Chapitre 3

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Le lendemain, sitôt les cours finis, Mia s'installe au bar et étale ses cours sur la petite table au soleil, tout pale en Janvier.

- pardon mademoiselle, fait une voix grave qui la fait sursauter, comme toujours mon patron va me mettre des baffes, si je vous laisse là sans consommer...

- bonjour, répond Mia en souriant, je ne voudrais pas avoir cela sur la conscience, un coca zéro s'il vous plaît... je vais rester là un bon moment, est ce que vous voulez bien quand il commence à s'énerver, m'en rapporter un sans attendre?

- OK... faisons comme ça.

- merci.

Elle se plonge dans ses cours, mais le vent fait s'envoler des feuilles, feuilles qui reviennent toutes seules.

- Axel!!! je te paye pour servir pas pour ramasser les papiers!! ramène tes fesses par ici!!

Mia sursaute et croise un regard malheureux avant qu'il ne reparte sous les cris du patron du bar. Elle ne se remet pas au travail, laissant son regard errer dans le bar. Le patron est vraiment horrible avec ses trois serveurs. Les clients accoudés devant la caisse sont ivres et, eux aussi, leur parlent mal... elle se félicite d'être à présent rémunérée pour ses gardes à l'hôpital en tant qu'interne et de ne plus avoir à chercher des petits boulots... Une serveuse passe près d'elle en courant pour tenter d'apaiser la fureur de son employeur, elle se tord la cheville en laissant tomber son plateau.

- quelle bande de bras cassés, vocifère le patron, on peut rien vous demander!!

- je suis médecin, fait posément Mia, laissez moi l'examiner.

- elle a du boulot!

- c'est moi tout de suite ou les pompiers qui l'emmèneront certainement à l'hôpital, Mr, réplique Mia.

- on va s'occuper de ses tables, intervient le serveur qui s'appelle Axel, le plateau et les verres cassés en main.

- moi, je décompte le temps qu'elle passe à se faire chouchouter de son salaire! maugrée le vieux grincheux.

- je me dépêche, sourit Mia à la jeune femme qui souffre visiblement. Asseyez vous sur ma chaise pendant que j'attrape mon sac.

Avec des gestes précis et délicats, elle palpe la cheville et conclut à une entorse bénigne... pas besoin de plâtre! Elle la masse avec de la pommade anti inflammatoire et lui fait un bandage en pensant que son prof de secourisme de l'an dernier serait vraiment fier du résultat.

- voilà, rien de grave, une entorse, je vous marque des anti inflammatoires oraux et des bandages puisque vous devez rester immobilisée une bonne semaine... et surtout allez consulter si ça ne désenfle pas rapidement... il faut prendre les cachets en mangeant... n'oubliez pas.

- oui... merci mademoiselle... heu docteur Herpin... répond la jeune femme en regardant l'ordonnance.

- de rien... vous avez vu comment faire le bandage?

- oui... on enroule et on croise... oui, je saurai le refaire...

- au revoir, Mademoiselle Cartier, prenez soin de vous...

- Eva, je vous en prie.

- Mia.

Mia se lève et s'approche du patron.

- votre employée aurait besoin de deux ou trois jours d'arrêt mais a refusé, j'ai chronométré mon intervention... 12 minutes... vous allez vraiment lui déduire de son salaire?

- ne me donnez pas de leçons!

- un jour, vous pourriez faire un malaise... vous savez... je pourrais alors vous soigner en vitesse au péril de votre santé comme je viens d'être obligée de le faire pour que cette jeune femme aie sa paye complète à la fin du mois... ou bien, elle pourrait rattraper les 12 minutes que vous venez de lui voler pour prendre son temps pour appeler les secours...

- ils cherchent tous les moyens pour en foutre le moins possible de toutes façons.

- elle est tombée parce qu'elle se dépêchait car vous lui hurliez dessus, elle ne cherchait pas à tirer au flan...

- payez vos consommations et allez vous faire voir ailleurs!

Elle lui tend un billet, attend sa monnaie et s'en va. Un regard admiratif ne l'a pas lâchée.

- arrête Axel, respire... glisse Eva.

Il faut y croire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant