Chapitre 43

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Une heure complète, c'est le temps qu'il lui a fallu pour m'expliquer dans les grandes lignes la mission ainsi que son implication. C'est assez incroyable de penser qu'il y avait plusieurs agents infiltrés au sein de clan. Pas seulement Lexa et Luna, ils étaient une dizaine si j'ai bien compris, réparti dans différents bâtiments et tous ayant une spécialité différente. Sans même être au coeur de l'affaire, ils avaient deviné qu'une certaine organisation devait être mise en place selon les points forts de chacun. Ce qui explique le fait que Lexa ne s'y connaisse pas énormément au niveau de la suite des études en médecine. Elle a dû étudier un maximum pour jouer son rôle, le tout en un temps relativement court. Ce qui explique aussi pourquoi elle a été la dernière à entrer dans l'équation.

- J'ai complètement marché.

- Tout était fait pour. Mais c'est sûr que si je m'étais retrouvée à côté d'un vrai étudiant, je n'aurais pas fait long feu. Mais le jeu en valait la chandelle. Dans le pire des cas j'aurais dû expliquer que j'étais peu impliquée mais que mes parents soudoyaient mon directeur ce qui explique que je continuais d'avancer dans mes études.

- C'est juste que tout ça me parait tellement irréel. Le FBI ? Des espions ? J'ai l'impression d'être dans un film.

- Honnêtement, c'était pareil pour moi en arrivant. Je me doutais que ça ne serait pas beau à voir, mais à ce point...

- Et tu t'attendais à quoi ?

Je ne suis pas agressive, juste interrogative. J'ai toujours pensé que si une enquête avait été donnée, c'était parce qu'ils pensaient à une forme de trafic humain. Après, il est compliqué pour moi de voir autre chose étant donné que j'étais en plein dedans.

- Nos théories penchaient plutôt vers une secte aux pratiques douteuse et interdites. Et qu'ils avaient besoin de sacrifices humains. C'était tout simplement impossible que tant de personnes soient rassemblées dans un même endroit.

- Et ce n'était pas le cas, je dis en baissant la tête à cause des souvenirs qui refont surfaces. La plupart meurent dans les six mois après leur arrivée. Maladie, blessures, tentative de fuite, suicide... Il y a plus de raisons de mourir que de rester en vie là-bas.

- Crois-moi, je l'ai rapidement remarqué. C'est pour ça que j'ai été autant étonnée en apprenant le nombre d'années que tu as passé là-bas.

- Tu pensais que j'étais là depuis combien de temps ?

- Entre un et deux ans. Je croyais que tu avais eu Madi en dehors et qu'une dispute avait éclaté entre tes parents et toi pour la garder ou non. Et que comme vous ne vous mettiez pas d'accord, tu avais fui en pensant pouvoir élever ta fille encore dans ton ventre au sein du clan. J'étais totalement à côté de la plaque. Mais ça me semblait bizarre que tu sois la seule avec un bébé, surtout vu le nombre de personne dans ta section. Je pensais que vous aviez une contraception.

Nous en avions une. En temps normal.

- Clarke ?

- Rien, je secoue la tête. C'est une trop longue histoire et je n'ai pas envie d'en parler.

- D'accord. Si jamais tu as besoin d'une oreille attentive, n'oublie pas que je suis là. Enfin, sauf si tu préfères Raven. Après tout, vous vous connaissez depuis plus longtemps.

Putain de souvenirs qui remontent à la surface. Ce n'est pas le moment d'y penser. J'essuie les quelques larmes qui ont réussi à glisser le long de mes joues. Lexa se contente de me tendre la boite de mouchoirs, un sourire triste aux lèvres.

- Pardon, je sanglote en me mouchant. C'est juste que... c'est compliqué...

- Je n'en doute pas une seule seconde. La douleur physique n'est parfois rien à côté de la douleur psychologique. Mais tu es forte Clarke. Et s'il faut te le répéter tous les jours pour que tu en prennes conscience, alors je m'en chargerai.

- On dirait que tu parles en connaissance de causes.

J'essaye de faire abstraction de la seconde partie. Malgré ce qu'elle dit, je suis loin de me voir comme ça. Et si elle vient à insister, j'ai peur de me sentir mal à l'aise.

- C'est le cas. Tu as d'autres questions ? elle enchaine rapidement.

C'est bien la première fois qu'elle esquive ainsi depuis le début de la conversation. Je suppose que vu son métier, elle a dû passer par des moments sombres, des moments qui resteront gravés dans sa mémoire à tout jamais.

- Une... Mais je ne suis pas sûre que tu...

- J'ai promis de répondre à tout Clarke.

- Okay alors... Raven m'a raconté que des gardes étaient venus te chercher un peu avant l'évasion. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Ses sourcils se froncent immédiatement avant qu'elle ne soupire doucement.

- J'aurais préféré que tu ne sois pas au courant de ce détail. Mais bon, il fallait que je m'y attende. Mes dossiers médicaux ont fini par paraitre suspects et j'ai été interrogée.

- Pas de la manière douce...

- Tu les connais mieux que moi. S'il y a un moment que je voudrais effacer c'est bien celui-là. J'ai fini par craquer et révéler venir d'un commerce de drogue s'inquiétant qu'ils veuillent faire de la concurrence.

- Tu avais une couverture sous ta couverture ?

- Pour ce genre d'opération, c'est plus prudent. Au moins ils ont marché et ont arrêté. La suite tu la connais, le FBI a débarqué et Anya m'a forcée à rester à l'hôpital le temps que je me remette un minimum. Sur cette partie-là, je ne t'ai pas menti.

Un silence prend place tandis que je réunis un peu toutes les nouvelles informations. Ça fait beaucoup en peu de temps, mais je ne m'en plains pas.

- Excuse-moi si je me trompe, j'ose timidement, mais j'ai l'impression que tu me caches quelque chose.

Le regard de la brune se fixe sur ses mains. Elle n'avait pas une seule fois détourné ainsi les yeux, préférant tout m'avouer en face à face.

- Et après c'est moi qui suis trop perspicace ? elle rit nerveusement. J'aurais vraiment aimé ne pas avoir à t'avouer ça.

- Ça ne doit pas avoir tant d'importance que ce que tu le penses, je tente de la rassurer assez déroutée par son attitude.

- Crois-moi, ça en a. Je vais te le dire, je t'en ai fait la promesse. Mais je te demande juste de ne pas faire tes valises et de partir à nouveau.

- Pourquoi je ferais ça ? Tu commences à me faire peur.

- S'il te plait.

- D'accord...

Mais qu'est-ce qui lui prend à la fin ? Qu'est-ce qui pourrait être pire que de m'avoir dissimulé son identité ?

- Je sais que Cillian n'est pas le seul à t'avoir blessée, je sais que tes blessures les plus graves ne venaient pas de lui, je sais que tu es retournée au clan après tes pseudo-fiançailles, elle débite d'une traite sans même prendre le temps de reprendre son souffle.

Il ne me faut pas longtemps avant de tout mettre en lien, me ramenant dans cette pièce froide et sombre dans laquelle j'ai certainement passé le pire moment de ma vie.

- Tu étais là, je murmure.

- Aux premières loges. Quand ils ont vu que je ne dirais rien, peu importe la torture physique que je subirais, ils sont passé à une autre méthode. Et tu étais la seule avec qui ils étaient sûrs que j'avais des liens.

Etrangement, je ne lui en veux pas. Comme je ne lui en veux pas de m'avoir poussée vers Cillian. Car dans les deux cas, elle n'y pouvait rien.

- Clarke ?

Sa voix semble presque apeurée.

- Je... Au moins je sais pourquoi j'étais là...

- Je suis désolée Clarke. Je n'aurais jamais dû te mêler à tout ça.

- C'est bon... Je... Et tu sais pourquoi il a... Enfin... arrêté ?

- Parce que j'ai craqué.

Je souffle un coup. Définitivement, je ne lui en veux pas. Même si j'aurais préféré gardé cet épisode de ma vie pour moi.

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