Partie 43

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Point de vue de Maëva

           Je n'ai pas à attendre longtemps avant que Damien ne pénètre dans mes appartements. Je reste silencieuse en m'efforçant de contrôler les battements effrénés de mon cœur. Il apparaît quelques instants plus tard au seuil de ma chambre et s'arrête dans l'embrasure de la porte. Le désir embrase son regard alors qu'il me dévisage des pieds à la tête. Il relève finalement les yeux vers moi et me demande avec un demi-sourire aux lèvres :

-Qu'est-ce que c'est que ça ?

-Ca ? je réponds en regardant d'un air faussement surpris mes poignets attachés. Eh bien, j'ai trouvé ces chaînes dans le dressing et je me suis dit que tu devais bien les aimer...

-Non, m'interrompt-il, je veux dire : qu'est-ce que c'est que tout ça ?

Je ramène mes jambes sous moi, soudainement très mal à l'aise. Je déglutis avant de reprendre la parole.

-Tu te rappelles que tu m'avais demandé si je pouvais faire des efforts et que j'étais d'accord ? Disons que je me suis rendue compte que je n'en avais pas fait...Alors, je me suis dit que je pourrais me rattraper, surtout par-rapport à hier soir...

Je garde les yeux baissés et attends avec fébrilité sa réponse. Tout se joue maintenant. Les secondes s'égrènent lentement, et je commence à craindre qu'il n'ait pas mordu à l'hameçon. Heureusement, lorsque je relève timidement mes yeux vers lui, je vois que mes craintes sont inutiles.

-Tu es parfaite...souffle-t-il. La femme de mes rêves.

Il s'approche de moi et monte sur le lit jusqu'à se retrouver tout proche de moi. Ses mains se posent sur mes joues et il se jette sur mes lèvres avant de m'embrasser fougueusement. Je lui rends son baiser en l'enlaçant à mon tour.

Nous nous embrassons longtemps ainsi. Pour la première fois, je ne le repousse ni ne suis dégoûtée par notre proximité. Pour être tout à fait honnête, mon esprit ne pense qu'à Charlotte et à si elle a réussi à mettre le plan à exécution. Si elle a échoué, je n'imagine même pas les conséquences pour elle et moi...

Damien déplie délicatement mes jambes et m'allonge avant de s'étendre sur moi. J'ouvre les yeux et constate qu'il est en train de me regarder avec émerveillement. Du coin de l'œil, j'aperçois également de la fumée qui commence lentement à s'immiscer dans la pièce. Mon cœur rate un battement. Je dois absolument conserver son attention le plus longtemps possible.

Je me concentre de nouveau sur lui. Je lui adresse un sourire gêné et pose ma main sur la boucle de sa ceinture. A en croire la bosse que je sens sous son pantalon et son souffle court, il n'a pas l'air de trouver ça désagréable. Je défais la ceinture et fais glisser la braguette de son jean en l'embrassant de nouveau. Je m'apprête à aller plus loin lorsque je le sens se dégager de moi.

-Attends mon cœur...

Il se redresse et regarde autour de lui en fronçant les sourcils. Un léger brouillard est désormais présent dans la pièce et l'odeur de brûlé flotte dans l'atmosphère. Je me redresse et place mes jambes contre mon torse. Etrangement, je me sens calme. Apaisée. Je sais que je vais lui faire du mal, et qu'il ne pourra rien y changer, et cela m'apporte une immense satisfaction.

-Merde, jure-t-il. Où as-tu mis les clés de cette chose ? me demande-t-il en attrapant les chaînes.

Je ne lui réponds pas. Il pousse un nouveau juron et se lève précipitamment. Je l'entends fouiller dans la boîte où j'ai trouvé les menottes -mais bien sûr il ne trouve pas ce qu'il cherche. Il revient vers moi, la tête entre les mains. En voyant son air préoccupé, je ne peux retenir un petit rire. Son regard s'ancre dans le mien. Je ne baisse pas les yeux. Il a l'air de réfléchir intensément pendant plusieurs secondes. Soudain, une lueur vient assombrir son regard vert et je sais qu'il a compris.

-Où as-tu mis les clés ? me demande-t-il de nouveau, mais cette fois avec la même voix calme qu'il utilise pour me menacer.

La différence est que je n'ai plus peur. Plus maintenant. Le vent a tourné, c'est moi qui suis en position de force. Je relève le menton et le fixe avec insolence, un rictus aux lèvres. Son visage se teinte de colère. Il fond sur moi et me décoche une gifle monumentale avant de me saisir par les cheveux et de les tirer vers l'arrière.

-OU LES AS-TU MISES ? hurle-t-il.

Malgré l'inconfort de ma position, je laisse échapper un éclat de rire.

-Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? je le provoque. Je t'ai dit que je préférais mourir plutôt que de rester avec toi. Tu pensais sérieusement que j'avais changé d'avis ?

Sa main entre de nouveau en collision avec mon visage. Lorsque je relève la tête, je le vois s'en aller à grandes enjambées. Je me mets à rire, d'abord doucement puis jusqu'à entrer dans un véritable fou rire. Il me faut plusieurs minutes pour me calmer. C'est si agréable de rire, et cela ne m'était pas arrivé depuis si longtemps...

Je m'allonge confortablement et observe les volutes de fumée qui gravitent autour de moi. Je ne suis pas le moins du monde anxieuse. La sensation de liberté retrouvée me grise et me remplit d'euphorie, me faisant oublier tout le reste. Mourir...Qu'est-ce que la mort, lorsqu'on est libre ? Je ferme les yeux et ne cherche même pas à empêcher la fumée d'infiltrer mon organisme. A choisir, j'aurais préféré une mort plus douce, mais ce n'est qu'un léger détail. Des éclats de voix parviennent tout à coup à mes oreilles.

-Qu'est-ce que tu fous, viens ! j'entends Victor crier.

-Je ne pars pas sans elle ! rétorque Damien avant d'entrer dans mon champ de vision.

La cendre sur son visage et ses habits calcinés me renseignent sur l'état déjà bien avancé de l'incendie. Dans la main, il tient une clé. Un double. Je n'ai pas pensé à vérifier s'il avait des doubles des clés. Il s'approche et défait les chaînes d'une main experte avant de me prendre dans ses bras. J'essaye de me débattre mais je suis trop affaiblie par la fumée que j'ai ingérée et ma tête qui commence à tourner. Il me jette comme un sac sur son épaule et avance sans hésitation vers la sortie.

Le spectacle qui m'attend hors de mes appartements est digne d'une représentation de l'Apocalypse. Les flammes ravagent les murs, léchant le bois et s'infiltrant dans les moindres recoins. L'air est brûlant et surchargé en cendres. Je couvre mon nez de mes mains, mais cela est inutile et je suis rapidement secouée par la toux.

Malgré ces obstacles, Damien continue sa descente. Une marche craque sous son poids, manquant de la faire tomber, mais il se rattrape au dernier moment. Mes yeux me brûlent de plus en plus et je suffoque. Je suis au bord de l'évanouissement. Je ne sais pas pendant combien de temps je suis ainsi transportée.

Soudain, je sens une bouffée d'air frais sur mon visage. Je heurte le sol, mais cela ne suffit pas à me faire reprendre complètement conscience. Tout s'agite autour de moi. Du mouvement, des gens qui passent, des sons sans cohérence, mais je perçois toutes ces choses comme venant de très loin. Je veux juste dormir, me perdre dans l'inconscience...

-Maëva !

La voix me parvient comme ralentie, mais je la reconnais. Sa voix. Je pensais ne jamais l'entendre de nouveau. Je trouve la force de me relever. Je vois sa silhouette s'approcher en courant de moi.

-Lucas...je murmure.

J'essaye de me redresser pour le rejoindre, mais la main de Damien étendu à côté de moi m'attrape la cheville.

-N'y va pas, m'ordonne-t-il d'une voix rauque.

Je ne l'écoute pas et m'avance dans un effort surhumain vers mon frère. Celui-ci se jette à genoux à mes côtés et serre ma tête contre son torse.

-Lucas, je répète, la voix coupée par des sanglots de soulagement.

-Tout va bien, chuchote-t-il, je suis là. Je ne te quitte plus maintenant, tout va bien, c'est fini...
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Bon, j'ai changé d'avis. J'ai vu vos commentaires sur le dernier chapitre et j'avoue que c'est vraiment horrible de ma part d'avoir coupé à ce moment (surtout que j'espace beaucoup la publication des chapitres). Et puis je dois avouer que je meeeeeeuuurrs d'impatience d'avoir vos avis, vos prévisions pour la suite tout ça tout ça !
Alors voici le chapitre suivant, bonne lecture et j'attends vos commentaires !!!!
Oh et bonnes vacances à ceux qui le sont, et bon courage pour les autres ;-) (je compatis croyez-moi)
Votre auteure que vos jugerez j'espère moins sadique ainsi :-)

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant