Chapitre 23

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Je suis ressortie de cet interrogatoire complètement exténuée. Je pense même que, sans Alexandra, je me serais effondrée à peine sortie de la pièce. Je ne sais déjà pas comment j'ai fait pour en sortir.

Comme je m'y attendais, j'ai dû raconter tout ce par quoi j'étais passée et comment j'étais tombée dans le piège. Heureusement, l'homme ne s'est pas montré trop intrusif. Ainsi, je n'ai pas eu à décrire en détails ces nuits et journées passées à combler les désirs d'inconnus. Il s'est contenté de mon explication sur le fonctionnement du système.

Même si j'ai évité au maximum les sujets sensibles pour moi comme la raison pour laquelle je n'ai eu qu'un seul enfant, au vu de ce que je faisais dans ce genre de milieu c'est assez étonnant, j'ai été obligée de m'arrêter à plusieurs reprises afin de reprendre mon calme. Il s'est montré très compréhensif et m'a laissé tout mon temps, me proposant à plusieurs reprises de boire quelque chose.

Deux jours se sont écoulés depuis. Apparemment, suite à mon témoignage, le FBI m'a définitivement classée comme une victime de l'organisation. Cette histoire de Joséphine ne peut plus me poursuivre, tout du moins, du côté de la justice. Les rêves, c'est totalement autre chose. Ils ne se sont pas calmés, bien au contraire. Je reste cependant chez Alexandra. Je n'ai pas vraiment d'autre endroit où aller et elle m'a gentiment proposé de rester.

Entre-temps, nous avons réorganisé une pièce laissée à l'abandon jusqu'alors. La brune m'a avoué à demi-mot avoir presque oublié cet endroit, n'en ayant jamais eu d'utilité.

Nous avons dû, dans un premier temps, ranger le tout dans des cartons avant de pouvoir installer le lit à barreaux. Ce n'est pas parfait, loin de là, mais il fallait faire vite. Car aujourd'hui, enfin, je vais revoir ma fille.

J'aurais préféré la mettre dans ma chambre, ne voulant plus être séparée d'elle, mais Alexandra m'en a dissuadé. Il vaut mieux qu'elle ait son propre espace, surtout pour éviter que je ne la réveille quand mes cauchemars deviennent trop violents, bien que les murs ne soient pas toujours suffisants. J'ai finalement cédé, reconnaissant que c'est pour un mieux.

Alexandra a aussi mis la main sur une poussette ainsi qu'un siège auto pour le trajet à venir. Je ne pourrai jamais assez la remercier pour tout ce qu'elle fait pour moi. Nous devrions aller dans la semaine chercher de quoi l'habiller. Et moi aussi par la même occasion. Jusqu'à présent, j'ai emprunté les habits de la brune étant donné que nous faisons la même taille, mais elle a décrété que je devais avoir mes propres affaires. Et autant le dire clairement, elle ne m'a pas laissé le choix.

Je tiens à peine en place dans la salle d'attente. Madi est à quelques mètres de moi et je ne peux pas la rejoindre, nous devons attendre notre tour.

- Tu vas finir par te rendre malade à force de stresser, chuchote Alexandra. Tout est bon, ce n'est qu'une question d'administration. Ils ne peuvent pas se permettre la moindre erreur.

- Que vont devenir les enfants que personne ne réclame ? je demande pour tenter de penser à autre chose.

Elle affiche un léger sourire, montrant qu'elle n'est pas dupe quant à la raison de ma question.

- Je suppose qu'ils seront envoyés dans des orphelinats. C'est un cas assez compliqué, on n'a jamais eu à faire avec un cas de figure similaire.

- On ?

- Le monde en général. Tout le monde se doute que des organisations dans le style existent mais elles sont pour ainsi dire tellement imprévisibles et discrètes qu'il est compliqué de réussir un tel exploit. Et puis, des personnalités influentes sont souvent dans le coup. Tu l'as vu par toi-même.

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