Chapitre 35

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Encore une fois, un petit changement de point de vue. Cette fois, c'est dans la tête de Lexa que nous allons nous retrouver.

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Un mois. Un mois que je n'ai presque plus aucunes nouvelles de Clarke. Un mois.

Je sais que c'est de ma faute, que je n'aurais pas dû tant repousser le moment de vérité. Je savais très bien que, à un moment ou un autre, elle finirait par l'apprendre. C'était inévitable. Je suis très douée pour prendre une identité qui n'est pas la mienne, mais uniquement en mission, quand tout est prévu pour. Et, surtout, quand je n'ai pas à concilier deux vies totalement différentes. Devoir jouer à la fois cette fille évadée de l'enfer par miracle et l'agent du FBI en charge d'une enquête sans précédent était tout simplement impossible.

Costia a été la première à mettre en péril ce mensonge. Elle a débarqué comme une furie en m'appelant Lexa. Je l'avais pourtant mise au courant que je revenais d'une nouvelle mission d'infiltration, et que malgré mon retour, je devais encore assumer ce rôle pour un petit moment. Elle sait très bien à quel point je peux me mettre dans des situations dangereuses. Je suppose que c'est la colère qui lui a fait perdre toute erreur de jugement. J'espère que c'est ça.

Mais cette incident, je ne pense pas que Clarke l'a remarqué. Ou alors elle a cru à un surnom affectif. Dans tous les cas, elle n'a fait aucune remarque. Je pense que la venue de cette inconnue l'avait pas mal bouleversée, ce qui jouait aussi certainement. Elle veut faire sa forte, en toutes circonstances, mais je voyais bien qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme. Bien que je n'en sache pas la raison exacte, je me doute que ça a un rapport avec le clan.

Je me suis trop détendue après cette soirée entre nous. Habituellement, surtout ces derniers temps, je garde toujours mon téléphone près de moi. Peu importe ce que je fais. Je peux à tout moment recevoir un appel urgent, je suis toujours en fonction sur l'affaire du clan.

Et tout a explosé. Je l'ai vu, dans son regard, le peu de joie que j'avais réussi à instaurer venait de disparaitre. Tout s'est effondré comme un château de cartes.

Je me souviens de ce soir comme si c'était hier. Je pense que je ne pourrais tout simplement jamais l'oublier.

Je n'ai même pas eu le temps de lui expliquer correctement la situation. Si j'étais restée avec elle, est-ce que les choses se seraient déroulées autrement ? Est-ce que j'aurais pu la retenir ?

Je ne me sens pas à l'aise de la savoir si loin. Et surtout aussi exposée au danger. Car oui, concrètement si je voulais la garder auprès de moi ce n'était pas un simple caprice : dernièrement les évadés du clan disparaissent les uns après les autres. Au début, personne n'y a vraiment fait attention. C'était surtout assez compliqué à remarquer tant ils sont nombreux, et surtout que la plupart ont disparu dans la nature dès leur évasion. Je suppose qu'on ne peut pas vraiment leur en vouloir vu ce qu'ils ont vécu.

Mais certaines familles ont commencé à reporter la disparition de ces récents miraculés. Et de fil en aiguille, nous avons compris qu'ils n'étaient pas les seuls.

C'est la raison pour laquelle Lincoln m'avait appelé. Une réunion d'urgence avait tout de suite été organisée. Ça ne pouvait pas être une simple coïncidence. Encore aujourd'hui, nous sommes incapables de déterminer avec exactitude leurs motifs. S'il s'agit d'anciens dirigeants du clan, ils ne peuvent quand même pas tenter de tous les récupérer. Il y en a beaucoup trop. Alors pourquoi ? Et sur quel critère choisissent-ils leurs victimes ? A première vue, c'est complètement aléatoire. Et peut-être est-ce le cas.

Voilà exactement pourquoi je ne voulais pas la voir partir sans aucune protection. Tant qu'elle restait avec moi, je pouvais la protéger personnellement. Maintenant, je n'ai plus aucun impact sur elle. Sa sécurité a été relégué à d'autres agents qui surveillent discrètement depuis l'extérieur. La blonde ainsi que les civiles ne doivent se douter de rien. Sans quoi, la nouvelle se répandrait comme une trainée de poudre, provoquant une panique sans précédent que nous serions incapable de gérer correctement en plus de tout ce à quoi nous devons déjà faire face. Seul Bellamy, impliqué dans cette affaire, est au courant de la surveillance dont sa maison fait l'objet.

Et à cause de ces secrets, de mes secrets, je l'ai perdue.

Je me souviens de mon retour. Parfaitement.

Anya était à la limite d'exploser, chose plus que rare, elle qui est celle qui m'a appris à garder mon sang froid. Bien que ces derniers temps ce ne soit pas une réussite pour ma part.

J'ai rapidement compris la raison de son emportement en apercevant Bellamy, un sac à la main. Je ne savais même pas que Clarke avait repris contact avec lui. Preuve que, au final, autant l'une que l'autre, nous nous connaissions très mal.

J'ai dû rassurer ma collègue pour qu'elle parte rapidement. Les deux autres ont suivis, sans me laisser le temps d'en placer une.

J'ai tenté de rattraper la blonde mais le brun m'a fait comprendre d'un regard qu'il valait mieux que je lui laisse du temps.

Je n'ai même pas pu voir une dernière fois ses yeux océans avant qu'elle ne passe définitivement la porte, son bébé dans les bras.

Je suis sortie de mes pensées par une sonnerie. Celle de mon téléphone. C'est Bellamy.

- Allo ?

- Tout se passe bien avec Clarke ?

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il me raconte ?

- C'est plutôt à moi de te poser la question.

- Attend, Clarke n'est pas avec toi ?

- Aux dernières nouvelles, elle ne veut plus me voir.

Je l'entends jurer de l'autre côté de l'appareil.

- Elle a pris un taxi pour venir te parler il y a quelques heures. On est sans nouvelles depuis.

C'est une blague j'espère. Une blague de très mauvais gout.

- Je vais essayer de joindre celui qui était en surveillance aujourd'hui.

- D'accord... Si tu as la moindre information...

- J'essayerais de te rappeler.

- Merci.

Je n'aime pas du tout la tournure que prennent les évènements.

Je ne perds pas une seule seconde avant de composer le numéro de Gustus, lequel ne répond pas.

Je n'aime vraiment pas ça. Il n'y a pas beaucoup de raisons pour empêcher un agent sur une mission de surveillance de répondre. Et elles sont rarement bonnes.

C'est finalement à Anya que je sonne. Elle au moins décroche directement.

- Lexa ? Tout va bien ?

- Est-ce que tu pourrais tracer Gustus ?

- Gustus ? Sans soucis mais pourquoi ?

- Fais-le juste. Il ne répond pas et j'ai un mauvais pressentiment.

- Ton instinct te trompe rarement. Donne-moi quelques secondes.

Nous n'avons pas quelques secondes. Pas si ce que je crois être arrivé est arrivé. Heureusement que nous avons tous un moyen rapide et efficace d'être localisé. Sauf dans de très rares cas comme lors de l'infiltration du clan.

- Lexa, elle me rappelle d'une voix blanche.

- Je suis toujours là.

- Est-ce que tu peux m'expliquer précisément ce que tu redoutes ?

- Qu'est-ce qui se passe ? Où est Gustus ?

J'avoue que je commence à perdre patience. Dès que la blonde entre en jeu, je suis incapable d'être l'agent Woods froide et impassible.

- A l'hôpital... Et si j'en crois les données, depuis plusieurs heures.

Je serre les poings. Non, ça ne peut pas recommencer. Pas encore.

- J'ai fait tout ce que tu voulais alors maintenant tu vas me dire ce qui se passe. Je te connais, tu ne demanderais pas ce genre de renseignement sans être sûre presque à cent pourcents de toi.

- Tu peux rajouter Clarke Griffin à la liste des disparus du clan.

****

Je sens tellement que je vais mourir maintenant 😂.

Promis, à un moment, je vais arrêter de les faire souffrir.

Ou moins.

Plus tard.

Dans le futur.

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