Point de vue de Maëva
Je me réveille dans un endroit inconnu. Je suis dans un grand lit blanc, entouré de machines et de murs tout aussi immaculés. Un hôpital ? Une main se pose sur mon avant-bras. Je l'observe et remonte mon regard le long du corps à qui elle appartient jusqu'à parvenir au visage. Mon frère me dévisage d'un air inquiet.
-Maëva, tu m'entends ? me demande-t-il avec fébrilité.
Un sentiment d'appréhension me remplit. Je ne sais plus comment je suis arrivée là, mais Damien est forcément dans les parages, et s'il s'aperçoit que Lucas est ici, il lui fera du mal sans aucun doute. Je me redresse du mieux que je peux.
-Tu dois t'en aller, je dis à Lucas d'une voix faible.
-Eh, doucement, m'injonctive-t-il. Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne vais nulle part.
-Non, tu ne comprends pas ! je m'exclame. Il va revenir !
-Maëva...
Il ne comprend pas l'urgence de la situation, et cela me rend folle. Les sanglots commencent à s'accumuler dans ma gorge.
-Je t'en supplie, va-t'en. Je ne veux pas qu'il te fasse du mal. Je t'expliquerai plus tard, pour l'instant tu dois te mettre en sécurité !
-Maëva ! m'interrompt-il plus fermement. C'est fini. Damien est parti, il ne te retrouvera plus.
Je reste pantoise à ses mots. Est-ce seulement possible ? Je me concentre intensément et les pièces du puzzle se rassemblent peu à peu dans mon esprit. Je lève mon regard vers mon frère. Il dit la vérité, je le vois dans ses yeux.
-Et quant à moi, je ne te laisserai pas, tu m'entends ? Je suis là maintenant, tu ne risques plus rien.
Je m'effondre dans ses bras tandis que des larmes de soulagement glissent en cascade sur mes joues. Il m'accueille contre lui dans une étreinte fraternelle. Blottie ainsi, je me sens protégée et réalise peu à peu que mon calvaire a pris fin.
-Je pensais que je ne te reverrais jamais, je sanglote.
-Détends-toi, c'est fini, je suis là...répète Lucas en me caressant les cheveux.
Nous restons un long moment enlacés, à savourer cette complicité retrouvée. Je me détache à peine de lui que quelqu'un frappe à la porte de ma chambre. Je sursaute et me tourne avec nervosité vers celle-ci, mais je me détends en voyant la tête d'Alex s'engouffrer dans l'entrebâillement.
-Je peux entrer ?
Je lui réponds par un sourire. Il s'avance timidement vers mon lit. Je vois qu'il ne sait pas comment me saluer, alors je prends les devants et me jette dans ses bras.
-Je t'avais dit que je viendrais te chercher, pas vrai ? murmure-t-il contre mon oreille.
-Je suis tellement désolée...je chuchote.
Il me prend pas les épaules et enfonce son regard dans le mien.
-Je ne veux jamais t'entendre dire ça, me dit-il très sérieusement. Rien de ce qui s'est passé n'est de ta faute. D'accord?
Je hoche doucement la tête avant de dévisager ces deux garçons si chers à mes yeux que le destin a réuni à mes côtés aujourd'hui. Maintenant que la mémoire m'est revenue, des dizaines de questions tournent dans ma tête. Je décide de commencer par les plus importantes.
-Qu'est-ce qui s'est passé après l'incendie ? Et comment vous connaissez-vous ?
Lucas et Alex échangent un regard amical.
-Tu te rappelles que tu m'avais parlé de ton frère ? commence Alex. Eh bien, après avoir été viré de chez Damien, je me suis mis en tête de le trouver, ce qui n'a pas été très difficile. Il était à ta recherche depuis le premier jour de ta disparition. Il se trouve que Lucas connaissait des gens très désireux de voir ton ravisseur et ses frères sous les barreaux, alors nous nous sommes « alliés » pour te secourir et les faire coffrer.
-La suite ne présente pas beaucoup d'intérêt, poursuit mon frère. Pour faire court, grâce à l'aide de quelques policiers sûrs et de Charlotte, nous avons réussi à nous rapprocher de la fratrie. La suite, tu la connais. Il suffisait de trouver la bonne occasion et d'attendre que vous sortiez de la maison. Affaiblis comme vous l'étiez par l'incendie, il ne restait plus qu'à attraper Damien et ses frères.
-Et vous avez réussi ? je demande, le cœur battant.
Ils s'échangent un regard qui révèle une haine partagée.
-Damien et Victor sont en attente de leur jugement, répond finalement Lucas. Mais Thomas s'est évanoui dans la nature.
-Et Charlotte ?
-Aucune trace d'elle non plus...répond sombrement Alex.
Cette dernière nouvelle m'attriste particulièrement. C'est grâce à Charlotte si j'ai échappé aux griffes de Damien, elle mérite plus que n'importe qui la liberté. J'espère de tout cœur qu'elle va bien...J'en suis à ce point de mes réflexions lorsqu'une infirmière entrouvre la porte de ma chambre.
-L'heure des visites est finie, annonce-t-elle avec un sourire gentil.
Alex et Lucas acquiescent et commencent à se lever.
-Repose-toi bien, me recommande mon frère, je reviens demain à la première heure. Oh, je voulais juste te donner ça. J'ai pensé qu'il pouvait t'avoir manqué.
Il sort un objet rectangulaire de sa poche et me le tend en souriant.
-Mon téléphone ! je m'écrie en riant. Merci, t'es le meilleur !
Il rit à son tour et m'embrasse sur le front avant de sortir de la pièce. Alex fait de même, et je me retrouve seule. J'inspire profondément en regardant autour de moi. Tout me semble si irréel. J'ai retrouvé ma vie.
Je tourne et retourne le portable entre mes mains. Je ne suis pas le genre d'adolescente accro à son smartphone, mais je dois bien avouer que retrouver quelque chose dont on se sert au quotidien après s'en être passé pendant deux mois procure une étrange sensation. Je l'allume. Il ne faut que quelques secondes avant que mon écran d'accueil ne se charge de notifications. Un sourire me monte aux lèvres. Après avoir été isolée pendant tout un été, il est grand temps que je rattrape les choses que j'ai manquées. Je commence seulement à lire les messages que m'ont envoyés mes amis lorsque je reçois un appel. Je ne connais pas le numéro, mais je ne réfléchis pas davantage avant de décrocher. Mon premier geste normal depuis que je suis libre, pensé-je avec joie.
-Allo ? dis-je d'un ton joyeux.
-Bonjour Maëva.
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Je suis ton ombre
Romance-Je n'appartiens à personne, espèce de taré ! -Pour l'instant peut-être. Mais tu verras que tu finiras par être entièrement à moi. Corps et âme...susurre-t-il. Vois-tu, je trouve ça terriblement excitant de savoir que tu ne veux pas de moi mais que...