Axel n'insiste pas. De rage, elle envoie voler ses cours dans la pièce et se laisse tomber sur le lit. Un nouveau grattement sur la baie vitrée qui donne sur le balcon lui fait lever les yeux.
Son ami lui sourit, un genre de sac à dos dans les bras. Elle lui tire la langue mais reste pétrifiée en le voyant extraire maladroitement du sac un animal tout blanc. Il lui échappe et elle éclate de rire en regardant Axel tacher de le rattraper pour qu'il ne tombe pas du balcon.
Avec une petite grimace de douleur, il se redresse en tenant fermement un lapin blanc comme neige.
Mia ouvre.
- tu es allé acheté un... lapin... parce que ma mère a gueulé??
- non, prends pas mal, mais je m'en balance complètement de ce que ta mère veut, elle pourrait vouloir un dromadaire que ça m'empêcherait pas de dormir... non, Mia, c'est toi... toi triste, avec un besoin de câlin... que moi... je sais pas... combler... je... enfin voilà, si tu es d'accord, je te propose d'adopter 'Parachute', c'est une femelle... la dame a dit que les femelles sont plus câlines et douces que les mâles... no comment... il a fallu écrire un nom sur son 'passeport d'adoption je sais pas quoi' alors vu qu'on parlait d'animal qui tombe avant que ta mère ne pique sa crise, j'ai trouvé que ça comme nom... mais on s'en fout du passeport et elle aussi, à mon avis, donc si tu veux changer et l'appeler autrement, fais comme tu veux... et si elle ne te plaît pas, je peux la ramener...
- entre, ça caille... salut Parachute... comme tu es jolie...
Axel lui fourre la lapine dans les bras avec soulagement.
- tu l'as eu où?
- Gamm vert.
- tu as pris le bus, et tu as été jusque là bas et retour??? sans tes béquilles???
- oui et heureusement parce qu'avec tout son barda...
- son barda??
- bah, une cage, de la paille, de la bouffe, des mangeoires, le truc pour l'eau, des jouets, un harnais et son sac de transport... une petite bestiole comme ça, ça a besoin de beaucoup de choses semble t il...
- Axel...
- quoi...
- merci...
- tu es contente?
- oui, tu es adorable... pourquoi tu n'as pas dit où tu allais?
- parce que t'aurais gueulé...
- ... c'est possible... oh... elle est si belle...
- au départ, je pensais à un bel oiseau mais le principe d'un oiseau en cage sans pouvoir voler, ça m'a fait de la peine... et puis, ils vendaient des hamsters mais ça mord... elle, elle m'a plu...
- elle est si belle... si douce...
- voilà comme toi, c'est pour ça qu'elle m'a tapé dans l'œil...
- merci.
Le petit lapin niché entre eux, il reçoit une salve de baisers tous tendres.
- heu, voilà, moi, j'ai fini de préparer la maison du bestiau...
- on arrive Hervé.
- Axel... je m'en fous de ton pote... encore...
Le jeune homme l'enlace pour l'embrasser fougueusement.
- et on devait pas aller manger dehors au parc? Hey, vous n'allez pas baiser maintenant et me laisser mourir de faim???
- j'ai mal partout, murmure Axel en lui mordillant l'oreille, mais tu perds rien pour attendre...
Il prit le temps de la regarder, les pommettes roses, la respiration saccadée et le regard tout brillant...
- tu me 'baiseras' plus tard, alors... chuchote t elle mal à l'aise.
- non, non Mia, pas du tout... le jour où tu le voudras, on fera l'amour... et je ne ferai rien tout seul, il faudra que tu aies envie de moi autant que je te désire...
- sauf que moi, je sais pas faire... rosit elle encore un peu plus.
- t'en fais pas...
- tu me montreras... je veux dire... pour que ce soit chouette pour toi même si je suis inexpérimentée...
- oui... ne t'inquiètes pas, si tu es vraiment détendue... que tu as confiance en moi, ça roulera naturellement... c'est pour ça qu'on attend... qu'on attendra le temps qu'il faudra...
- je me sens bien avec toi Axel, j'ai envie... de plus...
- moi aussi...
- allez les jeunes!! je me digère!!
En riant, ils sortent de la chambre, le petit lapin toujours sagement niché dans les bras de sa nouvelle maîtresse.
- oh cette cage est super!!
- et toute montée mademoiselle!!
- merci Hervé!
- on la met où?
- là non? Devant la vitre et pas loin de la cuisine.
- allez zou... Parachute, tu habites là...
- Parachute???? s'esclaffe Hervé.
- oui, décréte Axel, Parachute... on y va?
La lapine se jette sur sa gamelle et les trois amis partent vers le grand parc.
Axel lutte un peu avec ses béquilles dans l'herbe mais finit vautré sur les plaids de Mia pendant que Mia embarque Hervé pour choisir ce qu'il veut manger au food truck.
Ils mangent tranquillement quand le portable de Mia vibre.
- oh non... c'est maman...
- tu fais comme tu veux, Mia, mais je préférerais que tu lui parles pas de Parachute... je ne voudrais pas qu'elle pense pouvoir me mener à la baguette...
- tu as raison, et puis, je crois que je ne vais pas répondre du tout.
- dis lui juste que tu vas bien.
Le téléphone a cessé de sonner. Mia rappelle.
- salut maman, tu as encore envie de gueuler? Oh bien sur... je voulais pas décrocher, c'est mon chéri qui a insisté pour que je te rassure, alors voilà je vais bien... non, non je te le passerai pas, on est tranquille au parc, il s'est assez fait avoiner pour aujourd'hui, tu crois pas? Donc voilà, je n'ai pas envie de m'énerver parce que je passais un excellent moment avant que tu appelles... et bien oui, j'apprécierais que ça ne se reproduise pas... mais ça change pas mes sentiments pour lui... non, je ne crois pas qu'on viendra à Aups la semaine prochaine... allez, salut.
Axel pose son hamburger et attire la jeune femme contrariée qui lui fait face, tout contre lui.
- ne te fâche pas...
- il y a toujours un truc qui ne va pas...
- cette fois, c'est pas grave, je veux dire, elle a le droit de ne pas m'apprécier... il n'y a que ton avis à toi, juste toi qui compte... qui compte plus que tout...
- et Axel, tu as le droit aussi de ne pas te laisser marcher sur les pieds... intervient Hervé, il ne faut pas que cette bonne femme prenne l'habitude de mal te parler.
- Hervé a raison... j'irai quand j'aurai le courage et je mettrai bien les choses au clair...
- ouais, ben on se prend pas la tête...
- c'est vrai on est tellement bien là... au soleil... et je me sens vraiment mieux depuis que vous me forcez à prendre mon traitement régulièrement...
- ah tu vois!
- Christian va être content quand il te verra...
- et toi, gamin, tu retournes voir pour tes blessures de guerre dans 15 jours, c'est ça?
- oui...
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Il faut y croire.
RomanceLui, il a été battu par son père, fichu dehors à 17 ans... Il s'en sort, finit ses études pour devenir ingénieur et avoir une belle situation, ne plus tirer le diable par la queue, quitter enfin les quartiers nord de Marseille... Elle, e...