Double jeu ✔️

Chapitre 67

- Clarke ? Clarke réponds-moi s'il te plait.

J'ouvre les yeux, complètement perdue. La brune me tient dans ses bras et me serre avec une force dont je n'avais pas conscience jusqu'à présent.

- Lexa, je demande incertaine.

- Je suis là.

Lentement, avec cette délicatesse que je lui connais tant, elle s'écarte de moi. Les mains de chaque côté de mon visage, elle semble m'analyser. Qu'est-ce qui vient de se passer à l'instant ?!

- Tout va bien ?

Sa voix est fragile, hésitante.

- Je...

Je suis complètement perdue, la voilà la réponse. C'était quoi ça ? Est-ce qu'on s'est vraiment...

- Tu veux qu'on marche un peu dans le salon ? On ne peut pas vraiment sortir prendre l'air mais c'est mieux que rien.

Je secoue négativement la tête, encore à l'ouest.

- C'est rien, je chuchote.

- Tu es sûre ? Je sais qu'on ne se parle plus trop dernièrement et que tu es fâchée contre moi mais...

- Je vais bien, vraiment.

- Si tu le dis... Tu veux peut-être m'en parler où...

Clairement, même si ma confiance en elle est toujours là, je refuse de lui raconter ce scénario complètement absurde qui vient de se dérouler dans ma tête. J'ai mangé quoi avant de dormir ?

J'ai rêvé que Lexa m'embrassait. Ses lèvres étaient sur les miennes. C'est bien ce qu'on appelle un baiser non ?! Et le pire dans tout ça, c'est que j'ai apprécié ! J'étais prête à répondre avant que la brune ne me réveille !

D'ailleurs pourquoi est-ce qu'elle m'a réveillé ? Je ne devais certainement pas crier comme j'ai l'habitude de le faire lorsqu'un mauvais souvenir décide de me rendre visite.

- Non... Ne t'inquiète pas. Est-ce que... j'ai dit quelque chose d'étrange ?

- Non rien du tout. Mais tu commençais à t'agiter et j'ai pensé que tu... enfin tu vois, comme souvent ça ne devait pas être agréable.

Agréable ? Est-ce que c'était agréable ? Je ne dirais pas que non mais en même temps... Mais merde on parle quand même de Lexa, une amie. Rien de plus qu'une amie.

De toute façon, je ne suis clairement pas en état de commencer une quelconque relation amoureuse. Je ne serais qu'un fardeau qui se rétracte au moindre geste un peu plus intime. C'était le cas avec Finn et je doute que cela me soit déjà passé.

Oui mais si l'autre personne est au courant de ce problème et me laisse y aller à mon rythme peut-être que... Après tout, maintenant la situation est totalement différente et je cicatrise lentement, mais sûrement.

Je devrais vraiment faire taire cette petite voix interne par moment.

- Tu es sûre Clarke ? Tu sembles... agitée.

- C'était juste un rêve un peu bizarre.

- Si tu le dis.

Je vois bien qu'elle ne me croit pas. Pourtant, elle n'ajoute rien. Ce sera à moi de venir la voir si j'en ressens le besoin. Comme toujours, elle me laisse avancer à ma vitesse. Et sans doute cela sera-t-il toujours ainsi.

Stop ! Je vais me retirer cette image de son regard doux plongeant dans le miens ainsi que cette douce sensation de ses lèvres se posant sur les miennes. Plus facile à dire qu'à faire j'ai l'impression.

- On va faire le petit déjeuner, je propose en voyant l'heure. J'ai besoin de me changer les idées.

Et c'est comme ça que nous nous retrouvons toutes les deux à cuisiner une pâte à pancake. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est une activité qui m'a toujours permis de me détendre.

Lexa et moi en profitons pour parler un peu tant que nous sommes seules. Je ne lui pardonne pas ses paroles, mais au moins je les comprends. Et c'est dur de se dire qu'elle vit avec cette mentalité. Mentalité que j'ai moi aussi eu pendant des années. Sans doute est-ce pour cela que sa réaction me dérange autant.

- Tu sais Clarke, ce n'est pas parce que je ne crains pas la mort que je la souhaite. Si je prends un risque, c'est qu'il n'y avait tout simplement pas d'autre solution.

- Parfois si.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Ses lèvres que je fixe un peu trop longtemps. Mais c'est la faute à ce foutu rêve aussi. Jamais avant je n'y avait porté attention alors que maintenant, je me demande si elles sont aussi douces que je me le suis imaginé.

- Je sais à quoi tu penses.

Oh non, clairement pas. En tout cas j'espère bien. Est-ce que je suis restée bloquée trop longtemps ? Merde, et si elle avait remarqué ?!

- Mais tant qu'il avait son attention sur moi, ça vous permettait de mettre en place ce que vous aviez prévu.

Je manque de soupirer de soulagement. Ce n'est que ça. Rien de plus, rien de moins. Une discussion banale entre deux amies... Bon, pour la banalité on repassera quand même.

- Et puis vois ça d'une autre manière : si nous reculions au moindre danger, jamais nous n'aurions infiltré le clan. Nous savions tous que l'on risquait de mourir, même sans connaitre les conditions. Pourtant nous l'avons fait. Ce sont les risques du métier.

- Tu n'as jamais... voulu un travail un peu moins dangereux ?

Reste sur des sujets qui ne te donne pas envie de repartir dans tes pensées Griffin.

- Pas vraiment. Même si cette mission est assez particulière, je ne supporte pas de rester inactive trop longtemps. Nous intervenons dans des situations toujours compliquées et je me dis que, au moins, nos actions ont un réel impact. D'aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été mon rêve.

Pourquoi il a fallu qu'elle utilise ce mot en particulier ? Sérieusement ?!

- Tout va bien Clarke ?

- Oui bien sûr, je dis beaucoup trop rapidement pour que cela paraisse normal.

- Tu as l'air vraiment étrange depuis ce matin.

La brune s'approche, me bloquant par la même occasion contre le plan de travail, et pose sa main sur mon front. Elle est obligée d'être aussi proche ?

- Tu n'as pas l'air d'avoir de fièvre, elle murmure plus pour elle-même. Peut-être que...

- Je vais bien. Je n'aime juste pas... tu sais, les souvenirs tout ça.

Son regard inquiet s'adoucit tandis qu'elle s'éloigne à une distance plus raisonnable.

- C'est le fait d'être à nouveau enfermée ?

- Sans doute, je reste évasive.

On était toutes les deux enfermées aussi quand... Mais c'est pas vrai !

- On pourra bientôt sortir. L'homme que tu as... qui est entré au chalet avait plusieurs objets qui vont leur permettre de remonter jusqu'à son employeur. On espère pouvoir en piéger plusieurs par la même occasion.

- Combien de temps ?

- Aucune idée. Je me doute que cette situation t'en rappelle une autre, mais je te promets que tout va s'arranger. Et ici, personne ne te forcera à quoi que ce soit.

- Je sais c'est juste... compliqué.

Elle m'offre un petit sourire désolé.

- Bientôt, promis. Bon, et si on faisait cuire ces pancakes ? Les filles ne devraient plus tarder.

Je hoche doucement la tête, appréciant le changement de sujet. Au moins, si je dois surveiller ma pâte, mon esprit à moins de chance de s'égarer je ne sais où, où Lexa et moi faisons je ne sais quoi.

Il va vraiment falloir que je règle ce problème, et rapidement si je ne veux pas que la brune se pose encore plus de questions.