Je suis ton ombre

Partie 23

Point de vue de Maëva

             Je me fige à ses paroles. La panique me gagne mais je me force à respirer, à penser de façon rationnelle. Il est à plusieurs centaines de kilomètres d'ici, il ne peut rien me faire. Au bout de quelques minutes, mon souffle reprend un rythme régulier.  Je repense à la mine blafarde de ma demoiselle de chambre. L'a-t-il menacée ? Il a bien coupé un doigt à Jonathan, il en est capable. Je gémis en serrant les poings. Je me suis promis de ne rien laisser me détourner de mon objectif, autrement je ne m'en sortirai pas, mais cette pensée m'attriste profondément. Je passe une bonne partie de la soirée à me ronger les sangs puis m'endors, exténuée.

Le réveil est douloureux. J'ai la gorge sèche, et tellement faim que mon ventre ne gargouille même plus. J'ai dormi plus de dix heures, il est déjà 10h30. Je me lève et me rends dans le salon. Je m'aperçois avec surprise que Chloé m'y attends, installée dans le canapé.

- Bonjour Mademoiselle ! Je ne voulais pas vous réveiller, vous aviez l'air de si bien dormir, me dit-elle avec un petit sourire.

-Je peux vous aider Chloé ? je lui demande, désemparée, en faisant abstraction du petit-déjeuner gargantuesque posé sur la table devant elle.

-J'ai pensé que vous deviez vous sentir un peu seule. Je veux juste vous tenir compagnie, pendant que vous mangez, me répond-elle avec un sourire forcé.

-C'est gentil, mais je n'ai pas faim, je réponds en traversant la pièce.

-Mademoiselle.

Je m'arrête.

-Je vous assure qu'il vaudrait mieux que vous...

-Et moi je vous assure que je n'ai pas faim, je la coupe sèchement. Je vais m'enfermer dans la salle de bain et prend une longue douche brûlante.

Lorsque je ressors, Chloé est partie. A contrecœur, je vide le contenu du plateau dans la poubelle et les liquides dans la baignoire pour ne pas être tentée d'y toucher. Je sens que mon organisme s'affaiblit, ce qui me procure une grande satisfaction. A supposer que ma motivation ne flanche pas, il ne me reste que deux ou trois jours à tenir. N'ayant rien à faire, je décide de pratiquer un peu d'exercice physique pour accélérer le processus de déshydratation. Cette séance se révèle très efficace, et je manque de m'évanouir sous la douche tant ma gorge me fait souffrir et ma volonté de craquer est forte. Je tiens bon cependant. Je décide de ménager mes efforts et traîne le reste de la matinée.

12h10, la porte s'ouvre. Je lève la tête de mon magasine et fronce un sourcil. C'est la première fois que Chloé n'est pas ponctuelle.
Mais ce n'est pas elle qui entre dans l'appartement. Un homme que je n'ai jamais vu auparavant s'avance, un plateau dans les bras.
A vue de nez, je dirais qu'il a quelques années de plus que moi. Il semble un peu perdu. Sa présence m'inquiète. S'il est là à la place de Chloé il y a forcément une raison, et je crains que ma petite rébellion des derniers jours ne lui ait coûté cher.

-Bonjour.

Sa voix n'est pas désagréable, douce mais ferme. J'y serais certainement réceptive en temps normal, mais le manque de force et mon inquiétude concernant ma demoiselle de chambre me rendent insensible à tout.

-Qui êtes-vous ? je lui demande sèchement.

-Je viens remplacer Chloé pour les jours qui viennent...

-Pourquoi ? le coupé-je.

-... et m'assurer que vous ne vous laissiez pas mourir de faim, achève-t-il dans un murmure, ignorant ma question.

-Je ne mangerai rien tant que Chloé n'est pas là.

-Vous n'avez pas le choix.

-Ah oui, et qu'est-ce que vous comptez faire ? Utiliser la force ? je ricane.

-S'il le faut, me répond-il très sérieusement.

Mon cœur se serre à ces mots. Il est mince, mais je peux voir que ses habits cachent une musculature très développée. Même affaiblie, je suis capable de maîtriser Chloé et à peu près n'importe quelle fille de mon gabarit mais je ne pourrai jamais rivaliser avec lui. La panique me gagne. Il me reste cinq jours, je ne peux pas le laisser ruiner mes projets. Il est inimaginable que je capitule maintenant.

Je l'ignore et me replonge dans ma lecture. Après quelques instants, je l'entends s'approcher de moi. Il pose son plateau sur la table qui me fait face et s'assoit sur le canapé à quelques dizaines de centimètres de moi. Je serre plus fort les pages de mon journal pour empêcher mes mains de trembler.

-Je vous laisse une minute.
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Bonjour à tous !
Chapitre un peu plus court que les autres, je me rattraperai sur le prochain ^^ Je voulais juste vous prévenir que ma rentrée approchant (hélas) à grands pas, je risque d'espacer un peu plus la publication des chapitres. En fait, mon problème n'est pas tant le fait de les publier, mais surtout le fait que je vais avoir très peu de temps pour écrire cette année alors je ne veux pas tout publier d'un coup pour ensuite laisser un énorme vide. Mais je compte poster tout de même au moins un chapitre par semaine ! Voilà j'espère que vous comprendrez ^^
Sinon merci encore pour vos votes et vos commentaires, ça me fait trop plaisir d'avoir vos impressions ^^
Bonne lecture !