Chapitre 29

47 4 0
                                    


La porte s'ouvre sur une infirmière venue prendre des nouvelles, mais elle fait demi tour avec un petit sourire ému.

- j'ai pas d'interrupteur...

- quoi?

- je ne peux pas cesser de t'aimer... mais je peux te laisser tranquille...

- je ne veux pas que tu me laisses, Mia... articule Axel, en essuyant rageusement ses larmes, je veux que tu sois heureuse, en sécurité, que tu puisses étudier sereinement... que tu aies la belle vie que tu mérites...

- et cette fois encore, tu vas décidé pour moi de ce que je dois vouloir? Moi, j'en ai assez...

- si tu avais été tuée ou violée...

- ça peut m'arriver en sortant de la fac! Je te signale que j'ai déjà eu ce genre de... problème, et c'était dans mon petit village tranquille du haut var!! il n'y a pas eu de Gino pour intervenir!!

- tu as raison...

- hier, tu m'as foutue dehors, j'ai conduit ma bagnole, j'y voyais rien tellement je pleurais, j'aurais pu taper un platane et y laisser ma peau!!! ou pas!!! personne ne sait ce qui peut arriver!!!

- tu as raison, je suis désolé pour hier...

- tu crois que je vais pencher ma tête de coté, soupirer et encore te demander de bien réfléchir à ce que tu veux et rendez vous dans une semaine?

- non... je crois que tu n'as plus confiance en moi, et que je t'ai fait beaucoup trop de peine et de mal cette fois... murmure t il le regard baissé sans réussir à la lâcher.

- tu as menti, tu t'es pas battu pour moi.

- c'est vrai...

- c'est moi qui me bat pour nous...

Il pose sur elle un regard de noyé...

- je t'en supplie, continue encore un peu... Mia, j'ai tellement besoin de toi... je vais finir par croire que ça peut marcher... j'en ai tellement envie...

Une main toute douce navigue sur son visage.

- c'est vrai?

-oui... oui je t'aime plus que ma vie Mia, et je ne cherche pas l'interrupteur... si tu décides que je ne vaux pas la peine que tu .... te bagarres, je comprendrais et je garderai cet amour comme un trésor... dans moi...

Elle se rapproche, les yeux dans les siens et pose ses lèvres sur les siennes. Leur baiser explose comme une réaction instinctive à leur peur, leur peine...leur angoisse...

Quand l'infirmière revient, en frappant bien fort à la porte cette fois, ils s'écartent, l'un essuyant les larmes de l'autre.

- il va bien, ton chéri ma petite Mia, la rassure l'infirmière, et je ne raconterais pas ta vie aux abrutis avec qui tu manges tous les midis...

- merci.

- tu manges toujours avec eux?

- je peux pas me battre sur tous les fronts... ils vont être horribles quand ils sauront...

- ça c'est certain, ils sont infects en toutes circonstances... valide Irina, l'infirmière. Bon alors on a les résultats du scanner et des radios, rien de mortel... mais passer la nuit dehors sans manger c'était de la folie furieuse.

- tu as... tu es resté dehors toute la nuit??? bondit Mia.

- j'ai pas osé frappé chez ta cousine... articule Axel les sourcils froncés et le regard baissé.

- idiot... lui murmure t elle en prenant doucement sa main.

- bon, les cotes: deux fêlées et une cassée, le crane, rien de grave, des hématomes partout, mais pour le genoux, il faut l'immobiliser, Mia tu avais raison, il y a une fissure au ménisque... donc genouillère rigide et béquilles, pendant un bon mois... on recontrôle par une radio dans 4 semaines et on en reparle. Le docteur va passer vers 16h pour la sortie.

- je dois sortir aujourd'hui, je bosse à 19h. Je viens de commencer mon boulot, je ne peux pas m'absenter...

- un boulot assis?

- oui.

- alors c'est bon.

-tu chantes, fait Mia, tu vas chanter trois heures avec des cotes cassées et fêlées!!

- oh, tu chantes?

- au Gambrinus... et oui, Mia je vais y aller... je chanterai doucement et on montera le son du micro... et si ça le fait plus, juste, je jouerai de la guitare ou du piano... il faut que j'y aille...

- dans une petite heure, le médecin te fichera dehors, repose toi... et toi, monte la garde! Un aussi canon gentil chéri, tu vas te le faire piquer!!

Irina sort avec un clin d'œil alors qu'Axel soupire et Mia leve les yeux au ciel en rigolant.

- elle a raison, tu devrais dormir un peu...

- tu... mais toi...

- je reste 'monter la garde'...

- tu n'as rien à craindre...

- ouais... allez dors un peu...

- tu t'en vas pas...

- non.

- je crève d'envie de t'embrasser...

Il l'attire contre lui et se perd dans ses baisers... baisers fébriles qui montrent que Mia en a autant besoin que lui... La fatigue lui tombe dessus, Mia le pousse en arrière et vient se caler contre son épaule...

Le médecin les réveille et convoque une infirmière pour un essayage de genouillère et de béquilles. Ils reprennent la voiture. Axel, une fois calé à l'avant avec sa jambe maintenue droite, s'éclaircit la voix, très mal à l'aise.

- est ce que... enfin, dis moi... on va chercher tes cours... ou tu ne veux pas...

- ... dis moi...

- je voudrais te ramener à l'appart... mais j'avais promis de t'obliger à rien... avant de t'obliger à partir... alors, je me sens vraiment pas bien... mais... je... le voudrais vraiment... je veux dire, aller chercher tes cours et qu'on rentre... nous deux...

- allons y... mais je ne suis pas un yo yo...

- oui Mia pardon... pardonne moi...

L'arrivée de Mia à l'appartement se fait sous les bravos d'un Hervé euphorique, qui la soulève pour la faire danser dès qu'elle a posé ses affaires.

- je me suis fait un soucis monstre!! tu as vu Axel, j'ai fait comme tu as dit, le ménage toute la journée et j'ai reçu des pizzas à tester... on s'y colle?

- non, Hervé, pas moi, ce soir, je vais déposer Axel au Gambrinus et je vais manger chez mes parents...

- oh...

- j'ai vraiment besoin de câlins de mon papa et ma maman... j'ai trop eu peur et mal... mais je serai à 23h à la sortie du pub, t'en fais pas Axel...

- je ne m'en fais pas, tu n'es pas mon taxi, Mia... et c'est bien que tu ailles voir tes parents... je comprends que tu en aies besoin... articule Axel.

- oui.

- et si ils ne te veulent pas dans la vie de leur fille? Intervient Hervé.

- ils en ont le droit...

- oui, mais ils ne se mêlent pas de ma vie privée... Ils m'aiment, c'est tout... et ça ne vous regarde pas.

- elle a raison, Hervé lâche l'affaire.. Mia y a rien à dire, moi je suis heureux qu'ils te réconfortent... je suis désolé d'être la cause de ta peine...

Il arrive maladroitement derrière elle et l'enlace. Elle se blottit contre lui.

- allez mangez, les gars, je vais remettre mes affaires en ordre...

- Mia...

- oui.

- merci de te bagarrer...

Il faut y croire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant