— ... èr eufneut les yeux.
À peine j'ouvre les paupières que la lumière m'agresse. Tout est blanc, j'arrive tout juste à distinguer deux silhouettes floues sans visage qui me font face. Le son revient lentement, comme si quelqu'un montait progressivement le volume d'une télévision. En plus du problème d'image, je ne comprends rien, c'est tout en allemand, et impossible de changer de chaîne. Après ma vision et mon ouïe, mes autres sens se réveillent. Je suis couché au sol, sur le flanc. Mes mains sont attachées dans le dos et quelque chose me rentre dans la hanche, quelque chose qui traîne par terre. C'est terriblement inconfortable. Je sens qu'un liquide tiède coule dans ma bouche, mais je ne parviens pas à l'identifier, mon odorat semble en panne, d'ailleurs j'ai du mal à respirer par le nez...
Ah oui ! Ça me revient, je suis mal barré.
J'essaie de bouger, mais mon corps refuse d'obéir. J'ai toutes les peines du monde à maintenir ma tête avant de la laisser lourdement retomber au sol. Impossible de savoir où je suis ni qui sont ces gars, tout est plongé dans cette lumière aveuglante. Des douleurs se réveillent, particulièrement dans ma poitrine et à l'arrière de mon crâne.
Une puissante main me saisit par le col et soulève le haut de mon corps de quelques pouces. Un visage apparaît juste en face du mien, nos nez pourraient presque se toucher. C'est un homme, deuxième moitié de quarantaine je dirais, en tout cas c'est ce qu'indiquent sa barbe grisonnante et ses traits creusés autour des orbites. Son regard est sévère avec une pointe de dégoût, comme s'il découvrait une nouvelle verrue purulente sur son corps. Il me fixe, les yeux grands ouverts, comme s'il imprimait mon visage dans son esprit.
— D'où tu viens le meurdeur ?
Sa grosse voix allemande me sort de ma torpeur, à moins que ce soit la pression qu'exerce sa main sur mon col. Il doit y avoir un malentendu, je ne suis qu'une victime collatérale. Il faut que ...
— Hey ! Tu m'écoutes ?
D'une seule main, il me secoue d'avant en arrière. J'ai cru que ma tête allait se décrocher. Quelle force. Cette stimulation a au moins eu le mérite d'accélérer mon réveil.
— Je... je suis... voyageur.
— Qu'est-ce qu'il dit ? demande nerveusement un second type.
— Il... C'est un anglais, ou un américain.
Puis il me plaque contre le mur derrière moi pour me maintenir en position assise.
Je reprends mes esprits, me permettant de faire enfin le point sur la situation. Je suis toujours dans les toilettes, assis contre le mur entre deux lavabos, face aux cabines. Trois mecs debout me regardent. Leurs visages se dessinent à peine dans la pénombre. La nuit est tombée dehors, la seule source de lumière provient d'une lampe posée sur le sol.
— Qui es-tu et d'où viens-tu ?
C'est maintenant au tour d'une troisième voix de m'interroger, plus posément, et en anglais cette fois.
Ma position assise a permis à mon nez de se déboucher, je peux à présent sentir le goût du sang qui coule dans ma bouche et ma gorge.
— On t'a posé une question !
— Je m'appelle Billy, je suis américain.
— Va te faire foutre !
Le deuxième type, le plus nerveux, m'attrape à son tour par le col.
— On te demande d'où tu viens aujourd'hui ? De quelle communauté es-tu ? Qui...
— Lass hinn, il ne répondra pas, beurouhigue dich, s'il te plaît.
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Chroniques des Terres enclavées - Émergence partie 1
Научная фантастикаAlors que la Troisième Guerre mondiale fait rage, le monde bascule dans l'escalade nucléaire le 21 septembre 2037, « The Enola Day ». Le conflit dure quelques mois, suffisamment longtemps pour défigurer la planète. En Europe, un immense territoire s...