Partie 54

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Point de vue de Maëva

-Voilà, si vous voulez bien signer là Madame, et vous pourrez rendre visite à votre mari quand vous le souhaitez.

            Je serre les dents en entendant le gardien m'appeler« Madame » et m'exécute. Je n'ai que dix-huit ans bon sang ! J'ai repoussé ce moment toute la journée à la fois par peur et par envie de profiter au maximum d'Alex avant que celui-ci ne parte en quête de Charlotte, mais il a bien fallu que j'y aille.

-Juste une petite question, je demande, les lieux de visite sont bien surveillés en permanence, n'est-ce pas ?

-C'est exact, me répond-il avant de se pencher légèrement vers moi, un petit sourire aux lèvres. Mais disons que nous pouvons en cas de circonstances exceptionnelles être un peu moins vigilants pour vous laisser un peu d'intimité, si vous voyez ce que je veux dire.

             Je me recule un peu et relâche mon souffle. Au moins Damien ne pourra pas me toucher ici sauf si j'en fais la demande, ce qui n'est pas prêt d'arriver. Légèrement rassurée, j'affiche un sourire de façade avant de lancer :

-Ça ira, je vous remercie.

             J'ai achevé toutes les procédures me permettant d'avoir accès à la prison, le gardien me laisse donc entrer et m'accompagne jusqu'au lieu où se déroulent les visites. Il m'invite à pénétrer dans une petite pièce qui ne contient qu'une seule porte avant de partir chercher Damien. Celle-ci n'est meublée que de deux chaises et d'une minuscule table et est particulièrement mal entretenue. Je me cale dans l'angle le plus proche de la sortie, probablement par instinct de survie, et tente de calmer les battements angoissés de mon cœur.

             Quelques secondes plus tard, le surveillant du pénitentiaire revient en compagnie de Damien et lui retire ses menottes avant de l'inviter à me rejoindre.

-Merci David, je l'entends murmurer.

             Je me colle au mur tandis qu'il entre en se massant les poignets. Dès qu'il m'aperçoit, ses yeux s'ancrent dans les miens et les emprisonnent. Je me force à respirer lentement et m'applique à retranscrire toute la haine qu'il m'inspire dans cet échange de regard. Il me faut quelques instants pour m'apercevoir que ses prunelles à lui sont teintées d'une émotion que je lui ai jamais vue, comme s'il était soulagé de me voir.

          Il s'approche lentement de moi sans que j'aie d'issue possible. Je retiens les larmes qui me montent aux yeux, persuadée qu'il va me violenter ou profiter de ma position de faiblesse pour m'attoucher, mais il n'en fait rien.

             Son air attendri toujours plaqué au visage, son index descend de ma tempe à mes lèvres délicatement. Son souffle chaud me caresse les joues, et je réalise que je suis fortement déstabilisée par son comportement. Pas de baisers forcés, pas de démonstration de son autorité sur moi. Que lui arrive-t-il ?

               Pendant que ces questionnements me traversent, je sens ses bras entourer mes épaules et il me ramène contre son torse aussi doucement que si j'étais une poupée de verre avant d'enfouir son nez dans mes cheveux. Je profite de cet instant de répit pour fermer les yeux et reprendre mes esprits. Un peu de douceur ne fait pas de lui quelqu'un de bon. Il a découvert la dure réalité de la prison et cherche un peu de réconfort, voilà tout. Rien qui mérite ma pitié.

-Ton costume de prisonnier te va bien, je lâche sèchement.

           Il se détache de moi et m'observe les yeux plissés. Je peux voir le changement s'opérer sous son crâne, et lorsqu'un sourire cruel vient étirer ses lèvres, je sais qu'il est redevenu lui-même. Sa main gauche vient se poser sur ma gorge et la serre imperceptiblement en me forçant à lever le menton vers lui.

Je suis ton ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant