Chapitre 39

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Le noir. Encore et toujours. C'est donc à ça que ressemble la mort ? Je ne me l'imaginais pas comme ça. Je n'avais pas d'idée précise, mais cette étendue indistincte n'était pas dans mes suppositions.

Au début, je suis restée prostrée, assise les genoux repliés contre moi. Je n'ai aucun repère temporel alors difficile de dire précisément combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai atterri ici. Quelques heures comme plusieurs années pourraient avoir passé sans que je ne m'en aperçoive.

Si je dois passer l'éternité ici, autant explorer un peu mon environnement. Bien que pour l'instant je n'ai pas l'impression qu'il y ait quoi que ce soit à voir. Au moins, ça m'occupera l'esprit. Enfin, le peu qu'il en reste.

Je suis vêtue d'une simple robe blanche. Le bruit de mes pieds nus se répercute dans ce vide sans fin. Ce n'est pas la même sensation que de se retrouver dans une pièce sans lumière. Ici, je vois mes mains. Il n'y a simplement rien à observer. C'est juste vide.

Je n'ai pas la moindre idée de la durée durant laquelle je me suis promenée avant d'apercevoir pour la première fois quelque chose. C'est une simple porte. Une porte blanche.

Je reste un instant face à elle, n'osant pas esquisser le moindre mouvement. Qu'est-ce qui se trouve derrière ? La fin de cet endroit, quel qu'il soit ?

Ma main se tend doucement vers la poignée. Rien ne peut être pire que ce que je viens de traverser, alors pourquoi hésiter ?

La peur, la voilà la raison. La peur de l'inconnu. Je ne supporte pas d'être maintenue dans l'ignorance. Il n'y a rien de pire.

C'est d'un geste tremblant que je pose enfin ma paume sur cette imposante porte.

Aussitôt, le battant s'ouvre et je suis poussée de l'autre côté avec brutalité. Il me faut un petit moment avant de pouvoir me relever sans risquer de tomber, ma tête tournant.

Je reste scotchée face aux murs qui m'entourent. Tous sont recouverts de dessins, de croquis pour être plus précise. Tous semblent appartenir à un moment de ma vie. Aucun visage ne m'est étranger. Je vois Raven, tenant entre ses bras Madi, à peine née. Le regard de la brune est plein de bienveillance, mais aussi de tristesse, pour le petit être qu'elle porte. Un peu plus loin, je découvre Bellamy, quelques années plus tôt. Il me tend la main pour m'aider à monter dans notre cabane dans l'arbre. Etonnement, Echo n'est pas loin, en compagnie de Ash. Même si je ne la connais pas aussi bien que je le devrais, peut-être que nous aurions pu bien nous entendre.

Et là, impossible de passer à côté, un visage qui est loin de m'être inconnu. Comme toutes les autres représentations, il est en noir et blanc. De ce fait, je ne peux pas observer ses cheveux bruns ni ses yeux verts si envoutant. Pourtant, je n'ai aucun mal à reconnaitre ses traits. Lexa. Je venais de sortir de la prison où j'avais été si injustement enfermée. Et elle, elle m'observait l'air amusée tandis que je redécouvrais l'extérieur. Comment oublier ce moment, cet instant, où pour la première fois depuis longtemps je me suis sentie libre et en sécurité ? Certainement l'un des instants les plus forts dans ma mémoire.

Je m'avance, effleurant son portrait, me donnant l'impression fugace de revivre cette simple minute.

Mon regard se porte sur chaque ébauche. Toutes représentent un morceau de ma vie. Heureux comme malheureux. Voir les deux, je pense en remarquant l'esquisse d'un certain garçon.

Je ne sais pas si je trouve cet endroit apaisant ou oppressant. Apaisant car il me rappelle tant de choses, oppressant car il me montre tous ceux que j'ai laissé derrière moi. Ceux à qui je n'ai pas pu dire adieu correctement. Ceux pour qui j'ai tout simplement disparu sans laisser la moindre trace. Je voudrais tellement pour voir tous les revoir, les serrer dans mes bras et leur dire à quel point ils comptent pour moi.

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