Chapitre 12

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Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être possible. Je refuse d'y croire. Ça ne peut pas arriver, pas maintenant. C'est hors de question.

Je dois partir. Tout de suite. Je n'aurais pas de meilleure opportunité : le dernier arrivage est brisé maintenant, alors la surveillance est légèrement plus relâchée. C'est l'occasion parfaite !

Madi est avec Raven pour l'instant, elle la déposera dans ma chambre si je tarde trop, ce ne sera pas la première fois.

L'entretien est à peine terminé que je me précipite vers le cabinet. Il y a plein de matériel médical là-bas, peut-être que je pourrais trouver de quoi me défendre. Une aiguille qui sert normalement à recoudre, un scalpel... n'importe quoi qui pourrait être utilisé comme arme. Des bandes aussi, pour attacher l'un ou l'autre garde si besoin.

Et si je ne déniche rien d'intéressant au premier abord, il doit bien y avoir une planche de bois qui traine. Tout est utile.

Je passe discrètement la tête dans l'ouverture de la porte. Personne. On dirait que pour une fois, j'ai réussi à être avant elle. Un exploit quand on sait qu'elle vit presque ici.

Je distingue quelques formes allongées sur les matelas. Mais ils ne semblent pas me prêter attention. Soit ils dorment, soit ils s'en moquent. Dans tous les cas, cette situation m'arrange bien.

Mes jambes tremblent légèrement tandis que les paroles de cet homme me reviennent en tête. Je n'ai pas le droit à l'erreur.

Il ne me faut pas beaucoup de temps pour atterrir dans la réserve. Enfin, si on peut appeler ça une réserve. Les étagères sont toutes encombrées d'objets aussi divers que variés. Et tous n'ont pas toujours un rapport avec la médecine. On dirait plutôt un débarras, ce qui est fort probablement le cas. Je secoue vivement la tête pour éviter que de mauvais souvenirs ne refassent surface.

Durant plusieurs minutes, je fouille chaque recoin possible en faisant bien attention à ne rien faire tomber. Je ne dois pas attirer l'attention. Le moindre bruit est susceptible d'alerter.

Je glisse la corde ainsi que les quelques bandes sur lesquels j'ai finalement pu mettre la main dans mon dos. Ce n'est pas grand-chose mais c'est un début. J'aurais dû me douter qu'ils ne laisseraient aucun objet dangereux facilement accessible.

Mais ce n'est pas grave, je vais trouver. Je dois le faire. Pour Madi. Pour elle, je suis prête à tout. Absolument tout. Il doit bien y avoir encore l'un ou l'autre objet dont il est facile de détourner l'utilisation. Du désinfectant dans les yeux, ça doit faire des dégâts non ? Je regrette une fois de plus de ne pas m'être intéressée à ces cours de médicine auxquels ma mère m'avait inscrite de force durant les vacances. Ils m'auraient été très utiles ici.

Dans le doute, je prends un des flacons. Si ça ne fait rien de bien particulier, ça aura au moins le mérite de déstabiliser celui en face de moi.

Je ne me fais pas d'illusion, je me doute bien que ce ne sera pas facile. Après tout, je n'ai jamais entendu parler d'une seule évasion réussie. Comme s'ils allaient nous le dire de toute façon, ils se contentent de nous montrer ce qui arrive aux fugitifs.

Je ferme violemment les paupières dans l'espoir vain de ne pas revoir ces images. Ces images de cette nuit cauchemardesque. Je ne finirai pas comme lui. Je préfère encore mourir par mes propres moyens avec le peu de dignité me restant. Et bien sûr, ma fille m'aura précédé de peu. Je refuse de la laisser seule face à ces animaux.

- Il y a quelqu'un, retentit une voix que je ne connais que trop bien.

Je jure silencieusement. Si elle me découvre ici, je ne sais vraiment pas quelle excuse je vais pouvoir inventer.

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