Point de vue de Maëva
Je me sens violemment projetée sur le sol et ma tête heurte la table de chevet dans ma chute. J'ai à peine le temps de réaliser ce qui se passe ou de ressentir la douleur qu'une main m'attrape les cheveux par l'arrière du crâne et commence à me traîner hors de la chambre. J'essaye de me débattre mais la main me tient fermement et je me mets à crier. J'ai l'impression que l'on m'arrache tous les cheveux de la tête simultanément. L'homme qui me tient fait une brève halte le temps d'ouvrir la porte de la suite puis se remet en marche, en me traînant toujours impitoyablement.
Je continue à me débattre en vain, et suis contrainte de le suivre. Je suis bien réveillée maintenant, et je ressens très distinctement la douleur. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure et la peur prend rapidement le dessus sur les autres émotions qui m'habitent. Il marche très vite, et me traine plus qu'il ne me tire alors qu'il descend les deux étages de la maison.
Il s'arrête finalement devant une porte que je n'ai jamais vue. Il me lâche le temps de l'ouvrir, elle donne sur une dizaine de marches qui descendent vers ce qui ressemble à une cave. Je profite de ces quelques secondes de répit pour essayer de me relever mais il me pousse et je dévale les escaliers. J'arrive en bas meurtrie. J'ai mal partout, mais par je ne sais quel miracle je ne me suis pas cogné la tête. Je gémis en bougeant pour vérifier que je n'ai rien de cassé. Je l'entends descendre les marches d'un pas lourd et ouvrir la porte contre laquelle j'ai été propulsée. Je glapis de douleur lorsqu'il me force à me redresser en m'attrapant de nouveau par les cheveux pour me faire rentrer.
La salle est plongée dans l'obscurité, ce qui n'a pas l'air de déranger mon agresseur. Une main toujours sur mon crâne, il ramène mes poignets dans son autre main puis les lève au-dessus de ma tête d'une main experte, et j'entends un cliquetis tandis que je sens un objet froid les maintenir prisonniers. Puis il me lâche et la dernière chose que je vois est sa silhouette dans l'entrebâillement de la porte avant qu'il ne la referme, me plongeant dans le noir complet.
Je ne sais pas combien de temps je reste là, sans pouvoir bouger, attachée, endolorie, aveugle. Je suis à deux doigts de la crise de panique. Je pensais avoir plus de temps, je devais avoir plus de temps, Damien ne devait pas revenir si tôt. Je n'ai pas vu distinctement son visage mais c'était sa silhouette, j'en mettrais ma main à couper. Je suis terrifiée, mais je me force à respirer pour me calmer. Au bout de je ne sais combien de temps, je parviens enfin à canaliser mon angoisse. Cela doit faire au moins une heure que je suis ici, et de terribles crampes viennent s'ajouter aux douleurs causées par ma chute. La peur finit même par laisser la place à la haine, et je me jure intérieurement de rester forte peu importe ce qui va suivre.
Le temps continue à s'écouler. Des minutes, ou peut-être des heures, je n'en sais rien, j'ai perdu toute notion du temps. Je ne sens même plus mon corps tant il me fait souffrir, et j'entre dans une sorte d'état second entre le sommeil et l'inconscience.
***
Une sensation de brûlure parcourt ma joue, me sortant brutalement de ma torpeur. La lumière est allumée dans la salle, aveuglante, m'empêchant de lever les yeux vers la silhouette qui vient de me gifler.
-Regarde-moi.
Je reconnaitrais cette voix entre mille. Je relève doucement la tête, les yeux plissés, mais pas assez vite à son goût. Il m'attrape par le menton et me force à le regarder. Mon regard se plonge dans les yeux de Damien et mon cœur s'arrête de battre. Il est toujours aussi beau, mais d'une beauté terrifiante, cruelle, qui vous glace le cœur et vous donne envie de prendre vos jambes à votre cou -chose que je ferais avec plaisir si j'en avais l'opportunité.
-Je t'ai manqué, mon cœur ?
Sa voix reflète parfaitement ce que je lis dans ses yeux. La colère noircit son regard, et je vois très bien qu'il se retient à grand peine de laisser libre court à sa haine et à son désir de vengeance. Je suis incapable de détacher mon regard du sien, pas plus que de prononcer un mot. Il poursuit avant que j'aie réussi à lui répondre.
-Parce que toi tu m'as beaucoup manqué. Dommage que le sentiment n'ait pas été réciproque. Tu sais quelle a été mon erreur avec toi ? J'ai été bien trop gentil. Mais crois-moi, à partir de maintenant les choses vont être différentes trésor.
La peur est un véritable étau qui me sert le cœur. Je sens une unique larme couler de mon œil droit. Il la recueille délicatement avec son pouce avant de reprendre d'une voix froide, sans pitié, qui contraste avec son geste.
-Oh non, mon ange, ne pleure pas maintenant, nous n'avons même pas commencé...
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Je suis ton ombre
Romance-Je n'appartiens à personne, espèce de taré ! -Pour l'instant peut-être. Mais tu verras que tu finiras par être entièrement à moi. Corps et âme...susurre-t-il. Vois-tu, je trouve ça terriblement excitant de savoir que tu ne veux pas de moi mais que...