Chapitre 13

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- Ils vont me prendre Madi dans trois jours si je ne fais rien !

J'ai crié cette dernière phrase. Je n'en peux tout simplement plus de cette journée. De cette journée, de cette vie, de cet endroit...

Au moins ma réplique a-t-elle eu le mérite de la laisser pantoise.

- Mais... Il devait te rester encore un mois... Minimum.

- Parce que tu crois qu'ils en ont quelque chose à foutre ?! Ils s'en moquent complètement.

- C'est pas possible, elle grogne en serrant les poings. Fais chier !

Sans que je ne comprenne, elle commence à marcher dans la pièce. Au fil du temps, j'ai appris que c'était un signe de réflexion. Pourtant il n'y a pas à réfléchir : soit je tente le tout pour le tout, soit je perds ma fille.

- Et tu n'as pas eu... Je ne sais pas un moyen autre de la garder ? Comme la dernière fois ? Ça me parait étrange qu'ils reviennent ainsi sur leur décision.

Je détourne rapidement le regard, me prenant d'admiration pour les murs délavés.

- Non.

J'aurais sans doute dû mettre plus d'intonation car ce simple mot semble avoir intrigué la brune.

- Clarke...

- Il n'y en a pas d'accord ?! Pas qui soit envisageable. Et je refuse que ma fille devienne comme moi en plus jeune !

Sans rien ajouter, elle me tire par le bras et me force à entrer à nouveau dans le petit local attenant en prenant soin de fermer la porte derrière nous. Je suis surprise par la force de sa poigne, elle qui semble sans arrêt à bout de forces. En même temps, je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'elle puisse me mettre à terre aussi facilement.

- Bon, si tu me disais ce qui se passe réellement ?

- Tu n'as pas d'autres patients qui vont arriver, je tente d'esquiver.

- Ils peuvent bien attendre quelques minutes. Ton cas est bien plus important.

- Mais en quoi ?! Je n'ai pas trente-six solutions.

- Non, tu en as au moins trois différentes. Et je n'en connais que deux. J'attends toujours la troisième.

- Tu ne veux pas me lâcher sérieusement ? Je n'ai pas besoin de ton aide ! Cette troisième option n'est même pas imaginable !

- Pas tant que je n'aurais pas compris.

Son ton reste calme, bien que sec, contrairement au mien qui ne cesse de monter.

- Fous-moi la paix à la fin. Pourquoi tu t'entêtes à ce point ?

- Et toi alors ? Je veux juste t'empêcher de faire une énorme erreur.

- Je vais faire ce qu'il y a de mieux !

Elle souffle doucement en croisant les bras. Pendant notre discussion, elle s'est placée entre la sortie et moi, m'empêchant par la même occasion de fuir les lieux.

- Bon, je suppose que cet espèce de directeur t'a appelée dans son bureau comme la dernière fois.

- Ouais, je grogne.

- Et qu'il t'a fait une proposition à ce moment-là.

- Ce n'était pas une proposition ! Il me met clairement la pression pour que j'aille dans son sens. Il sait comment s'y prendre. Sauf qu'il ne s'attend pas à une fuite de ma part.

- Bien sûr que si. Je te parie ce que tu veux que tu vas être encore plus surveillée, encore plus demandée, jusqu'à la date limite.

- Tu ne peux pas le savoir.

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