Chapitre 27

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Les jambes chancelantes, elle court dans les escaliers pour tomber dans les bras d'Axel en larmes une fois la porte de l'appartement franchie.

- Mia? tu pleures? tu saignes du nez??? qui t'a frappée?? s'écrie Axel.

Elle raconte tout, la rencontre, les menaces, la gifle, l'intervention glacée de Gino...et la convocation.

- oh merde... gémit Hervé, on est trop con... ah la la...

- ouais, j'ai plus pensé à cette face de calamar... soupire Axel. Je vais mettre des fringues pourries et j'y vais...

- non, non gamin, moi, j'y vais... il est à mon nom au final cet appart...

- Hervé, tu ne supporteras pas ça... tu vas claquer une crise et on pourra pas venir t'aider... j'y vais...

- tu vas... tu vas faire quoi? Tremble Mia.

- je vais assumer, t'en fais pas... répond il d'une voix sourde, toi, Hervé, tu ne la laisses pas sortir... sous aucun prétexte... tu fermes à clé et tu n'ouvres que si moi, je dis d'ouvrir... c'est clair?

- oui...

- faites du ménage, fait il en articulant un sourire, ça fait passer le temps.

- explique moi... je t'en prie...

- je dois y aller, Hervé t'expliquera... à tout à l'heure...

Son baiser, accompagné d'une regard triste et misérable lui fait mal, il se sauve dans l'escalier, Hervé referme à clé et cale la clé dans son caleçon, l'air déterminé.

- allez, on doit nettoyer...

- ils vont lui faire du mal...

- oui... et on n'y peut rien... tu t'occupes de la cuisine et moi des chiottes...

- on ne va rien faire?

- non, sinon on se fera tous tuer... là, Axel va se prendre une 'correction' mais ils ne le tueront pas..

Une heure plus tard, l'appartement est propre du sol au plafond et Mia se sent devenir folle d'angoisse. Hervé, lui, a du prendre un cachet de secours et est prostré dans son fauteuil.

Un grattement à la porte les fait sursauter.

- c'est moi... ouvrez...

- Hervé la clé!! la clé!!

Il déverrouille et elle trouve son ami, le visage en sang adossé au mur pour ne pas tomber...

- oh non...

Ils le traînent à l'intérieur.

- ne me collez pas dans le canapé, je vais foutre du sang partout...

- la douche... décide Mia, Hervé aide moi... on va te mettre dans un bon bain chaud...

- tu as mal où, gamin?

- je dois avoir quelques cotes cassées ou fêlées... mal au genoux... au dos... au bide... et...

- alors d'abord, tu pisses... ça aidera pour le reste...

Il se retrouve tout nu dans la salle de bain avec une jeune interne scandalisée qui inspecte ses plaies, sans plus une pensée pour son traumatisme à elle.

- aller entre dans le bain, ça va te soulager... ton genou m'inquiète... ils t'ont frappé avec quoi?

- ... barre de fer...

- je vais tuer quelqu'un... gronde t elle en sortant de la pièce pour revenir avec sa mallette médicale.

L'eau chaude lui fait du bien, Hervé a été mettre les vêtements souillés au lavage. Mia penchée sur lui palpe son abdomen. Axel tache de se détendre.

- coups dans le ventre?

- oui, poings, pieds et barre de fer.

- ton foie est gonflé... respire fort... j'espère que tes cotes ne sont pas cassées... mais fêlées c'est sur...

- ça se remet tout seul les cotes...

- le foie aussi... sauf s'il avait éclaté... ne bouge pas ta jambe... ton genoux est abîmé... on va le laisser dans l'eau chaude... je vais maintenant, m'occuper de ton visage...

- Mia... je suis désolé...

- de quoi?

- que tu sois témoin de tout ça.

- Je Suis Ta Copine C'est Mon Boulot Ne T'excuse Pas... oh, tu as la tête qui tourne??

- non...

- j'ai mal, Axel de te voir dans cet état à cause de moi...

- c'est de ma faute... soupire Hervé, revenu de la cuisine, quand Axel est venu vivre ici, j'ai eu le même problème, mais tu vois, comme je suis un foutu connard de demeuré, ça m'a pas servi de leçon... comment je peux aider?

Mia en silence, concentrée sur ses gestes prend la tension, vérifie les réflexes et les éventuelles lésions internes de son ami. Il sort finalement du bain, en ayant eu une injection anti douleur. Chaque plaie ou coupure a été  désinfectée et refermée par des strips, et à présent, son genou est le centre de l'attention de son amie qui l'a collé dans le canapé après l'avoir aidé à passer un jogging bien confortable.

- tu es musclé...heureusement... tes muscles ont amorti les coups.. mais ton ménisque à trinqué... il ne faut pas que tu marches dessus... en sortant des cours ou sur la pause repas, tu viendras à l'hôpital faire une radio... de ton genou, tes cotes et ton crane... un vrai shooting photo de star...

- quand j'étais encore en forme, se rappelle Hervé, je faisais du Hand et on m'avait obligé à porter une genouillère... je dois l'avoir quelque part...

- si tu la trouves Hervé, ce sera super pour qu'Axel puisse aller en cours demain...

- mission spéléo!!

- viens là, chuchote Axel, en désignant le canapé près de lui.

Son amie vient l'y rejoindre et se cale doucement dans ses bras en faisant attention à ses cotes.

- j'adore quand tu prends soin de moi...

- moi j'adore le faire mais là, c'est vraiment extrême...

- t'as raison... j'ai droit à un bisou?

- mille...

- alors feu, je compte! Un, deux... mmm, trois...

Hervé qui revient  victorieux la genouillère à la main, choisit de retourner ranger le bazar qu'il avait mis dans sa chambre en cherchant partout.

Il en ressort en entendant Mia parler de repas. De la soupe, forcément, pour ne pas fatiguer le foie martyrisé.

La genouillère est validée et permet au jeune homme d'aller aux toilettes en clopinant.

- je suis décalqué...

- mon pauvre... regarde je t'amène de la soupe et du pain, et ensuite on t'aide à te mettre au lit...

- j'ai droit à un peu de jambon, moi? négocie Hervé.

- oui... oh aller Axel, fais un effort, il te faut des forces pour te remettre.

Docilement, il finit sa soupe et se laisse mettre au lit, blotti contre sa chérie... Il s'endort instantanément. Elle s'autorise à laisser sortir sa peine, sa rage, son angoisse et doit se lever pour ne pas réveiller son chéri avec ses sanglots.

Hervé la trouve en larmes sur le balcon... il passe maladroitement le bras autour de ses épaules et se retrouve avec une jeune femme secouée de sanglots convulsifs contre lui. Il faut de longues minutes pour qu'elle s'apaise.

Pour un homme qui, une semaine plutôt, pensait ne servir à rien, être un poids mort, un boulet... Il se sent à présent utile...

Il envoie la jeune femme au lit et s'écroule dans le sien... mais, avec tout ça, il n'a pas pris ses cachets. Il file les prendre et le signale fièrement à travers la porte. Un bravo chuchoté l'envoie dans sa chambre le cœur en fête.

Il faut y croire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant