Chapitre 17

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Le lendemain, je restai au lit un long moment. Je savais que Max n'était clairement pas réveillé, devant une cuite évidente, il allait dormir jusqu'à midi. Ces mots tournaient en rond dans ma tête. Je ne me rendais pas encore compte d'à quel point il pensait n'être pas assez doué pour remporter le Championnat du monde. La porte de la chambre s'ouvrit et le visage fatigué de Max apparut. Il vint me rejoindre et enfonça directement le visage dans l'oreiller.

-Tu as ton propre lit, tu le sais ?

-Je t'entends penser de loin.

-J'ai matière à réflexion aussi. J'ai ton calendrier pour les prochains jours en passant. On va tous les deux rejoindre le centre Red Bull pour une série d'entraînement spécial. Tu as aussi des personnes à voir. Quand il ne va te rester que les médias et autres aspects médiatiques, je vais décoller pour la Belgique afin d'aller voir mon père. Je te rejoindrai à Bakou.

-Tu m'abandonnes ?

-Non, mais tu sais que je n'aime pas le savoir tout seul chez lui.

-Oui, ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas vraiment.

-J'espère bien. J'ai réfléchi à ce que tu as dit hier.

-Je ne me rappelle pas la moitié de ce que j'ai dit hier.

-Sur le fait que tu ne serais jamais champion du monde.

-Ah ! Cette partie.

-Tu le crois encore ?

-Oui et non, disons que ce n'est pas une pensée qui n'est jamais dans ma tête, mais elle n'est pas aussi présente que j'ai pu le laisser paraître hier soir. Ça fait mal d'être rarement premier, mais je continue de me convaincre que plus on avancera dans la bonne direction, plus on aura nos chances.

Je me tourne vers lui et il fait pareil. Il me sourit pour me rassurer.

-Je ne veux plus que tu croies que tu n'as aucune chance. Tu te rapproches d'Hamilton d'année en année. Tu finiras par le dépasser.

Il me sourit gentiment.

-Tu n'as pas réfléchi à l'autre conversation qu'on a eue ?

-Si, un peu.

Je me remets sur le dos pour éviter son regard. Évidemment que j'y avais pensé, mais je ne voulais pas en parler.

-Tu sais, la dernière fois, je t'ai parlé de Lando. Là, je t'en parle pour de vrai. Je pense que ce garçon pourrait t'être d'une aide réelle.

-Tu penses... Ne te fais pas de fausses idées Max.

-Je crois que tu lui plais.

Je hoquète et le regarde choquer.

-Quoi ?

-Tu n'as jamais eu cette conversation avec moi.

-Parce qu'aucun gars que je remarquais te remarquer ne valait la peine que je t'en parle.

-Parce qu'il y en a eu ?

-Sacha, tu es mignonne. Tu es même très jolie. Évidemment qu'il y a eu des gars qui-t-on regarder. Je savais que tu ne les voyais pas parce que tu n'étais pas prête à le faire. Mais je vois bien que tu remarques Lando. Je te vois réfléchir plus souvent ces temps-ci.

-J'ai peut-être commencé à me demander si je l'intéressais, mais jamais je n'aurais imaginé que tu l'aurais remarqué.

-Il n'est pas non plus le plus discret du monde. Je sais que Charles l'a remarqué aussi. On a parlé de ça une fois.

-Depuis quand tu parles à Charles en secret toi ?

-Depuis qu'on remarque qu'un gars te tourne sérieusement autour et que tu ne t'enfuis pas à toutes jambes.

-Vous êtes définitivement trop investi dans ma vie.

-Ne le prend pas mal Sacha.

-Max, tu viens de dire que toi et Charles parlez du fait qu'un gars s'intéresse à moi. C'est abuser. D'ailleurs, je vais le dire à Charles aussi.

J'attrape mon téléphone sous le regard blasé de Max. Je compose son numéro et il répond après deux sonneries.

-Yes?

-Tu as parlé avec Max de Lando ?

-Heu... je suppose ?

-Vous abusez et il le sait aussi, il est à côté en ce moment et je le fusille du regard. Arrêter de faire des complots sur ma vie dans mon dos.

-On veut seulement que tu sois heureuse chat.

-Ouais, ben ce n'est pas en apprenant que j'ai deux espions sur ma vie que je le serai.

-Bien reçu.

-Et crois-moi, je vais en discuter avec Charlotte et elle va t'engueuler aussi. Non, mais à quoi vous pensiez, c'est ma vie privée ?

-Désolé Sacha, on évitera de faire ça dans ton dos. On t'inclura dans nos discussions.

-Que c'est gentil de ta part ! On se voit à Bakou. Je t'adore quand même.

-Heureusement, sinon je serais venu avec tous les éléments nécessaires pour me faire pardonner. Je t'adore aussi !

Je raccroche et fusille Max du regard, encore une fois, avant de me recoucher et de recommencer à regarder le plafond.

-Tu l'aimes bien, Lando ?

-Je ne sais pas, j'ai encore un ressentiment face à l'inconnu, mais plus il me parle et plus ce sentiment disparaît.

-Mais tu le trouves mignon ?

-Max, tu es une fouine !

-Seulement avec toi, alors ? C'est un truc qui se raconte entre nous !

-Oui, évidemment que je le trouve mignon. Mais tu sais que c'est le dernier détail qui m'importe.

-Ouais, mais c'est un élément quand même.

-Tu es infernal.

-Je fais de mon mieux. Tu sais que tu pourrais essayer d'aller vers lui.

-Depuis quand tu veux me jeter dans les bras d'un mec toi ? La dernière fois qu'il y en a un qui m'a approché, il a fini avec un nez cassé.

-Je connais Lando. L'autre était un inconnu. Je sais que Lando a de bonnes intentions.

-Tu te trompes peut-être. La gentillesse peut être un masque.

-Sacha, arrête. Lando ne porte aucun masque. Laisse-lui une chance, comme tu l'as fait avec Charles.

-Je lui laisse une chance, je ne l'évite pas et je réponds à ses salutations. Je te rappelle que tu es celui qui a arrêté notre conversation la dernière fois.

-J'ai changé d'avis. Peu importe le nombre de fois que je le regarde mal, il continue à venir te voir. Ça veut dire quelque chose, non ?

-J'imagine que oui.

Penser à Lando me rappelle toujours que je devrais laisser plus de chance aux autres personnes. Je n'étais pas non plus complètement froide. J'étais très proche de Charles et Charlotte, mais j'avais aussi une bonne relation avec Daniel, l'ancien coéquipier de Max et l'un de ses bons amis. Pierre et moi parlions parfois aussi. Je n'étais pas totalement solitaire, j'avais seulement de la difficulté à faire totalement confiance à de nouvelles personnes. Par contre, savoir que même Max et Charles pensaient que Lando était une personne vraiment bien me fit penser que je devrais effectivement arrêter de toujours chercher un signe dans nos conversations pour détecter sa méchanceté. 

Maybe This TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant