Chapitre 40

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D'accord, un centre est rempli d'inconnus qui à tout moment peuvent péter une case, ouvert à un grand nombre de personne et avec un personnel pensant tout connaitre. Mais de là à choisir l'autre option... Qu'est-ce qu'ils m'ont donnée à l'hôpital quand j'ai pris cette décision ?

Je suis restée trois jours avant d'obtenir l'autorisation de sortir. En temps normal, j'aurais dû continuer encore quelque temps, mais plus vite je serais sevrée, mieux ce sera. Pendant ce temps, j'ai reçu de faibles quantités d'une drogue dont j'ai oublié le nom pour que je ne fasse pas de crise. J'ai reçu la dernière dose il y a peu et autant dire que j'angoisse énormément. Pour en avoir vaguement entendu parler, ça a l'air tout sauf agréable. Parfois, au clan, certains étaient punis de cette manière : en leur donnant une drogue puis en les laissant en état de manque.

Raven n'a pas pu venir une seule fois. Ni ma fille d'ailleurs, vu que c'est elle qui s'en occupe. Apparemment, je suis bien trop instable actuellement pour m'en occuper, même s'il ne s'agit que de la prendre dans mes bras. A cette simple nouvelle, je me suis énervée. Ce n'était pas vraiment la bonne attitude à avoir puisque ça n'a fait que renforcer leur avis que je dois rester éloignée de Madi pour l'instant. Qui sait comment je pourrais réagir ? D'autant plus qu'il va me falloir un maximum de repos avant d'être à nouveau apte à m'occuper de quelqu'un d'autre. J'ai l'impression d'être une mère à qui on a retiré son enfant à cause d'un problème d'alcool, de violence ou je ne sais quoi encore. Je suis en sursit. Mais je compte bien récupérer mon enfant à un moment ou à un autre. J'ai accepté leurs arguments pour l'instant car, même si je refuse de l'admettre publiquement, ils ont raison. Ce n'est pas pour autant que dès que je m'en sentirai capable, je la retrouverai. La personne qui se mettre entre mon bébé et moi n'est pas encore née.

Lexa est venue me chercher et nous nous sommes rendues aussitôt à son appartement. Depuis mon réveil, elle serait passée une ou deux fois, cependant j'étais toujours dans un état comateux suite à la prise de cette foutue substance. A croire qu'elle faisait exprès de venir lorsque je n'étais pas consciente.

Un silence lourd nous entoure tandis que nous montons les marches, difficilement pour ma part : je suis loin d'avoir entièrement récupéré.

Je ne me sens pas capable de prononcer le moindre mot. Pas alors que je l'ai littéralement ignorée pendant un mois entier sans donner la moindre nouvelle.

Je ne sais même pas combien de temps j'ai été absente. Je n'ai pas osé le demander à qui que ce soit. Je crois que j'ai peur de découvrir combien de temps j'ai à nouveau perdu.

- Clarke ? Tout va bien ?

Nous venions de passer la porte mais je suis restée dans l'entrée tandis qu'elle s'avançait.

Je hoche la tête. Il me faut un peu de temps pour me réhabituer à cet endroit.

La brune revient vers moi et attrape doucement ma main alors que je reste le regard rivé sur le sol. Tous ceux qui m'ont touchée depuis mon nouveau retour m'ont mis mal à l'aise. Bien plus qu'avant. Le contact des gens me rebute. Mais celui de Lexa est différent. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est agréable, plutôt qu'il me m'apaise.

- Hey, je n'ai pas l'intention de te faire du mal. Et personne ne sera autorisé à entrer ici sans que je ne l'accepte. Tu n'as rien à craindre.

- Ce n'est pas ça...

J'ai confiance en elle. Enfin, autant qu'il l'est possible dans cette situation.

- Alors quoi ?

- On ne s'est plus parlé depuis... Tu vois... Je ne sais même pas combien de temps je suis partie tellement j'étais shootée et puis...

- Vingt-quatre jours. Il nous a fallu vingt-quatre jours pour te retrouver. Après tu en as pris deux autres avant de te réveiller. Bien sûr, il a fallu que tu ouvres les yeux au seul moment où j'ai été obligée de partir.

- Tu étais là, je relève la tête surprise.

- Bien sûr. Je refuse de te perdre à nouveau.

- Je ne suis rien pourtant.

- Ne dis pas ça. Tu es spéciale.

- Il ne fait pas un peu froid, je demande pour détourner le sujet.

Soucieuse, la brune pose prudemment sa paume sur mon front.

- Tu commences sûrement à faire un peu de fièvre. On ferait mieux de t'installer confortablement avant que ça n'empire.

- Je peux m'occuper de moi toute seule.

- En temps normal, sans aucuns soucis. Tu es quelqu'un d'extrêmement fort, mais tu restes un être humain avec des limites.

Doucement, elle me tire jusqu'au salon qui a été emménagé bien différemment par rapport à ma dernière visite. Le canapé a été déplié afin de se transformer en lit tandis qu'un second, de camps cette fois, est installé juste en face. Une petite table basse a été mise entre les deux.

Je lance un regard interrogateur à celle qui m'héberge.

- Je vais devoir te surveiller le plus possible. Alors j'ai essayé de tout réunir au même endroit.

- Tu devras aller travailler non ?

- Non, je me suis arrangée pour tout faire à distance.

Je n'aime pas la forcer à changer ses habitudes pour moi, mais je ne peux m'empêcher de lui en être reconnaissante. Même si je refuse de l'admettre, savoir qu'elle sera là en cas de problème me rassure.

- Allonge-toi, dit-elle en désignant l'ancien fauteuil. Tu risques d'avoir bientôt du mal à tenir debout.

- Je peux dormir sur l'autre...

- Hors de question. Tu es celle qui va passer ses journées allongée je te rappelle.

Je grogne pour la forme. Je sens que mes muscles commencent à me lâcher et ma tête tourner. Les jours à venir vont être compliqué.

Calmement, elle me guide jusqu'au matelas où je me laisse presque tomber, mes forces ayant subitement décidé de m'abandonner.

- Il y a une bassine juste ici si jamais tu as besoin. Mets-toi à l'aise, je vais vite chercher une cruche d'eau.

Elle disparait quelques instants dans la cuisine, le temps pour moi de dégager mes chaussures et de m'enrouler dans la couverture. Ma température à certainement augmenté vu le froid qui semble avoir pris possession de mon corps. J'en tremblerais presque.

Lexa revient et dépose le tout sur la petite table.

- On dirait que tes crises vont commencer. Tu veux quelque chose en particulier ?

- Des réponses, je murmure sans m'en apercevoir.

Elle me sourit doucement.

- J'imagine que tu dois avoir une foule de questions à me poser. Loin de moi l'idée de vouloir y répondre, mais je doute que tu sois en état pour tenir une conversation aussi sérieuse dans l'immédiat.

- J'en suis capable.

Comme pour me contredire, mon corps expulse violemment le peu de nourriture que j'ai réussi à ingurgiter dernièrement. Lexa à tout juste le temps de rassembler mes cheveux avant que je ne recommence.

- Peut-être pas, je marmonne.

- Je te promets de te donner toutes les informations que tu voudras, à condition que je les ais bien entendu. Mais pour l'instant tu as surtout besoin de te reposer.

- Tu restes ?

- Je ne te quitte plus.

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