Alors que la Troisième Guerre mondiale fait rage, le monde bascule dans l'escalade nucléaire le 21 septembre 2037, « The Enola Day ». Le conflit dure quelques mois, suffisamment longtemps pour défigurer la planète.
En Europe, un immense territoire s...
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Récupérer mon souffle et ma vue a pris du temps, mais rien en comparaison des longues minutes qu'il m'a fallu pour calmer Tanya. Elle était en pleine crise de nerfs, impossible de la retenir lorsqu'elle secouait le corps de Tobias ou donnait des coups de pieds dans celui de son assassin. J'ai été obligé de la prendre solidement dans mes bras en attentant que ça passe, je n'avais plus de force pour quoique ce soit d'autre de toute façon.
Pendant ce temps, la guerre civile continuait. Par les fenêtres, j'ai pu voir Erwin prendre le contrôle de la petite cour grâce à des renforts qui se sont ralliés à lui. Puis ils ont fait le tour pour vérifier qu'ils ne laissaient personne d'hostile derrière eux avant d'intervenir dans la communauté, de l'autre côté, où les combats faisaient toujours rage. Un de ses hommes est tombé sur nous. Il nous a regardés, moi assis contre un mur, le visage tuméfié, puis Tanya, toujours dans mes bras pour contenir ce qui lui restait encore de rage, et enfin le triste spectacle autour de nous, deux corps sans vie de personnes qu'il connaissait. Ne cherchant pas à comprendre davantage, il est monté pour vérifier qu'il n'y avait personne à l'étage.
Tanya semble à présent se calmer. Il nous faut bouger.
Des voix s'élèvent dehors, à tour de rôle, comme un écho. C'est la panique, mais impossible de comprendre ce qu'ils se disent.
— Ils viennent de la trouver.
Tanya s'écarte, toute tremblante, les yeux encore humides.
— Lisbeth, ils viennent de la retrouver, elle est morte.
Elle m'a annoncé la nouvelle comme si son monde venait de s'écrouler. Je ferais mieux de montrer un peu de compassion.
— Ils n'avaient pas le choix, tu le sais. Je veux dire, pour arrêter ce massacre, c'était lui ou elle.
Mais quel con, je ne pouvais pas trouver mieux ?
— Ce n'est pas Erwin. Elle a pris une balle de Ralph, dès le début, dans le ventre. On n'a pas réussi à stopper l'hémorragie, elle s'est vidée de son sang.
— Tu veux dire que ce n'est pas elle qui a ordonné les assauts qui ont suivi ?
Pas de réponse.
Tout ceci était donc inévitable. La colère grondait depuis trop longtemps, et dans les deux camps. La haine. C'est la haine et la rancœur qui les ont tous poussés à s'entretuer.
Mais pas le temps de s'apitoyer. La voie est maintenant libre pour s'enfuir.
— J'y vais, Tanya, c'est le moment ou jamais de sortir de tout ce bordel. Qu'est-ce que tu fais ?
Elle me regarde. Ses yeux se remplissent à nouveau de larmes, puis elle me fait un signe affirmatif de la tête.
— Plus rien ne me retient ici...
Elle se lève, prend son arme et regarde une dernière fois la dépouille de son jeune ami. Après quelques secondes de recueillement, je lui fais comprendre qu'il est temps d'y aller. Avant de sortir, je regarde par la fenêtre pour vérifier que la voie est libre. Il y a du monde près du corps de Lisbeth, beaucoup de monde, mais plus personne à la petite porte des remparts, plus personne de vivant en tout cas. C'est donc safe. Alors je sors de la maison et me dirige vers la sortie, suivi de près par Tanya. Nous croisons les deux corps encore chauds. Je m'arrête. Rien ! Ils n'ont rien sur eux en-dehors de leurs couteaux de cuisine émoussés. Ils comptaient faire du mal à quelqu'un avec ça ? J'en prends un que je tends à Tanya. Elle décline en me montrant son HK G36. Elle n'a pas compris.