Il faut y croire.

Chapitre 50

La journée continue ainsi, pas une seconde elle n'a eu le temps de consulter son portable, pourtant elle est sure qu'un message de son homme l'y attend.

Elle finit par  réussir à s'isoler quand un pompier mal à l'aise l'interpelle.

- oui? Fit elle en rangeant son téléphone.

- Madame, vous êtes pédiatre?

- interne en pédiatrie oui...

- nous avons là, un garçon, très choqué... 10 ans, multi traumatisé...

- oh OK, je vous suis.

- attendez, je cherchais à parler à un médecin sans qu'il entende...

- d'accord, je vous écoute.

- les voisins ont alertés les gendarmes qui nous ont ensuite appelé... ce môme et sa sœur ont été battus par leur père...

Mia sent ses cheveux se dresser sur sa tête.

- c'était fréquent mais là... enfin, ce type, il a battu à mort la petite fille de 8 ans, et son frère que je vous amène... est vraiment mal en point physiquement mais encore plus moralement... il a vu sa sœur mourir, vous comprenez?

- oui, oui je comprends, articule Mia le cerveau en boucle sur le cauchemar de son homme cette nuit. Allons y.

Un regard mort la fixe quand elle entre dans la salle de réanimation.

- bonjour, je m'appelle Mia, je vais m'occuper de toi...

- non. Je vous en prie madame laissez moi mourir... je ne suis qu'un moins que rien...

Mia respire profondément.

- je comprends que tu le penses, mais tu te trompes...

- ...

Résigné, le garçon serre les dents et la laisse l'ausculter. Il a des fractures partout, un traumatisme crânien sévère, plusieurs dents cassées... Mia découvre également des marques anciennes de brûlures de cigarettes et des lacérations de ceinture dans son dos qui lui mettent les larmes aux yeux.

Elle se secoue et continue son travail le plus doucement possible. Elle ne tente pas de lui dire que tout va bien, ou qu'il va aller mieux... elle sait bien que même dans dix ans il en fera encore des cauchemars et aura du mal à ne pas se voir comme un chien galeux errant.

- voilà, je vais parler aux autres et je reviens.

- ne pleurez pas pour moi madame, j'en vaux pas la peine...

- tu en vaux la peine et je ne vais pas pleurer mais crier de colère!

- de colère?

- de rage qu'un monstre t'aie fait ça!

- il a tué ma sœur... à coup de poing madame... elle ne souffre plus ma petite sœur... est ce que je pourrais aller lui dire au revoir quand il faudra l'enterrer?

Ce sera sa litanie, il posera cette question à tous les soignants qu'il croise, inlassablement.

Mia s'est précipitée dans le bureau du chef de service. Elle lui parle de leur jeune patient si mal en point et se permet de lui parler de son fiancé, incertaine de pouvoir rester professionnelle devant ce petit garçon qui a tellement de points commun avec Axel.

- et bien, moi je ne suis pas d'accord, tranche le Dr Frenco, tu as tout en main pour l'aider ce gamin.

- oui, je peux le soigner.