Il faut y croire.

Chapitre 14

Depuis le salon, Hervé resté sagement assis dans le canapé, a suivi la scène les larmes aux yeux de bonheur pour son protégé... Quand ils reviennent armés d'une bouteille de limonade et de sirop, il ne parvient pas à masquer son émotion.

- ne fais pas attention, jeune fille... tu n'imagines pas combien ta présence ici est importante pour moi... combien j'ai attendu ce jour... celui ci mérite vraiment de trouver le bonheur...

- arrêtes Hervé grince Axel, on se croira dans la petite maison dans la prairie!! Aller diabolo menthe ou grenadine?

- et oui, ici, pas d'alcool, l'ayatollah ici présent ne rigole pas là dessus.

- pas d'alcool mais des curly!!

- c'est pas bon avec les médicaments, tu sais, Hervé, valide Mia.

- ni pour les gars qui ont un alcoolique violent dans leur ADN... grince de nouveau Axel.

- oh, je comprends, fait Mia gravement, un verre de rosé et tu me jettes par terre pour me tabasser? C'est bien ça?

- c'est un risque, articule t il livide, un risque que je refuse de prendre...

- et ça me va... l'idée ne me séduit pas... même si j'y crois pas une seconde...

- ah oui?

- oui Mister Grincheux, sinon, je ne serais pas là!

- ça fait une semaine, quatre heures et 18 minutes qu'on est ensemble et tu me connais à ce point?

- parle moi gentiment sinon je rentre chez moi...

- Axel... souffle Hervé, je vais dans ma piaule... et toi, tu devrais te calmer... je sais que c'est moi qui t'ai mis de travers mais la petite, elle n'y est pour rien...

Ils le regardent sortir de la pièce après avoir dérobé le sachet de curly.

- pardon.

-  en venant ici, Axel... murmure Mia qui avait pris sa main, je ne m'attendais pas à te trouver en colocation avec un mec équilibré, dans un appartement en zone résidentielle, j'ai vérifié mon contrat d'assurance de la voiture sur internet au boulot... je crois avoir une idée assez précise de ton quotidien... ta mine fatiguée et tes regards au bout du rouleau parlent pour toi... mais il y a aussi tellement de détermination, de volonté et de courage dans tes yeux que ça me rend fière... fière d'être ta petite amie... il y a aussi beaucoup... d'amour dans tes yeux quand tu me regardes... alors oui, ça me rend malade quand tu cherches à le nier en prétendant vouloir me faire du mal... comme ton père faisait à ta mère... et à toi aussi, n'est ce pas?

Il avale difficilement sa salive et hoche la tête.

- comment être sur... je l'ai en moi cette violence... quand l'autre trou du cul de dealer a voulu me couper les doigts, je l'ai massacré, lui et trois de ses sbires...

- il est noir, sourit Mia mais j'ai bien remarqué ses coquards... bravo... hey regarde moi...

- je me sens mal...

- écoute moi Axel... heu, je sais même pas ton nom de famille...

- Peresc... Axel Peresc...

- alors écoute moi bien Axel Peresc... essaye une fois, juste une fois de lever la main sur moi... on règle ça tout de suite si tu veux...

- quoi?

- oui, je plaisante pas... tu crois que je suis rentrée dans cet appart au second comme une brebis égarée? Un -je savais que tu serais pas loin si ça tournait mal et de deux -je sais me défendre...

- ah oui?

- oui... ceinture noire de Karaté... et  Lam đai avec trois barrettes jaunes en Việt Võ Đạo ... 'main d'acier sur le cœur de bonté', déclare t elle en s'inclinant pour le saluer, alors bois ton verre de rosé ou de ce que tu veux comme alcool et viens qu'on en parle, tu ressors avec tes précieux attributs masculins en pendentif. Mon enlèvement m'a donné la motivation nécessaire pour suivre les cours de self défense obligatoires dans ma famille...

- obligatoire?

- oui, on est une famille où les femmes prennent cher... alors on est toutes capables de se défendre... Anahéra est une furie sur un tatami... elle, elle fait du kick boxing... alors debout et réglons ça...

Il la regarde comme on regarde un extra terrestre, elle s'est levée et faisait mine de pousser la table de salon pour dégager la place pour un combat

- tu viens? ou t'es pas ivre et ça le fait pas?

- tu ... je ne vais pas t'attaquer... il n'en est pas question...

- OK...

Elle sort de l'appartement, lui, éberlué sur les talons. En bas, elle s'adresse à Gino de retour dans la cage d'escalier.

- pardon mais, on a un différent à régler Axel et moi...

- oh mince, une querelle d'amoureux...

- est ce que l'un de tes gars voudrait se battre avec moi? S'il te plaît... blanche neige ici présent ne me crois pas capable de me défendre...

- non, Mia arrête, tu es folle...

- ben, moi pourquoi pas? rigole un jeune homme typé latino, je veux dire si la mama ne va rien me faire si je la fous par terre.

- tu la maîtrises... réfléchit Gino. Pas de massacre... ça va nous divertir un peu... on se fait chier ce soir...

- merci Gino, merci beaucoup...

Les hommes éberlués la regardent retirer ses chaussures et, pieds nus, la mine sérieuse, se mettre en position d'attaque devant le jeune, hilare.

- je vais te faire mal, précise t elle, alors défends toi vraiment.

- mal, oh, mademoiselle...

Il envoit un coup de poing qui finit dans l'air, avant d'encaisser un coup de pied aux fesses suivi d'une révérence moqueuse.

- oh merde...

Les autres rient mais pas Axel, bientôt rejoint par Hervé, catastrophés tous les deux.

Les deux combattants se tournent autour. Axel, lui, ne respire plus, incapable de trouver une façon de sauver la situation. Mia passe à l'attaque, le garçon évite son coup de pied mais, déséquilibré, ne voit pas venir le suivant, il se retrouve par terre sur les fesses, sous les rires des autres.

- hey, t'as pas d'honneur? Une petite blanche sans muscle te fout par terre devant tes potes et tu te frottes juste le cul comme une enfant de maternelle??

- tu vas voir Salope!!

- à ton service Connard!! viens prendre ta raclée!!

Cette fois, les coups pleuvent, ils ont un aperçu assez spectaculaire des fameux ciseaux propres au Việt Võ Đạo. Mia encaisse quelques coups de poings ou de pieds sans broncher... mais bientôt, la fatigue se fait sentir, elle décide de clore la discussion, le gars vole par dessus son épaule, pour finir lourdement contre le mur, son genoux fermement plaqué sur son entrejambe.

- c'est bon, ça me suffit, Xena la guerrière... joli, t'as gagné...

- voilà, voilà ce qui arrive si on me cherche, Axel Peresc... déclare t elle le regard ironique et determiné, on va les bouffer ces fameuses lasagnes ou non? Merci Gino... et à toi aussi... heu...

- Tony...

- sans rancune, Tony? Je pense que demain en me regardant dans la glace, je penserai à toi, tu cognes bien...

Des rires et des applaudissements retentissent alors qu'après avoir remis ses petites ballerines, elle repart dans l'escalier suivie par deux garçons sidérés...