option. A priori, la police ne peut pas être corrompue au point de refuser de l'aide à une personne qui s'est faite enlever, pas vrai ? De toute façon, je n'ai pas le choix.
L'homme hoche la tête pour marquer qu'il a bien entendu.
-Vous devez avoir faim, dit la vieille dame en sortant d'un sac des sandwichs emballés dans de l'aluminium.
Je la remercie et mange en regardant le paysage défiler à travers la fenêtre. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous arrivons à destination.
-Et voilà ma p'tite dame ! s'exclame l'homme en se garant.
Je les remercie encore et leur souhaite bonne continuation avant de sortir de la voiture et de m'engouffrer dans le commissariat.

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Je suis ton ombre
Romance-Je n'appartiens à personne, espèce de taré ! -Pour l'instant peut-être. Mais tu verras que tu finiras par être entièrement à moi. Corps et âme...susurre-t-il. Vois-tu, je trouve ça terriblement excitant de savoir que tu ne veux pas de moi mais que...