Chapitre 68

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Du coup, Axel remonte quatre à quatre. Dans l'appartement, le policier écoute attentivement ce qu'on lui dit au téléphone, il valide la description de la victime et donne l'autorisation pour emmener le corps. Là, Matt et Axel bondissent.

- le corps????

- elle est en vie mais inconsciente et en détresse respiratoire sévère, ce sont les pompiers qui ont été appelés par un voisin qui l'a vue tombée évanouie par terre dans une ruelle à deux rues de l'hôpital, ils l'embarquent là bas...

- a t elle été agressée? Demande Matt.

- ils ne l'ont pas mentionné, si ça avait été le cas, je pense qu'ils l'auraient dit...

Matt et Axel suivent le fourgon de police chacun dans leur voiture et arrivent bientôt à l'hôpital. L'infirmière à l'accueil bondit sur Axel.

- oh tu es là, les pompiers viennent d'amener Mia... Elle n'a pas l'air bien du tout, qu'est ce qui se passe?

- écoutes, je dois parler à l'interne qui va s'occuper d'elle...

- ben c'est en réa, elle a le covid... ça saute aux yeux.

- quoi? Oh nononon, elle est enceinte, bordel!

- oh félicitation!

- hey, secret médical, ça doit pas faire le tour.

- oui, oui d'accord oh lala...

Les policiers sont en grande discussion avec la responsable des admissions et l'avis de recherche est levé comme l'enquête pour disparition inquiétante qui est clôturée. Ils rentrent au commissariat.

- va aux nouvelles, propose Matt, j'appelle ma femme et la famille...

- est ce qu'il faut absolument tout leur dire... articule Axel, je veux dire cette... nouvelle n'a pas l'air de l'avoir transportée de joie...

- et toi?

- moi, ça compte pas, ce sera à elle de décider ce qui est bon pour elle... et je peux comprendre qu'avec ce que je me traîne, ça fasse pas pencher la balance en faveur de ce bébé...

- il faut lui dire.

- lui dire quoi?

- que tu respecteras son choix mais que toi, tu aimerais que la balance penche plutôt d'un coté... elle doit avoir toutes les cartes en main pour décider librement, si tu lui caches ça, tu la prives de sa liberté...

- c'est vrai... oui, je le ferai...

- tu es un type bien...

- ben voyons... si je l'étais, elle ne se serait pas enfuie en apprenant qu'elle portait mon enfant...

- tu ne sais pas ce que ta mère a pu lui dire... si elle avait juste voulu s'enfuir, elle ne l'aurait pas appelée, là pour moi, elle cherchait une façon de te le dire sans te bouleverser, ce n'est pas la réaction de quelqu'un qui ne veut pas entendre parler d'un enfant de son homme... mais d'une femme, comme toujours, préoccupée que tout le monde soit bien et heureux autour d'elle... elle t'aime très fort, je ne crois pas qu'elle voudra avorter.

Axel frémit à ce mot.

- il y a ses études c'est vrai et votre age... mais... attends de parler avec elle quand elle ira mieux ... aller files...

En réanimation, trois infirmières s'affairent autour du corps inanimé de Mia. Axel entre après s'être bien désinfecté les mains et avoir mis un masque, des gants et une sur-blouse.

- je voudrais vous dire un truc, important...

- vas y.

- Mia... elle est... enceinte.

- oh c'est pas bon ça!

- vous voulez le garder?

- garder quoi?

- le bébé! crétin!

- oh, heu ben, j'en sais rien...

- ah OK, parce que si elle part mal, on devra lui donner de la chloroquine, et ça ne laisse aucune chance au bébé...

Axel tourne en rond, va et vient en respirant de plus en plus mal. La cadre des infirmières de réanimation finit par appeler le chef de service qui le pousse vers son bureau.

- écoute mon gars, pour l'instant, elle s'en sort sans la chloro, donc pas de soucis, si le bébé a résisté à la forte fièvre et au manque d'oxygène... on va voir comment elle passe la nuit et on en reparle demain... OK?

- OK...

- et toi, tu as de la fièvre aussi.

- je sais pas.

- et bien je te le dis, allez hop test! les filles trouvez moi une infirmière pour tester ce lascar! en avant...

C'est ainsi que Matt appelé en renfort trouve sa fille inanimée dans un respirateur et son fiancé avec un masque décathlon amélioré en respirateur portable, assis sur un fauteuil. En le voyant, Axel se lève et retire le masque.

- tu devrais sûrement le garder ce truc là.

- ouais, je le remettrai, ils parlent de lui donner de la chloroquine... j'en ai eu moi... ils disent que je vais vite aller mieux avec ça...

- et?

- et ça tue les bébés à tous les coups, le médecin a dit qu'il attendait de voir comment elle passe la nuit pour décider... sa vie à elle passe en premier bien sur...

- bien sur... et du coup, tu l'as chopé aussi toi cette saleté de virus...

- ils disent que oui... oh merde Hervé!!

- autant lui aussi il est malade. Il va savoir se démerder ?

- oui il faudra bien, je vais l'appeler.

- ouais fais ça et dis lui que je chope un masque et que je viens le chercher pour qu'ils le testent.

- oh c'est vraiment gentil...

- je repasse prendre des nouvelles et en donner et si tu dors, je te laisse un message sur ton téléphone, OK?

- OK merci beaucoup.

En fait, Axel n'aura aucun message parce qu'il a fallu le mettre en urgence, lui aussi, sous assistance respiratoire...

Quand il rouvre les yeux, il ne se sent vraiment pas bien... migraineux, nauséeux, la poitrine douloureuse à chaque inspiration... L'angoisse de la disparition de sa fiancée, la découverte de sa grossesse, la méchanceté de sa mère tout lui revient d'un coup, il veut se lever mais en est incapable.

Un mouvement dans sa vision périphérique attire son attention. Mia!! Mia, allongée , comme lui, sur un lit avec, comme lui, un étrange masque de plongée. Elle est réveillée et se redresse péniblement, la mine fatiguée et lui sourit timidement à travers le truc décathlon branché dans le mur.

- hey... Axel, tu vas mieux?

- Mia, croasse t il. Que...

- tu as fait une forte réaction allergique à la chloroquine qu'ils t'ont filé... mais tu vas bien maintenant...

- et toi?

- ça va...

Il faut y croire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant