Partie 16

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Point de vue de Damien

    Je la regarde d'un air attendri. Elle s'est endormie sur mon épaule. On dirait un ange. Je repousse une mèche de cheveux de son visage en prenant garde à ne pas la réveiller. Je veux qu'elle se repose pour pouvoir profiter pleinement de sa soirée. Il m'a fallu employer la manière forte pour qu'elle arrête de me résister, mais je ne le regrette pas. Tout va tellement mieux depuis qu'elle a baissé sa garde. Je sais bien qu'elle ne m'aime pas encore, mais je vois qu'elle commence à développer des sentiments à mon égard et cela me remplit de bonheur.

    Parfaite. Voilà le premier mot qui m'est venu en tête lorsque je suis allé la chercher avant que nous sortions. Tout en elle respire la perfection, de ses joues roses à ses chevilles fines en passant par ses cheveux sombres et son cou gracieux. L'avoir toutes les nuits contre moi sans pouvoir aller aussi loin que je le voudrais est un supplice, mais je veux que tout se passe bien. La dernière chose que je veux est de l'effrayer après tous les efforts que j'ai fait pour en arriver là. Ce moment arrivera vite, j'en suis sûr.

    Elle bouge légèrement dans son sommeil pour mieux s'installer contre moi. Je passe ma main dans ses cheveux et commence à les caresser. Elle pousse un petit soupir de contentement, ce qui me fait sourire. Je pourrais rester comme ça des heures. C'est incroyable cette façon qu'elle a de m'apaiser. Je n'avais jamais ressenti cela pour personne auparavant.

-Vous nous laisserez devant l'entrée principale, je dis à Jonathan.

    Je relève la tête et croise son regard dans le rétroviseur. Il me fait un signe d'approbation. Je souffle nerveusement. Cette sortie constitue une véritable épreuve pour moi. D'un côté, je rêve de passer une soirée de couple « normale » avec Maëva mais de l'autre, j'ai terriblement peur qu'elle fasse quelque chose de stupide. J'ai bien entendu pris toutes les mesures nécessaires pour qu'elle ne parvienne pas à s'échapper, mais je ne supporterais pas de m'être trompé autant sur elle.

    Une heure plus tard, nous sommes presque arrivés à destination. Je caresse délicatement la joue de ma belle endormie.

-Réveille-toi mon ange, on y est, je chuchote.

    Elle remue légèrement. Ses paupières papillonnent et elle lève sur moi des yeux encore tout remplis de sommeil. Je lui souris, et elle me sourit en retour. Elle se redresse en s'étirant et regarde par la fenêtre. Je guette sa réaction avec impatience alors qu'elle cherche à savoir où nous sommes. Il ne lui faut que quelques secondes avant de comprendre où se trouvent ces rues élégantes. Elle se tourne vers moi brusquement et me demande d'un air hésitant :

-On est à...Paris ?

    Je lui réponds d'un hochement de tête. Ses yeux s'écarquillent et elle se retourne vers la fenêtre. Sa réaction m'amuse. Je sais qu'elle n'est jamais venue dans cette ville et que c'est un de ses rêves depuis toujours. Et le meilleur reste à venir. Nous longeons la rue de Rivoli avant de nous engager dans une rue transversale.

    Jonathan s'arrête juste devant la Comédie Française. Il fait encore jour, le bâtiment n'est donc pas illuminé, mais il n'en reste pas moins majestueux et imposant. Je sors et contourne la voiture pour ouvrir la portière de Maëva. Je lui tends la main pour l'aider à sortir. Elle ne me regarde pas, le nez en l'air, des étoiles dans les yeux. Je l'entraine vers le théâtre.

-Tu m'emmènes à la Comédie Française ?

    Je ris devant son air ébahi.

-Oui, ma belle. Allez, dépêche-toi sinon nous allons manquer le début de la pièce.

Nous gravissons les marches et passons l'entrée. Je connais le vigile, et il nous laisse passer avec un sourire. C'est à partir de là que les choses vont devenir plus compliquées. Plusieurs personnes font la queue au guichet devant nous pour retirer leur place, si bien que nous devons attendre. Même si je reconnais des hommes à moi dans le lot et que Jonathan ne doit pas tarder à nous rejoindre, je ne suis pas serein. Je raffermis ma prise sur la main de Maëva, ce qui ne lui échappe pas.

-Je ne vais pas m'en aller, tu sais, me dit-elle.

    Je la regarde. Elle a dit cela d'une voix enjouée mais avec une pointe de tristesse. J'embrasse sa main.

-Je sais, ne t'en fais pas.

    Je respire un grand coup et décide de cesser d'être soucieux. Il n'y a aucune raison pour que la soirée se passe mal. Nous récupérons enfin nos places et nous dirigeons vers la salle. J'ai réservé un petit balcon pour que nous soyons isolés des autres spectateurs. Jonathan nous rejoint quelques instants plus tard et s'installe un peu en retrait pour nous laisser de l'intimité. Les trois coups retentissent, et la pièce commence.

    Je ne sais pas ce qui est le plus agréable à regarder : le spectacle qui est d'une grande qualité ou Maëva qui semble être au paradis. Elle est captivée par ce qui se joue devant elle. Ses yeux brillent, s'humidifiant lors des passages tragiques, s'assombrissant aux moments plus comiques. Décidément, les théâtres lui vont merveilleusement bien. Elle est la première à applaudir lorsque le rideau tombe. Je la regarde faire avec amusement. Alors que les spectateurs se lèvent pour partir, je prends ses mains pour la tourner vers moi.

-Alors ?

-Incroyable, me répond-elle avec un grand sourire.

-Tu dois avoir faim.

    Au moment où je prononce ces mots, j'entends son estomac gargouiller. Elle me regarde avec un petit sourire gêné. Je ris. Nous nous levons et sortons quittons la salle puis le théâtre. Le jour est presque complètement tombé maintenant. Nous déambulons dans les rues de la capitale jusqu'à arriver à un restaurant étoilé où j'ai réservé une table pour dîner. Le serveur nous accompagne jusqu'à une table un peu reculée où nous prenons place. Maëva regarde d'un air impressionné autour d'elle, elle n'a pas l'habitude d'aller dans ce genre d'endroit. Au contraire, ce restaurant est un de mes préférés et j'y suis un habitué.

    Je commande une bouteille de champagne, et nous trinquons à son anniversaire. On nous apporte la carte et nous faisons rapidement notre choix. Les différents plats se succèdent, tous aussi succulents les uns que les autres. La bonne humeur, l'alcool et la fatigue délient facilement la langue de ma belle compagne et nous passons un moment très agréable.

    Alors qu'elle vient d'avaler la dernière cuillérée de sa crème brûlée, je sors une petite boîte de la poche de ma veste et la pose devant elle.

-C'est le dernier cadeau de la journée, ne t'inquiète pas, je rigole devant son air suspicieux.

    Elle l'ouvre doucement et la referme presqu'aussitôt.

-Damien, je ne peux pas...C'est beaucoup trop...

-Je ne veux rien entendre, je la coupe d'un air faussement sévère.

    Elle se tait et me regarde timidement. Je sors le bracelet en or blanc que renferme l'étui et saisit délicatement son poignet avant de le lui accrocher. Le bijou est très simple -une chaîne avec un pendentif en forme d'infini- mais il lui va à merveille. Je prends sa deuxième main et entrelace mes doigts aux siens pour avoir son attention.

-Je sais que la situation n'a pas été facile pour toi. Je sais que tu tenais à ta liberté, et que tu me détestes de te l'avoir prise. Je suis bien conscient de tous les efforts que tu as faits. Je ne suis peut-être pas l'homme dont tu rêvais, mais je te promets une chose. Je te chérirai comme aucun homme ne l'a jamais fait pour une femme, et je m'emploierai chaque jour à te rendre heureuse. Je ne sais pas si tu réalises à quel point tu as bouleversé ma vie. Je t'aime, Maëva.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant