Il faut y croire.

Chapitre 58

Hervé tourne un peu en rond une fois les films finis... oui, parfois sa maladie et la solitude lui pèse vraiment... Il n'arrive même plus à imaginer un scénario où il pourrait avoir une copine... Il se secoue et choisit de se focaliser sur le positif dans sa vie, son protégé, lui, a droit à sa part de bonheur et les discussions de ce soir montrent que son père n'a pas altéré sa faculté à avoir des relations saines. Il se permet d'entrouvrir la porte de sa chambre et reste un peu à le contempler, profondément endormi, sa belle nichée contre lui et, lui, le visage dans ses cheveux... Oui, Axel est heureux... quel soulagement... il part se coucher un peu rasséréné.

La semaine se passe tranquillement, à l'hôpital la tension monte... mais les mesures tardent, on se contente pour l'instant de donner des leçons à nos voisins italiens.

Le lundi suivant, Axel a débusqué de son placard un veston et des chaussures de ville. Les fiancés arrivent en avance à l'hôpital. Le responsable du service technique attendait son stagiaire de pied ferme, la menace d'un confinement général de la population l'incite à accélérer ses interventions tant que cela sera possible. Mia file en cours tandis qu'Axel part pour petit déjeuner avec les autres gars de l'équipe.

Le soir quand il retrouve Mia devant la salle de son dernier cours, il est pote avec tout le monde et a  abattu pas mal de boulot.

- alors?

- vivement que j'ai mon diplôme, annonce t il en la serrant contre lui, j'ai envie de bosser!!

- tu y es, tu y es presque... et aux notes tu l'as ton diplôme...

- ouais! plus que ma note de stage et c'est dans la poche.

- bonjour...

- oh, t'es là toi... grince Axel en découvrant Mathieu derrière eux. Il devait pas être renvoyé comme les autres blaireaux ce con là?

- non, les profs ont considéré que ce que les autres lui ont fait faisait de lui une victime... sans tenir compte du fait qu'il le demandait...

- une victime, vraiment? Gronde Axel, en lâchant Mia. Trois mètres entre Mia et toi, pas moins, jamais, sinon, je te garantis que tu seras, sans aucun doute, une victime. Trois Putain De Mètres. Compris? Compris??

- oui...

- alors commence par reculer, ironise Mia, et me fiche la paix.

Alors qu'il tarde  à leur laisser le passage, Axel lui prend le bras et d'une clé lui fait faire cinq mètres en arrière sans ménagement.

- qui aura maintenant des soucis pour harceler Mia si j'appelle? Lui souffle Axel à l'oreille alors qu'il se tord de douleur l'épaule retournée, je bosse ici tout le mois, ne me croise pas dans un recoin.

- oui oui, balbutie Mathieu en s'éloignant précipitamment, une fois libéré.

- Axel le soumis, chuchote Mia à son oreille en rigolant.

- pas du tout mais ça ne veut pas dire que tu dois l'être toi.

- je le sais... tu sais, j'ai vraiment cru qu'il était mon ami... avant que les cochonnes ne s'en mêlent que que l'ambiance tourne mal cette année.

- je vois bien qu'il t'a blessée... et tu mérites pas ça... c'est pour ça qu'il me rend dingue parce que mis à part ça, c'est plutôt un genre de mouche à merde insignifiant. Allez, on l'oublie, tu veux sortir?

- sortir?

- oui, pour fêter mon premier jour, on se fait un resto fiesta? Ton cousin Taïs a du passer chercher Hervé et Madison. Ils doivent nous attendre devant l'hôpital, Anahéra, John et Eva nous rejoindront au Gamb... tu veux?

- oui bien sur que oui!!

Pour une fois, elle a le plaisir d'avoir son chéri près d'elle pour faire la fête au Gambrinus. Christian, croisé dans le couloir vers la sortie, fonce chercher Bérénice pour les y rejoindre. Ils s'amusent comme des fous toute la soirée. Mais, Bella plombe un peu l'ambiance en venant s'asseoir avec eux la mine basse.

- alors, on fête quoi ici?

- à la tienne Bella, on fête ma première journée de stage.

- super. Félicitations.

- pourquoi tu fais cette pauvre mine?

- le président va parler mercredi, on pense qu'il va annoncer le confinement des français.

- ce sera pas trop tôt! Réagit Christian, les gens se contaminent par poignée de 12!

- et la première mesure sera de fermer les lieux non essentiels... nous...

- et oui... comment ne pas respirer tous le même air ici... soupire Mia.

- du coup, Axel, on te placera en chômage partiel, ça fait suffisamment de temps que tu bosses avec nous, tu y as droit... et puis, toi aussi tu es en danger avec toute la foule ici... ça veut dire que dès que cette histoire sera résolue tu reprendras, on ne cherche pas à te virer, tu comprends?

- oui, oui je comprends... t'en fais pas Bella et tant qu'il n'y a rien d'officiel tu peux compter sur moi...

- je vais te faire signer le papier, je mettrais la date quand il aura annoncé le truc mais au moins on est tranquille, tu seras indemnisé... à 80% je crois...

- OK merci.

- et vous Eva et Madison, il va falloir vous battre avec le vieux... réfléchit Taïs.

- j'ai des papiers vierges, propose Bella, prenez les et faites lui signer... vous les déposerez vous même à pole emploi. Ne le lâchez pas sinon vous n'aurez rien à la fin du mois...

- Bella, tu es un amour. Décrète Axel en posant un bisou bien sonore sur sa joue.

Elle s'éloigne toute mal à l'aise et les joues assez roses!

Ce n'est que deux semaines plus tard que le confinement a été décidé. Du coup, Axel a ,quand même, effectué trois semaines de stage sur les quatre prévues, donc il est validé... validé d'un 20 sur 20 qui fait de lui le major de sa section.

Les écoles, les boutiques, les lieus de sortie sont fermés. Tout s'arrête, les cours de Mia également, exceptionnellement un mois avant la date. Heureusement, les modules ont été avancés en prévision. Elle aussi, termine son année loin devant les autres de sa promo.

Mais pour Mia pas de vacances, l'hôpital est débordé, les patients affluent...

Axel demande à parler au responsable des urgences alors  que Mia se retrouve en réanimation...