Il faut y croire.

Chapitre 37

Dans la voiture, ils ne parlent pas. Axel, la tarte sur les genoux, a juste posé sa main sur celle de son amie sur le levier de vitesse. Il lui indique l'immeuble et Mia trouve à se garer juste devant le porche.

- salut maman, souffle t il dans l'interphone.

Pas de réponse... même après plusieurs tentatives... Un homme, arrivé derrière eux, les interpelle.

- oh vous devez être Axel, le fils de Henrietta et sa copine?

- oui.

- on est tous derrière, c'est la fête des voisins, venez... heu bonjour, je suis Pierrot, le voisin d'en face de Henrietta... hey!! regarde Rita qui j'ai trouvé en train de désespérer devant l'interphone!!

- mon fils!! s'écrie une petite femme toute menue, excuse moi, j'ai oublié de te parler de la fête!! je suis si heureuse de te voir!!

Mia se recule un peu, amusée de la gêne de son homme, embrassé comme un enfant de 6 ans devant tout le monde.

- maman, ça va...

Elle le lâche finalement sous les rires des voisins.

- pardon... et vous ne riez pas!! il n'est pas magnifique mon garçon??

il y eu des acquiescements pendant qu'Axel regarde ses pieds.

- oh et voici ton amie... Mila?

- non, maman, Mia...

- bonjour madame.

- non, non appelles moi Henrietta, comme tu es jolie... Mia... je suis ravie de te rencontrer... et heureuse que tu aies tenu le coup face à ce nigaud qui se croyait aussi mauvais que son père!

- il te faut la moitié de ton quartier pour parler de ma vie privée? grince son fils.

- oh non, non pardonne moi, je ne suis qu'une idiote... excusez moi tous les deux...

- on en était à préparer l'apéritif... tu bois quoi? Coupe Pierrot.

- un soda ou du jus de fruit...

- on a porté une seule tarte, fait Mia, on ne savait pas qu'on serait autant... où dois je la poser?

- j'aurais du vous prévenir... s'affole la femme, vous auriez préféré venir un jour tranquille... vous allez repartir?

Mia pose une main apaisante sur le bras de son ami qui semblait effectivement prêt à faire demi tour.

- non, ne vous en faites pas... je mets ma tarte avec les autres desserts, là bas?

- oui mon enfant, je serai ravie d'y goûter... tu aimes cuisiner?

- oui beaucoup, j'ai passé mon enfance à préparer à manger pour papa avec ma mère... j'ai un papa très gourmand... je suis la reine des gâteaux au chocolats.

- ils sont où tes parents?

- au bord du lac de Sainte Croix dans le Haut Var, papa a un garage.

- et si tu veux tout savoir en public, grince Axel, sa mère pense qu'elle n'est pas bien avec moi...

Le malaise des autres convives devient palpable.

- Axel, je t'en prie... souffle Mia, tu me mets mal à l'aise là... on ne peux pas tranquillement profiter de ce repas? S'il te plaît...

Le jeune homme sursaute.

- oui, pardonne moi... OK, je ferme ma bouche... viens là... viens là ma chérie...

Il l'enlace en l'embrassant tendrement.

- pardon maman, oui c'est vrai j'aurais préféré un repas de famille mais bon, tu as voulu m'exposer à tout tes proches, je suppose que ça devrait me flatter... on mange alors?

- c'est à moi de m'excuser mon chéri...

- allez venez manger tous les trois, fait Pierrot, tu viens Rita?

- «Rita»? grommele Axel, ça sort d'où ça? Maman s'appelle Henrietta, Du Gland.

Mia voit avec malice son homme froncer encore plus les sourcils en le voyant poser la main sur la taille de sa mère.

- ton père est mort... il y a longtemps... elle a le droit d'être une femme heureuse, non? Lui chuchote t elle à l'oreille.

- tu crois qu'il... enfin que lui et elle...

- est ce que c'est grave?

- ... non... il faut juste espérer que ce soit un brave type...

- profitons du repas pour mieux le connaître...

- d'abord, bisous... mmm...

Alors qu'ils s'écartent, ils sursautent, Henrietta, les larmes aux yeux, les regardent fixement...

- je suis tellement heureuse de te retrouver et de te découvrir heureux dans ta vie d'homme...

Le repas débute. L'ambiance est conviviale et Henrietta est clairement fière de 'montrer' à tout le monde l'homme magnifique qu'est devenu son fils qu'ils ont seulement vu en photo datant de quand il était un adolescent efflanqué à la mine renfrognée.

Pierrot se révèle être un compagnon de tablée enjoué. Les questions sur leurs études tirent à Henrietta des cris d'admiration devant les belles carrières qui les attendent. Les enfants de l'immeuble courent autour des tables sorties dehors, c'est finalement un bon moment.

- allez Marie, tu devais nous jouer quelque chose!! crie un homme.

- oui c'était prévu mais il me semble que la bonne femme du troisième va nous bassiner pour qu'on se prosterne devant le fils prodigue...

Axel et Mia qui discutaient tranquillement avec leurs voisins de table ne comprennent pas tout de suite qu'elle parle de Henrietta et son fils.

- oh, t'en fais pas... déclare Axel, j'ai pas prévu de t'obliger à m'écouter jouer... on est dimanche c'est le repos des braves... je t'en prie joue ce que tu avais prévu...

- oh quel fair play, tu te la pètes très fort pour un gars qui vit sous les ponts depuis qu'il a 17 ans!!

Mia respire un grand coup et se leve.

- ce n'est pas le cas... pas une seule nuit... et puis quand bien même, ça te fait quoi à toi? Petite fille bien à l'abri chez papa et maman? Tu as fait quoi de ta vie de petite merdeuse? De la glandouille au crochet des minima sociaux? Alors fais nous ton show, et quand tu auras le courage sors de ton quartier et viens écouter Axel au Gambrinus...

La jeune femme a reculé comme si Mia l'avait frappée. Les convives sont plutôt d'accord avec elle: Axel ne demandait rien, cette agression verbale était inutile et méchante. Maria prend sa guitare d'un air maussade et se met à chanter. Assez peu charitablement, Mia regrette que son chéri ne le fasse pas à sa place... Marie chante en fait assez faux!!

- c'était une connerie maman, cette histoire de fête des voisins... déclare Axel en se levant pour rejoindre son amie qui s'éloignait un peu. Mia... Mia attends moi... viens on rentre...