Chapitre 6

2.1K 90 2
                                    

19 septembre 2017

Chaque sportif a des moments où ça ne marche tout simplement pas. Les médias souvent sautent sur ces occasions-là et c'était un peu mon travail de garder Max loin de ces vautours et de le montrer sous son meilleur jour. Pour lui et pour Red Bull. 2017 a été une des années les plus difficiles pour Max. Il enchaînait les mauvaises courses et ne savait pas quoi faire pour retourner sur la bonne voie. Ce qui le frustrait beaucoup était que parfois, c'était la voiture qui le lâchait en pleine course et à ce moment-là, il n'y a rien à faire. Nous étions bientôt au grand prix de Malaisie et je voyais Max se dégrader un peu plus chaque jour.

J'avais décidé qu'aujourd'hui était la journée où je le prenais avec moi et que c'était le moment de sa remise sur roues. Il fallait qu'il se reprenne et quoi de mieux qu'une journée ensemble pour qu'il soit loin de toute cette pression et toute cette attention sur la moindre de ses erreurs.

-Tu es prêt Max ?

-Si c'est encore une interview, non. Je ne viens pas.

-Allez suis-moi. Je te jure que tu n'as pas à parler à qui que ce soit aujourd'hui.

Il se lève de son lit et me suit avec un air blasé. On dirait vraiment que le monde entier est tombé sur lui. Il ne faisait pas de malheur, mais je savais qu'il exagérait un peu pour que je le laisse tranquille. Dommage pour lui. Nous montons dans la voiture qui attendait à l'entrée de l'hôtel et nous partons vers ma première destination.

-Un circuit de karting. Tu te fous de ma gueule. Tu penses que ça, ça va raviver ma journée. Quelle idée de génie...

Je grogne légèrement contre ce caractère de cochon et sors de la voiture en le tirant derrière moi. Nous nous dirigeons vers l'accueil où un homme nous attend avec deux équipements. Je n'avais pas amené l'équipement de Max, parce que je voulais vraiment qu'il s'éloigne de ce besoin de Red Bull pour l'instant. On s'installe dans les karts et nous voilà partis. Je le dépasse rapidement, voyant qu'il n'y met absolument pas du sien. On s'arrête et je me tourne vers lui.

-Hey ! Je ne suis pas pilote de F1. Veux-tu bien me faire le plaisir de ne pas me laisser gagner ?

-Je ne te laisse pas gagner.

-Bien sûr que oui et tu le sais parfaitement.

Il soupire et on recommence, cette fois je me mets derrière lui et commence à essayer de le dépasser. Mon lion, avec son orgueil habituel accélère et me sème complètement. Ça, c'est mon Max.

-Tu vois quand tu veux !

-Bon vas-y, c'est quoi ce petit cirque ?

-Attend ce n'est pas fini.

Je sors de mon kart et nous retournons l'équipement avant de retourner à la voiture.

-Sacha, qu'est-ce que tu cherches à faire ? C'est bon, j'ai compris que tu voulais que je performe plus.

-Alors ça veut dire que tu n'as rien compris.

Nous roulons une bonne demi-heure avant d'arriver à notre dernière destination.

-La plage. D'accord.

-Allez !

Je sors et il sort à ma suite et soupir en me voyant me changer et lui tendre son propre maillot. Je prends ma planche et il soupire encore en sortant, me voyant lui tendre la sienne. Je savais qu'il ne faisait pas énormément de surf, mais je savais aussi qu'habitant maintenant à Monaco, il avait eu le temps d'essayer quelques fois. Nous allâmes dans l'eau et on fit plusieurs vagues avant que je me ramasse complètement et qu'il me suive parce qu'il riait un peu trop de ma gueule.

-Tu as compris maintenant le but de cette sortie improvisé.

-Non, mais j'imagine que tu vas me le dire assez rapidement. Te connaissant, tu es incapable de te dire que tu as échoué.

-Tu t'amuses Max.

-Ouais, mais encore ?

-Depuis quelque temps, tu ne t'amuses pus. Tu ne fais que garder la tête hors de l'eau. Et oui, je sais que c'est une compétition et que donc, ce n'est pas la place pour t'amuser. Tu as perdu ton envie de gagner Max, tu n'es plus un lion, tu es la gazelle. Tu es rapide, mais tu ne fais plus rien. Donc, je t'ai amené t'amuser pour que tu puisses te rendre compte que tu n'étais pas heureux et qu'il fallait que quelque chose change.

-Je suis la gazelle.

-C'est la seule chose que tu as retenue.

-Ben, c'est le plus important non ?

-Imbécile.

Il rit et vient me prendre dans ses bras pour qu'on regarde les vagues, moi contre son torse.

-Tu as raison, je dois retrouver mon agressivité. On me l'a déjà dit. C'est frustrant par contre, des fois c'est la voiture qui ne tient pas mon agressivité.

-Ouais, mais tu ne dois pas abandonner pour autant. Dis-toi la voiture ira mieux à la prochaine, je recommencerai.

Il hoche pensivement la tête et resserre ses bras contre moi pour me remercier d'être là, j'imagine.

-Tu crois que je pourrai être plus haut plus tard.

-J'espère bien, je garde encore ta foutue casquette sale dans ma chambre.

-Ben non ! Tu as encore cette casquette ?

-Évidemment, tu imagines ce qu'elle va valoir quand tu seras champion du monde. Première casquette signée du champion du monde Max Verstappen. Au moins, plusieurs centaines non ?

-Bien sûr.

-Tu as le talent pour le faire Max, mais il faut le vouloir. Vraiment le vouloir. Tu auras des défaites, ça fait partie de la vie de sportif. Il faut que tu passes au-dessus et que tu restes le même. Parce que quand tu ne penses pas à tout le reste, tu voles comme une fusée et tu attaques comme le lion qui te vaut ton casque. Fais-lui honneur.

Comme de quoi cette petite journée n'a pas servi à rien. Il gagne le grand prix de Malaisie en octobre et me donne son trophée en me disant que ça vaudra sûrement plus cher que sa casquette miteuse qui traîne dans ma chambre. Comme si un trophée allait remplacer l'un des meilleurs souvenirs de ma vie. Jamais je ne me débarrasserai de cette casquette.

...

Merci à tout ceux qui lisent l'histoire, la votent et je vois aussi certains la mettre dans leur liste de lecture et ça me fait vraiment plaisir.

Maybe This TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant