Chapitre 20

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Nous avons encore discuté quelques instants de la situation actuelle et elle a répondu à quelques questions que je me posais. J'ai ainsi appris que cet appartement appartient à ces parents qui n'ont pas eu le coeur de le vider après le départ de leur fille, ce qui explique qu'elle ait trouvé un logement aussi rapidement.

La brune est tout de même restée assez floue sur certains points, surtout sur la descente du FBI au clan. Selon elle, moins j'en sais plus je suis en sécurité. Et surtout, elle ne connait pas tous les détails malgré ses contacts. Au moins, cela explique cette impression qu'elle ne me dit pas tout.

Je sais très bien que ce manque d'informations est dangereux. C'est comme ça que j'ai fini dans le clan Arkadia en tant que prostituée après tout. Mais avec Alexandra, je sens que c'est différent. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais j'ai confiance en elle.

De toute façon, je doute que je puisse vivre pire qu'avec Cillian.

Nous avons bu nos boissons avant qu'elle ne m'envoie dormir pour, je cite, récupérer correctement après deux semaines à faire du mal à mon organisme.

Je ne peux pas vraiment lui donner tort.

C'est ainsi que je me suis retrouvée à faire une sieste exactement comme un enfant en bas âge. J'ai vraiment l'impression de régresser aujourd'hui. Ce n'est pas si désagréable que ça, de retrouver pour quelques temps une certaine forme d'innocence.

Dommage que ça ne dure pas longtemps, comme toujours.

Si je ne fermais pas l'oeil en prison, ce n'est pas par caprice. Bien au contraire, j'aurais adoré pouvoir durant quelques heures m'évader de cet enfer.

Sauf que mes rêves ne sont plus agréables depuis bien longtemps. Et il ne suffit pas d'un lit douillet et d'un chocolat chaud pour tout effacer. Huit ans, c'est très long. Trop long.

Je suis seule et nue à l'exception de mes sous-vêtements. Je ne vois pas les limites de la pièce sombre dans laquelle je me trouve. Seul le sol recouvert d'une carpette rouge m'indique que je ne suis certainement pas à l'extérieur. Cette fameuse carpette rouge que j'ai foulée tant de fois en attendant ces hommes et femmes venant dans le seul but de faire de moi leur jouet.

Un rire gras résonne au loin. Suivi d'un autre, et encore un autre. Toujours le même son mais pas la même voix. Des silhouettes se dessinent devant moi. Elles s'avancent.

Je n'ai pas besoin de plus de détails pour savoir qu'aucune d'elle ne me veut du bien. Au contraire.

- T'es pas mal dans ton genre.

- On va bien s'amuser tous les deux.

- Laisses-toi faire et ça ira.

- Arrête de gigoter comme ça.

- C'est pas la fin du monde non plus.

- Dommage que je puisse pas rester plus longtemps.

- On se reverra 319.

Elles se rapprochent. J'ai beau tenter de courir, impossible de mettre de la distance entre nous. Et ces voix qui résonnent, qui ricanent et me prennent de haut.

Un homme que je ne vois qu'au dernier moment m'attire à lui et nous cache dans un recoin, laissant ainsi passer la foule informe.

- Le repas n'est pas prêt Joséphine.

Pas besoin de voir son visage pour déterminer l'identité de ce prétendu sauveur. Il n'y a qu'une seule personne qui m'appelle ainsi. Sa main tient toujours fermement mon bras.

- Tu m'as encore désobéi. Tu tiens vraiment à être punie.

Le décor a changé pour laisser place à la cuisine où j'ai tant subit sur tous les plans possibles et imaginable.

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