Chapitre 57

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- On vous laisse nous, passez une bonne soirée les filles.

Luna et Lexa nous souhaitent une bonne nuit avant d'aller se coucher, emportant Madi par la même occasion.

Ce soir, Raven et moi avons décidé de passer une soirée simple entre amies. Une soirée loin de tous nos problèmes.

- Popcorn ? Elle demande dès que nous sommes seules.

- Je mets le film.

Il ne nous faut pas très longtemps avant de démarrer la comédie choisie un peu plus tôt. C'est surtout pour pouvoir parler sans avoir l'impression de perdre la moitié de l'intrigue. Parce que je nous connais, ou plutôt je la connais, et je sens qu'elle a quelque chose à me dire. Bien que je n'ai pas la moindre idée de quoi il peut s'agir. Quand elle veut, cette fille peut devenir une véritable énigme.

Et ça ne manque pas. A peine quelques minutes se sont écoulées avant que la brune ne se tourne vers moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Je demande.

- Tout va bien ?

- Pourquoi ça n'irait pas ?

Elle grimace légèrement.

- Je ne sais pas. Tu as l'air tellement différentes ces derniers temps. Et pas que à cause de ta nouvelle coupe. Je ne dis pas que c'est un problème, mais je m'inquiète un peu. Tu as toujours eu cette habitude de te renfermer sur toi même en cas de problème et j'ai peur que ce ne soit ce qui est en train d'arriver.

- Je vais bien. Vraiment.

Et je le pense, aussi étrange que cela puisse paraitre. Deux jours seulement se sont écoulés depuis que j'ai réussi à avouer mon histoire à Lexa. Pourtant, contrairement à ce que j'aurais pu penser, elle n'est pas revenue une seule fois dessus, n'a pas essayé de me faire parler ou quoi que ce soit d'autre. La nuit suivante, quand je me suis réveillée après un énième cauchemar, elle s'est contenté de m'aider à me calmer. Doucement, sans chercher à en savoir plus. Même si je suis à peu près persuadée qu'elle sait exactement qui m'était apparu.

- Tu es sûre ? Faire des progrès trop rapidement n'est pas toujours bon signe. Il n'y a pas une semaine, la simple mention de... tu vois quoi, suffisait à te mettre dans un état pas possible. Et tu n'en veux ni à moi ni à Luna pour en avoir parlé. Pas même un tout petit peu.

- Je pense que... C'était justement ce qu'il me fallait. J'ai pu en parler à Lexa et... Je ne sais pas, peut-être que me confier à quelqu'un d'autres m'a permis de faire le point sur tout ça. Finn m'a fait du mal, énormément de mal. Mais je veux être capable de passer au-dessus de ça, de lui. Oublier ces années sombres et pouvoir vivre à nouveau. Je ne dis pas que ce sera facile, mais un pas après l'autre, j'en suis capable.

Il ne lui en faut pas plus pour avoir littéralement les larmes aux yeux.

- Tu as dit son nom.

Je ne m'en étais même pas rendue compte.

- Il faut bien commencer quelque part, je commente avec un petit sourire.

- Si j'avais su qu'il suffisait de te secouer un peu pour que tu bouges, je l'aurais fait bien plus tôt.

- La situation aide bien, je réponds. Et puis, nous ne sommes plus seules.

- J'avais cru remarquer que Lexa et toi êtes devenues plus proches. Elle va finir par me voler ma place de meilleure amie si ça continue.

Je ris.

- Personne ne pourra te remplacer Raven.

- J'espère bien. J'ai quand même dû te supporter enceinte. Tu as une idée d'à quel point tu pouvais être épuisante par moment à changer d'humeur pour un rien ?

- J'ai toujours dit que tu étais courageuse.

Un petit moment passe alors que nous nous reconcentrons sur l'écran.

- Mais n'ose quand même pas me dire que vous ne vous êtes pas vachement rapprochées, elle reprend.

- Tu sais bien que je n'aime pas mentir. Surtout pas à toi.

- Mouais. Tu es quand même très douée pour te cacher quand tu veux.

- Tu parles de moi au de toi ? Madame je-garde-pour-moi-ma-relation-avec-Luna.

- Hé. J'allais te le dire à un moment. Et puis on ne parle pas de Luna et moi mais de Lexa et toi. La dernière fois qu'on s'est intéressées à vous deux, elle était encore Alexandra.

- Tu savais, je chuchote presque, qu'elle et Luna étaient collègues ?

- Absolument pas. Je n'ai été mise au courant qu'après ton départ chez ce gars. Mais est-ce que tu pourrais arrêter de changer de sujet ? Si tu crois que je ne remarque pas que tu évites la question, tu te trompes lourdement.

Je soupire sans rien trouver à répondre. Je fixe l'écran en espérant qu'elle la lâche le morceau mais ce serait bien mal connaitre la brune qui me secoue le bras pour récupérer mon attention. Voyant que cela ne marche toujours pas, mon amie entreprend de poser ses mains sur mes joues et me force à la regarder en face.

- Quoi, je grogne.

- Toi, tu ne me dis pas tout.

- Peut-être.

- Griffin.

- Reyes.

- Tu vas vraiment me forcer à te tirer les vers du nez ?

- Pourquoi pas ?

- Sérieusement ?

Rappelez-moi pourquoi j'ai accepté cette soirée moi déjà ?

- Il n'y a rien de particulier à savoir, je marmonne.

- A d'autres. Tu veux me faire croire que la situation est revenue au beau fixe en un claquement de doigt ? Non parce que je te connais, tu t'éloignes quand tu n'arrives plus à gérer et c'est exactement ce que tu as fait.

- J'avais besoin de réfléchir, c'est tout. Et on a un peu discuté à propos de tout ça quand... J'ai de nouveau été en état.

- Rien de plus ?

- Rien de plus.

Je fais vraiment une pitoyable menteuse.

- Bon d'accord, peut-être, je dis bien peut-être, qu'elle est devenue quelqu'un d'assez important pour moi.

- Je le savais ! Je n'ai jamais réussi à te calmer alors qu'elle, il suffit qu'elle te prenne dans ses bras.

- Elle me rassure.

Je triture nerveusement l'ourlet de ma manche.

- Et ? m'encourage la brune.

- Et je me sens bien en sa présence.

- Et ?

- Et... je ne sais pas vraiment en fait. Parfois j'ai envie qu'on soit... plus proche ? Et à d'autres moments je ne peux m'empêcher de penser qu'elle risque de disparaitre à nouveau un jour pour une mission d'infiltration, ce qui signifie que je n'aurais plus aucune nouvelle. Je ne veux pas m'accrocher pour que après elle disparaisse dans la nature.

- Tu as peur, pas vrai ?

Je plante mon regard dans le sien.

- Je suis terrifié, j'avoue dans un murmure. Ce que je ressens pour elle, je ne l'avais jamais ressenti pour n'importe qui d'autre. Personne. C'est comme un lien qui nous unis à la fois incroyablement fort mais aussi tellement fin qu'il peut se briser à tout instant.

La brune se contente de me serrer dans ses bras.

- Je sens que tu ne vas pas être d'accord avec mon idée, elle commence, mais je crois que vous devriez en parler. Je vous ai observées toutes les deux ces derniers jours. Elle n'arrête pas de te surveiller, comme si elle avait elle aussi peur de quelque chose.

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