Point de vue de Maëva
Vous avez déjà eu l'impression de vivre quelque chose que vous avez déjà vécu ? Vous, savez, cette impression de déjà vu ? Eh bien, c'est exactement ce que je ressens lorsque je me réveille de nouveau, la tête douloureuse. La seule différence est que ce n'est pas qu'une impression, il s'agit bien de la deuxième fois que l'on m'endort en moins de quelques heures. La deuxième différence est que cette fois, je ne suis pas dans une voiture.
J'ouvre doucement les yeux. La pièce dans laquelle je suis est très lumineuse et m'agresse, je dois donc m'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à garder les yeux ouverts. Je me trouve dans un lit très grand et confortable. Je porte la main à ma tête. Un bandage se trouve à l'endroit où je me suis cognée et des pansements couvrent les coupures que j'ai aux mains. Un mauvais pressentiment m'envahit et je soulève précipitamment la couette. Je me détends lorsque je vois que je porte toujours la même tenue qu'à la soirée, on ne m'a enlevé que mes chaussures.
J'entends une porte s'ouvrir au loin et je referme les yeux par réflexe. Mon cœur bat à mille à l'heure. Quelqu'un vient s'assoir sur le lit.
-Je sais que tu es réveillée.
Je reconnais cette voix. J'ouvre les yeux. Effectivement, il s'agit bien de l'homme à qui mes deux ravisseurs m'ont livrée. Il est assez jeune, je dirais entre vingt-trois et vingt-cinq ans. Très beau aussi, si je suis objective. Il a des cheveux châtains en désordre et des yeux verts. Sa mâchoire est très bien dessinée. Il a une grande bouche, qui donne sur un sourire éclatant. Il pourrait être mignon, mais il dégage une sorte d'aura maléfique qui le rend plus qu'effrayant. Peut-être est-ce cette lueur sombre dans ses yeux, ou son sourire carnassier qui me paralysent... Il semble musclé, sans être imposant. Il me fait penser à un félin. Agile, souple, discretmais aussi fort, impitoyable, prêt à tout pour attraper sa proie. Mortel. Il respire la dangerosité, et je dois faire un effort immense pour soutenir son regard. Je me redresse pour me trouver à sa hauteur.
-Tu sais que tu as envoyé un de mes hommes à l'hôpital.
Ses mots sonnent comme une menace. Je déglutis avant de répondre :
-Ca ne serait pas arrivé s'il ne m'avait pas enlevée dans un premier temps.
Il éclate de rire, dévoilant ses dents blanches ainsi que des fossettes sur les joues.
-Il ne faisait que suivre mes ordres.
-Qu'est-ce que tu me veux ? je demande sèchement.
Une chose que j'ai apprise est à ne pas vouvoyer les gens si l'on ne veut pas leur donner l'avantage. Les tutoyer est une façon de ne pas les mettre sur un pied-destalle, de montrer que l'on n'est pas impressionné par eux, même si c'est loin d'être mon cas. Mais je préfère le laisser penser qu'il ne m'effraye pas. Son regard s'assombrit légèrement et il s'avance vers moi. Je me force à rester immobile, je ne veux pas qu'il perçoive mon effroi.
-Cest toi que je veux.
-Pourquoi ?
-Parce que tu me plais.
Daccord, je comprends mieux la situation. Ce type est complètement fêlé. Je respire profondément pour ne pas laisser la peur transparaitre dans mon attitude avant de lui adresser mon plus beau sourire de façade.
-Je vois. Ecoute, je suis très flattée. Et j'aurais été ravie de te rencontrer dans un cadre différent. Malheureusement, enlever une fille pour l'embarquer je-ne-sais-où au milieu de la nuit n'est pas une technique de drague qui fonctionne sur moi. Alors voilà ce que je vais faire : je vais te laisser, je vais rentrer chez moi, et si nous nous recroisons nous pourrons aller boire un verre. Quelque chose de plus classique, tu vois ? Et j'oublierai tout ce qui sest passé. Alors, peut-être à bientôt, j'achève, toujours souriante.
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Je suis ton ombre
Roman d'amour-Je n'appartiens à personne, espèce de taré ! -Pour l'instant peut-être. Mais tu verras que tu finiras par être entièrement à moi. Corps et âme...susurre-t-il. Vois-tu, je trouve ça terriblement excitant de savoir que tu ne veux pas de moi mais que...