Chapitre 50

642 84 6
                                    

- Ce n'est pas parce que ça marche pour toi que ce sera pareil pour moi, d'accord ?!

- Ce n'est pas en te voilant la face que ça ira mieux.

- Mêles-toi de ce qui te regarde !

Directement après, j'entends des bruits de pas ainsi que le son caractéristique d'une porte que l'on claque violemment.

Raven et moi nous regardons, interloquées. Elle ne connait pas Lexa aussi bien que moi, mais jamais ni l'une ni l'autre ne l'avions vu ne serait-ce qu'élever la voix. Ou tout simplement sembler à ce point en dehors du contrôle de ses émotions. Bien qu'elle m'ait avoué qu'elle aurait eu du mal à garder son sang-froid si elle avait dû me voir lors de mon second sauvetage. La seule et unique fois qui me vient en tête où elle se serait énervée, c'était lors de la visite surprise de Costia. Et encore, ce n'était rien par rapport à l'extrait auquel nous venons d'assister bien malgré nous.

Nous entrons discrètement, peu sûres de nous. Dans le salon, Luna est debout face à la petite table basse, où les deux étaient certainement en train de travailler avant que je ne sais quoi n'éclate. Celle-ci passe sa main dans ses cheveux en soupirant.

- Je sais que vous êtes là les filles. La jambe de Raven n'est pas très discrète.

- C'est juste toi qui a une ouïe plus développée que la normale, bougonne la concernée tandis que nous quittons l'entrée.

- Je n'ai jamais dit le contraire. Vous êtes là depuis longtemps ?

- Si la question est "est-ce que vous avez eu le temps de comprendre notre conversation", non, je réponds. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle grimace.

- Une petite dispute entre nous à propos de la manière de gérer... le travail.

- Mouais, mon amie se blottit dans les bras de son amante. Tu sais que je sais que tu mens ?

J'esquisse un petit sourire en les voyant ainsi. Raven dit ne pas être sûre d'être prête à vivre une relation, mais en me fiant à ce que j'ai sous les yeux, je n'ai pas vraiment de doute à avoir.

- Désolée les filles, je ne peux vraiment pas vous en dire plus.

- Pas de soucis, j'affirme.

Et c'est vrai, je comprends totalement qu'il puisse y avoir des choses dont je ne sois pas au courant. Surtout avec le métier qu'elles ont.

- Je vais aller essayer de lui parler.

- Clarke, je sais que vous vous entendez très bien, mais je ne pense pas qu'elle veuille te voir. Ni quiconque ici d'ailleurs. Lexa est... une personne qui déteste montrer ses émotions.

- Dans ce cas je ferais demi-tour. Ça vous fera un petit moment pour vous.

- Que...

Je ris sous cape face à la tête effarée qu'elle tire.

- Oui je suis au courant pour vous deux, je confirme face à son interrogation muette. Et il est de mon devoir de meilleure amie de te prévenir que si tu as jamais la mauvaise idée de la faire souffrir, tu auras à faire à moi.

- Clarke, s'exclame mon amie. On dirait une mère poule là.

- Pas grave, je hausse les épaules. Sur ce, je vous laisse, j'ai une bombe à désamorcer.

J'entends vaguement le "bonne chance" de Luna alors que je monte les escaliers et me poste devant la porte de notre chambre.

Je toque timidement à celle-ci, laquelle est fermée à clé. Personne ne me répond alors j'insiste, persuadé que la brune se cache là.

- Dégage Luna, elle lâche finalement durement.

- C'est Clarke, je dis doucement. Tu veux pas m'ouvrir plutôt que de bouder toute seule dans ton coin ?

- Clarke ?!

- Sinon je peux attendre dans le couloir jusqu'à ce que tu sortes. J'ai tout mon temps. Enfin je préfère ne pas trop laisser Madi seule mais tu m'as comprise. D'ailleurs j'ai appris pour Raven et Luna, tu m'as bien fait marcher hier, je ris.

Toujours aucun mouvement.

- Lexa, je murmure. Tu ne vas quand même pas rester là-dedans jusqu'à... Je ne sais même pas jusqu'à quand on va rester ici. Tu n'es pas obligée de me parler si tu n'en as pas envie. Mais ne te referme pas comme ça.

J'entends finalement des bruits de pas puis le cliquetis d'un verrou que l'on active. Ce n'est pas pour autant que la porte s'ouvre. D'une main que j'espère assurée, j'abaisse la poignée et pénètre dans la pièce.

La brune est assise sur le lit, la tête entre les mains. Elle semble complètement perdue.

- Hey, je m'avance prudemment.

Elle marmonne vaguement quelque chose que je ne comprends pas vraiment.

- Ça ne te dérange pas trop si je m'incruste ? Je n'ai pas vraiment envie de tenir la chandelle entre les deux en bas. Quoi qu'elles fassent d'ailleurs.

- Tu ne m'en veux pas de te l'avoir caché ? elle demande d'une petite voix.

- Pas du tout. Arrête de croire que je veux toujours tout savoir.

Ces mots disant, je m'assois à ses côtés délicatement. Elle ne bouge pas d'un millimètre, sa tête toujours dissimulée.

- Je ne veux pas recommencer comme avant, que tu finisses par croire que je ne te fais pas confiance ou encore que...

- Hé, je la coupe, c'est bon ne t'inquiète pas. C'est normal que tu ne me dises pas toujours tout. Je peux vivre avec. Et aujourd'hui, je suis juste là en tant qu'amie. Je ne te demande pas de tout me raconter de suite. Mais comme tu me l'as si bien rappelé il n'y a pas longtemps, je suis là si jamais tu veux en parler. Demain, dans une semaine, un mois... Peu importe.

- Merci, elle chuchote. Est-ce que... ça te dérange si on reste ici encore un moment ? Je n'ai pas envie de voir Luna pour l'instant.

- Autant de temps qu'il te faudra.

Elle relève finalement la tête et sursaute. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi, d'autant plus qu'elle s'est légèrement éloignée.

- Quelque chose ne va pas ?

- Non c'est... Je ne m'attendais pas à ce que tu sois si proche.

- Oh pardon, je n'avais pas remarqué que ça te mettait mal à l'aise.

- C'est... la journée a été longue je suppose. N'y fais pas attention s'il te plait.

- D'accord... Tu es sûre que tout va bien ? Tu es étrange.

- Je n'aime pas trop... me laisser porter par mes émotions.

- J'ai cru remarquer. Je me doute que quand tu te retrouves en infiltration, c'est mieux. Mais maintenant, tu n'y es plus. Oui, tu dois encore régler certains détails. Pourtant tu n'as pas besoin de te cacher derrière quelqu'un que tu n'es pas. Et moi, j'aimerais vraiment pouvoir voir cette Lexa. La vraie Lexa.

- Elle n'est pas si incroyable que tu sembles le croire.

- Ça, il me semble que c'est à moi d'en juger commandante, je rétorque avec un petit sourire en coin.

- Je peux savoir où tu as entendu ça toi ? elle grogne malgré tout l'air légèrement amusée

- Un peu de tout le monde je crois. J'ai ma petite idée sur l'origine de ce surnom mais je voudrais le découvrir. Avec toi.

- Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques.

- Sûrement. Mais je suis passée par bien pire. Et je sais que tu ne me feras pas de mal.

- Et après tu oses dévier la conversation quand je dis que tu es forte ? Parce que si tu crois que je n'avais rien remarqué, tu te trompes.

- Je crois qu'on a toutes les deux quelques problèmes en terme de communication, je ris.

Double jeu ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant