Chapitre 20

48 6 0
                                    


- en fait...Gino, il y a peut être un truc... un truc pas illégal que tu pourrais faire...

Mia voit les rouages du cerveau du bandit se mettre en action, il penche  la tête, méfiant.

- tu vends de la drogue à plein de monde, pas vrai? Demande t elle tout bas pour que personne ne l'entende, il opine simplement du chef.

Elle respire un grand coup et continue.

- et dans tes clients, y a pas des patrons de bars ou de pubs qui rechercheraient un guitariste? Je veux dire Axel est magique avec sa guitare, et là, il bosse pour un connard dans un piège à rats... et en plus, à cause de moi, il va sûrement perdre son boulot...

- alors oui, je connais pas mal de patrons de bar, oui ton chéri pourrait y bosser mais... pourquoi il perdrait son boulot à cause de toi...

Elle lui raconte tout, ses amis méprisants, la menace de Mathieu, les repas de midi misérables passés avec eux pour éviter le pire...Gino découvre la confiance... sans contrainte ni contrepartie, Mia lui parle de ses problèmes spontanément... comme on fait avec un... ami?????

- je comprends... je peux téléphoner...

- mais surtout, dis leur bien qu'Axel n'est pas... un type à toi, qu'il ne va pas vendre ou faire...

- oui oui... ne bouge pas et écoute... allô, Henri, dis moi, t'as trouvé un mec pour tes soirées? Non, oh alors mon pote, j'ai le mec parfait pour toi, Axel, guitariste, un petit blanc qui fait craquer les pucelles... ouais, il est dispo... les soirs oui, les week-ends aussi... bon, ne l'entube pas niveau salaire... par contre, pas de lézard, il habite dans mon immeuble mais ne bosse pas pour moi, un blanc bec réglo je te dis, t'auras pas d'ennui avec les flics pour ce gars là, un vrai saint... il étudie... je sais pas quoi mais c'est une tronche en plus d'avoir un petit cul à faire mouiller toutes les blanches de ton pub... OK, je te l'envoie pour un test... non pas de test? OK...

- ce soir 17h30, chuchote Mia.

- il sera chez toi ce soir à 17h30 au Gambrinus et je compte sur toi pour pas l'entuber... ouais ça semble raisonnable... OK, tu en auras pour ton blé... salut et passe me voir, j'ai des nouveautés, non Axel ne peut pas balader mon matos... il ne bosse pas pour moi... je ne prendrai pas ce risque... allez à plus! Salut.

- oh merci merci Gino!!

- de rien, je paye une dette, ça me coûte rien et mon client me doit un service!! alors, il propose trois soirs par semaine, le mardi de 19 à 22h pour 200 euros et les vendredi et samedi jusque minuit maxi pour 400 chacun...

- c'est merveilleux!!

- tiens salut Mia...

- oh salut Mathieu...

- c'est toi Mathieu? souffle le dealer avec sa mine de tueur, on parlait de toi justement...

- ... oui... c'est bien moi...

Dans son dos, Mia pouffe en regardant Gino se lever et mettre une trouille bleue au garçon en blouse blanche devant lui.

- salut Mia et merci pour mon petit frère...

- merci pour tout Gino!! fait Mia en venant lui poser un bisou sur la joue alors que Mathieu reprendt péniblement sa respiration.

- il a taché son caleçon, chuchote le bandit avant de partir en faisant signe qu'il gardait l'interne à l'œil.

- Mia, tu devrais pas traîner avec ce gars là...

- il est adorable, en fait...

- un serveur, un bandit... Mia, je ne te reconnais plus... tu nourris des SDF aussi?

- heureusement que tu es là pour faire le ménage autour de moi, pas vrai? Grince t elle.

- pourquoi tu dis ça? Sursaute t il.

- c'est pas ce que tu fais?

- les amis veillent sur leurs amis et c'est ce que je fais...

- j'en ai de la chance...

- on se voit ce midi?

- je ne sais pas, j'ai une rapide course à faire, je vous rejoindrai au réfectoire.

Les cours reprennent et elle file vite à l'appartement chercher la guitare d'Axel qu'elle laisse dans le coffre. Hervé était tranquillement devant la télé, elle lui trouve un bol de soupe et du saucisson dans le frigo avant de repartir en vitesse. En arrivant au réfectoire, la bande parlait d'elle.

- je ne veux pas traîner avec une fille qui embrasse des voyous!! pouah!! grognait Tatiana.

- c'est le genre de crétine qui va gâcher sa carrière à faire de l'humanitaire, rigolait Katia, mon chéri en a connu un, il fallait toujours aider le plus démuni.. ben, il roule en polo et mon chéri en porche!!

- avant, elle nous écoutait... mais maintenant, elle n'en fait qu'à sa tête...

- tu crois qu'elle le voit en cachette, l'autre petite merde de serveur?

- non! Oh quand même, un traîne savate comme lui... bon, elle ne plaît à personne mais quand même... corrigea Ava.

- un type pareil il sauterait sur l'occasion... conclut Mathieu, j'ai bien fait d'aller lui remettre les pendules à l'heure. Avec sa face de gigolo, il pourrait la faire craquer...

- salut, les amis... siffle Mia en s'asseyant.

- oh! te voilà...

- bonjour, tu es magnifique, minaude Tatiana, tu as mangé?

- non, j'ai juste le temps de grignoter. Vous parliez de quoi?

- de rien.

- oh, en chœur! Vous êtes bien synchrones.

- tu voudrais pas sortir un de ces jours?

- pourquoi pas... c'est moins tendu niveau cours... peut être vendredi? On en reparlera d'ici là? Proposa t elle en attaquant péniblement son plateau, l'appétit coupé par l'hypocrisie autour d'elle.

Elle mange en silence en ignorant les regards de connivence.

Son groupe a un TP particulièrement ardu l'après midi, elle en oublie ses soucis et se retrouve dans sa voiture pour filer vers l'école d'ingénieur de son ami. Elle le trouve en grande discussion au milieu d'un groupe d'étudiants qui s'approchent pendant qu'elle se gare.

- je vous présente Mia, ma chérie, ma belle chérie!! Mia, le troupeau de crétins qui étudient avec moi.

- et bien, on est ravi de te rencontrer, depuis le temps qu'on entend parler de toi!! moi, c'est Valentina.

Ici, pas besoin de se cacher, pas de regard en douce, juste des personnes qui lui parlent gentiment.

- Axel, il faut qu'on y aille...

- je prends à 18h...

- non, tu as un truc à faire dans 20 minutes... et je suis passée à l'appart prendre ta guitare...

- quoi???

- allez viens, je t'explique en roulant.

- bon, ben je vous lâche!!

- tu nous raconteras demain!! salut.

Il faut y croire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant