Chapitre 61

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On est d'accord que si vous me tuez, il n'y aura pas de suite ?

On repasse sur une point de vue de Lexa.

Un mouvement me réveille, j'ai l'habitude de ne dormir qu'à moitié au cas où il y aurait le moindre problème.

J'ouvre discrètement un oeil pour voir les alentours. Le réveil n'indique que cinq heures du matin. C'est Clarke. Sans aucun doute l'un de ses cauchemars. Ils s'étaient calmés ces derniers pourtant.

La blonde se lève doucement, toujours dos à moi, avant de sortir de la pièce. Sans doute va-t-elle se chercher un verre d'eau ou marcher un peu.

Je soupire lourdement. Cette distance est de plus en plus insupportable. Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre ? J'ai eu beau retourner la situation dans tous les sens, impossible de trouver une meilleure alternative. Et même si je sais qu'elle en souffre actuellement, c'est bien mieux que ce qui aurait pu arriver.

Bordel, jamais je n'aurais dû m'attacher à elle à ce point. Je pensais à quoi sérieusement ? Elle a eu une vie tout simplement horrible, elle n'a pas besoin d'avoir mes problèmes en plus à gérer.

Et qui plus est, je refuse qu'elle s'éloigne de moi pour cette raison. Celle que je refuse de lui avouer, de m'avouer à moi-même. Et ça fait un mal de chien. La seule alternative est d'espérer que le temps fasse son travail et que le tout se tasse un minimum. Et pour ça, il faut absolument que nous restions éloignées. Pour l'instant, ça va, nous ne sommes pas seules. Mais j'appréhende le moment où nous devrons quitter le chalet.

Je ne peux pas la mettre à la porte, il en est strictement hors de question, mais en même temps est-ce que je serai capable de garder ce secret qui me ronge depuis des mois alors que nous ne serons que nous deux ?

Putain, je suis pas un animal non plus. Garde ton sang-froid Lexa. Plus facile à dire qu'à faire. Comment les autres y arrivent dans ce genre de situation ? Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider à ce stade ? J'ai l'impression d'être une cause perdue à tout jamais.

J'ai failli déraper l'autre soir. Ce n'est vraiment pas passé loin. Tout ça à cause d'une cheville tordue. Foutue cheville. Et foutue Clarke maladroite comme pas deux. Enfin, surtout foutue Luna qui lui a rappelé de mauvais souvenirs.

Luna, j'espère franchement qu'elle ne dira rien à personne. Elle est la seule au courant de ce qui me tracasse. Et j'ai bien l'intention que cela ne change pas. Et puis c'était quoi cette idée stupide qu'elle m'a sorti ? Tout avouer ? Elle veut ma mort et celle de ma blonde par la même occasion ?

Stop, ce n'est pas ma blonde. C'est Clarke. Juste Clarke. Clarke que je fais souffrir par mon attitude froide et distante.

C'est pas possible, je tourne en rond. Dans tous les cas, ça ne se termine pas bien.

J'en étais en plein dans mes réflexions lorsqu'un bruit étrange, très léger, se fait entendre. Un bruit que l'on n'est pas censé entendre à cette heure avancée de la nuit. Le bruit d'une porte que l'on déverrouille.

Il ne m'en faut pas plus pour me lever d'un bond, attrapant par la même occasion le pistolet que je range en dessous de mon oreiller par mesure de précaution.

Enlevant le cran de sureté, je m'avance doucement dans le couloir. Personne. Pourtant, je ne suis pas folle, j'ai bien entendu ce bruit.

Je descends les marches unes à unes toujours sur mes gardes. Quelque chose cloche et je ne retournerai pas au lit tant que je n'en aurai pas le coeur net. Mon arme prête à l'emploi, je continue mon exploration silencieuse. Toujours en me cachant le plus possible au cas où l'intrus voudrait me faire une mauvaise farce. Ce ne serait pas la première fois.

Parce que oui, je suis persuadée que quelqu'un s'est aventuré ici sans y être invité : les chaussures que l'on place toujours pile dans le rayon d'ouverture de la porte ne sont plus à leur place.

- Ose faire un pas de plus et tu es morte.

Fais chier.

- Pose ton arme.

Fais chier fais chier fais chier.

Je sens un canon se placer dans le creux de mes reins. Bordel, comment j'ai fait pour ne pas le remarquer ?

Lentement, sans faire de mouvement brusque, je pose le petit fusil avant de mettre mes mains bien en évidence. Je n'ai même pas pensé à prendre mon petit couteau de secours sur moi. C'est pas possible j'accumule les erreurs.

- Dis aux autres de descendre. Je sais que vous êtes quatre plus un bébé. Je suis gentil, je vais le laisser dormir tranquillement.

- On peut discuter, je tente.

- Je ne pense pas que tu sois en situation de négociation.

- Tu crois pouvoir t'en sortir aussi facilement ? Vingt-quatre heures ne seront pas écoulées avant qu'on ne te retrouve. Des rendez-vous sont fixés régulièrement pour s'assurer que tout se passe bien.

Je bluff. Je bluff complètement. Anya n'est pas censée revenir d'ici au moins une semaine pour nous ravitailler.

- C'est moi qui donne les ordres ici ! Je commence à perdre patience.

Nous sommes certainement observés pour qu'il sache exactement qui loge ici temporairement. Et dire que personne n'a rien remarqué alors que nous étions constamment sur nos gardes.

- Parfait, et une de plus. Plus que deux.

Je relève la tête. Luna vient de descendre les escaliers et se fige en voyant la scène.

- Si tu ne souhaites pas que ta pote soit transpercée, je te conseille de ramener le reste.

Je secoue négativement la tête. Si les deux filles se retrouvent en bas elles aussi, tout est fichu.

- Oh que si ma belle. Et j'ai dit maintenant ! Vous descendez et je ne me répèterai pas, il crie.

Génial, je peux être sûre maintenant qu'elles vont venir. Clarke est réveillée et je suis prête à parier que Raven l'a aussi été. Et bien sûr, comme je m'y attendais, deux nouvelles têtes font leur apparition.

- Dos contre le mur, les mains en évidence. Toutes les trois. Toi, tu restes devant moi.

Elles obéissent rapidement. C'est la merde. C'est définitivement la merde.

- Qu'est-ce que tu veux, j'essaye à nouveau.

- Moi ? Rien. Les autres ? Le silence. Désolé ma jolie mais c'est les ordres. Fallait pas tenter le diable. Mais si vous vous comportez bien, peut-être qu'ils vous laisseront en vie. Je ne sais pas. Je fais juste mon job, c'est tout.

La poisse. S'il nous emmène, on ne reverra jamais la lumière du jour. Luna et moi sommes condamnées. Et en ce qui concerne Clarke et Raven, elles retourneront soit dans un système semblable, soit elles seront elles aussi exécutées.

- On peut te payer. Bien plus qu'eux.

- Je tiens à la vie.

Je vois du coin de l'oeil les filles discuter discrètement entre elles. Elles préparent quelque chose, c'est sûr. Mais quoi ?

- J'ai dit, ne bougez pas !

Il faut que je gagne du temps. Quoi qu'elles préparent, je leur fais confiance. Et tout ce que je peux faire, à mon niveau, c'est distraire l'inconnu.

- Notre système de protection des témoins est très performant. Et si tu nous aidais à les faire tomber, tu peux être sûr que tout sera mis en place.

- Ma vie actuelle me convient très bien. Vous n'avez pas la moindre idée de ceux qui tirent les ficelles.

- Hé sombre abruti, hurle alors Luna.

L'attention de l'intrus est détournée de moi un court instant. C'est le moment ou jamais.

Je m'élance, prête à arrêter ce visiteur nocturne lorsque deux coups de feu partent l'un à la suite de l'autre.

Une vive douleur me transperce le ventre puis plus rien. Le bruit d'un corps tombant par terre avant le silence. Un silence de mort.

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