Chapitre 27.1 - ... requiert un ennemi

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Le fourgon trace à travers champs ! À l'arrière c'est la galère, ça s'coue dans tous les sens ! Plongés dans l'noir, impossible d'anticiper les creux et les bosses sur lesquels nous roulons, et pas moyen de se tenir à quoi qu'ce soit, on n'voit rien du tout ! On se percute les uns les autres, trébuche sur c'qui traîne par terre et on se fracasse sur les parois métalliques. La tôle de la caisse est perforée par endroits, des balles ont réussi à traverser !

— Tout le monde va bien ? demande Eugen, paniqué.

— NON !

Phil n'en peut plus, il douille sévère avec son pied cassé. C'est déjà chaud physiquement de s'cogner partout sans pouvoir contrôler quoi qu'ce soit, alors avec sa fracture j'préfère pas imaginer. Chaque secousse est immédiatement suivie par ses râles de douleur.

Eugen tente de lui venir en aide.

— C'est quel pied ?

Il doit hurler pour pouvoir s'faire entendre.

— Le droit...

Sa voix tremble, il chiale. Il est à bout d'force.

— Je vais te maintenir la jambe pour éviter qu'elle ne se balade. Billy, vient m'aider. Billy !

Billy ne répond pas.

— Merde. Yvo, trouve Billy et occupe-toi de lui.

— Il est où ?

— À côté de moi. Dépêche-toi !

J'tâtonne le sol pour trouver un corps.

Une violente secousse me fait tomber en arrière, suivie par un déchirant cri de douleur de Phil. Comment j'aimerais pas être à sa place.

— Tiens le coup mon vieux, je suis là.

Je me relève et reprends mes recherches.

Je sens une jambe.

— Bordel, Yvo. C'est ma cuisse que tu tripotes.

C'est Michael. Faut toujours qu'il râle lui.

— Déso. Aide-moi à trouver Billy.

— Tu m'donnes pas d'ordre le morveux.

— Mais arrête tes conneries, Michael, aide-le !

L'intervention d'Eugen ne plaît pas à ce gros con. Il grogne mais se décide quand même à m'aider.

— L'Américain est par là je crois.

Il prend ma main pour me guider et la pose sur une chaussure. Je remonte la jambe en la tapotant. Pas de réaction.

— Billy ?

Aucune réponse. Et on n'voit toujours rien la-d'dans.

— Michael, file-moi ta lampe.

— Deux secondes...

Pendant que l'autre grincheux fouille ses poches, Eugen tente de rassurer Phil qui souffre le martyre.

Mais au fait, Rudy ?

Michael tapote sur mon épaule avec le manche de sa lampe.

— Tiens.

— Merci. Rudy va bien ?

— Rudy ? J'en sais rien moi. Rudy !

Un virage serré nous envoie tous nous écraser contre une paroi. Ça sonne. Et toujours les hurlements à la mort de Phil.

Une énorme bosse nous fait carrément décoller du sol !

Cette fois plus de cris à notre atterrissage.

Chroniques des Terres enclavées - Émergence partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant