Chapitre 66

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Le gouvernement ne dé-confine pas les gens tout de suite, le nombre de décès baisse régulièrement mais il y a encore beaucoup trop de personnes malades. Les hôpitaux parviennent à peine à reprendre le contrôle de la situation, il ne faudrait pas qu'une deuxième vague de patient viennent à nouveau les engorger.

Axel découvre que le confinement ne lui va pas du tout, surtout les jours où sa fiancée est de garde à l'hôpital. Il enchaîne des entraînements sportifs dans le salon, de la course dans l'escalier de haut en bas, du ménage à haute dose, du rangement partout, bref met les nerfs de son ami en pelote.

Et Hervé n'a pas besoin de ça, le jour de sa rencontre avec Tom approche...

L'ambiance dans l'appartement est infernale. Axel tourne en rond énervé comme un chat qui se brûle, Hervé est à la limite de la crise de nerf et  Mia, apathique, épuisée,  ne remonte pas la  pente, ne garde toujours pas ses repas et a les larmes aux yeux pour rien. Elle se traîne d'une pièce à l'autre comme une âme en peine...

Le jour du rendez vous de Hervé arrive finalement. Axel a mis le réveil tout bas en espérant que sa chérie ne se réveillerait pas.Elle a les yeux ouvert et fixe le plafond quand lui ouvre un œil.

- oh, ma belle douce chérie, tu ne dors pas...

- non, j'ai un peu mal au crane... fait elle, et sûrement un peu de fièvre...

- mince... tu t'es chopée une merde...

- on n'a plus de Doliprane... tu voudras pas, en revenant, passer à la pharmacie?

- si bien sur mais en attendant, je sais où en trouver... répond il en se levant. Hey Hervé debout, ne soyons pas en retard... t'as pas du Doli?

- ... si... tiens... mal au crane?

- non, pas moi, c'est Mia, elle a un peu de fièvre... je passerai en reprendre au retour...

Le plan de départ pour les retrouvailles a été modifié, pas encore d'école pour Tom, donc Martine et lui rejoindront Hervé dans l'après midi et le raccompagneront une fois ses soins terminés.

Axel retourne dans la chambre avec un verre d'eau, le cachet et un petit déjeuner.

- j'ai vraiment pas faim tu sais...

- je le sais ma chérie, mais tu es transparente à force de rien garder... et maintenant, tu as de la fièvre... si ça ne passe pas, demain je t'emmène à l'hosto, tes collègues te feront des tests... c'est pas normal... d'accord?

- ...d'accord... là, je vais juste dormir, j'en peux plus...

Axel la regarde grignoter un petit biscuit, avaler son cachet et se lover sur son oreiller à lui.

- repose toi, je reviens vite... je t'aime...

- je t'aime aussi...

Mais il ne revient pas si vite que cela, la panique de son ami lui déclenche une crise énorme, juste avant qu'ils n'arrivent à l'hôpital. Le jeune homme  a cru ne jamais réussir à le sortir de la Corsa, heureusement que leur ami Christian les attendait en bas...

Au final, trois heures se sont écoulées quand il arrive à l'appartement avec les cachets dans un petit sac. Appartement très silencieux.

- oh hé, Mia, tu dors encore jolie marmotte? Demande t il doucement en glissant un œil dans leur chambre.

Une seconde plus tard, il ouvre la porte en grand et allume la lumière, le lit est défait, il y a des affaires en vrac par terre et Mia n'y est pas!!

Il refait le tour du logement en courant... personne... Il se dit qu'elle a du avoir plus de fièvre et aller à la pharmacie, où voir l'infirmière dans la cage d'escalier à coté. Il tente de l'appeler sur son portable, mais elle ne répond pas... il repart dans les étages et apprend qu'un gars de Gino l'a croisée alors qu'elle s'en allait, elle pleurait et grelottait... L'infirmière, elle, elle ne l'a pas vue...

Le jeune homme décide d'appeler sa complice de toujours, Anahéra. Elle s'inquiète beaucoup mais n'a aucune nouvelle... Il tourne un peu en rond puis il respire un grand coup et appelle la police. Il attend qu'ils viennent prendre sa déposition pour commencer les recherches quand il sursaute... il n'y a pas songé, peut être Matt est il passé la chercher...

- allô? C'est Axel.

- salut, mon gars, alors, tu finis par te faire au confinement? Demande Matt.

- oui... non... je sais pas... vous avez des nouvelles de Mia?

- quoi? Non.

- elle... je sais pas où elle est...

- comment ça tu sais pas où elle est?

Il raconte le début de journée, Hervé et sa crise, le passage à la pharmacie pour les cachets et l'appartement vide au retour... et le type qui l'a vue en pleurs...

- on s'est pas engueulé, elle avait juste mal au crane et un peu de fièvre. Quand je suis parti elle voulait dormir...

- il faut avertir les flics...

- c'est fait, ils doivent pas tarder... et j'ai appelé les potes à l'hôpital... si elle arrive dans un hosto du coin, on le saura...

- bien... j'arrive...

- il y a ce putain de confinement...

- ouais, ben si un flic m'arrête je lui expliquerai où il peut se le mettre son confinement... ça fait trop longtemps que j'ai pas été en garde à vue...

- ça aidera pas Mia, ça... oh voilà les poulets...

- moi, j'arrive... hey gamin, tu as fait ce qu'il fallait...

Gino, par amitié pour Mia, tolère des policiers dans l'immeuble. Les quatre agents retournent tout dans l'appartement pendant que leur chef cuisine Axel comme s'il avait tué sa fiancée et caché son corps. Quand Matt arrive, Axel assit à la table de la cuisine répète une fois de plus le déroulement de la matinée au gradé imperturbable en face de lui.

- qui êtes vous Mr?

- le père de la jeune femme disparue.

- vous n'avez pas le droit d'être...

- j'ai là mon papier pour sortir et le motif 'problème familial impérieux' me semble justifié mais si vous voulez vous me collerez toutes les amendes que vous voudrez, vous me collerez en garde à vue pour outrage ou ce que vous voudrez quand ma fille sera de retour chez elle, en bonne santé, c'est clair?

- Chef, on a une piste!! crie un des agents depuis le fond du couloir.

Matt et Axel vont pour s'élancer quand le chef en question leur barre la route la main sur son arme.

- vous deux, vous vous installez dans le canapé et défense d'en bouger.

- OK, OK...

Ils entendent les types parler d'un ticket de caisse du jour, d'un test positif... puis les quatre agents et leur chef reviennent dans le salon.

- vous n'auriez pas oublié de nous parler de quelque chose Mr Peresc? Demande ce dernier en brandissant un bâtonnet en plastique blanc.


Il faut y croire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant