Chapitre 29

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22 juin 2015

-Sacha !

J'ignore ce cri de détresse qui rend son propriétaire légèrement ridicule et continue de taper rapidement sur mon clavier.

-Pistache !

-Ce n'est pas en changeant de nom que tu vas arriver à tes fins Max.

-La preuve que si ! Qu'est-ce que tu fais ?

-Mes devoirs. Je dois compléter ces documents avant la semaine prochaine.

-Tu as le temps ! Viens avec moi, je veux une soirée tranquille devant un film avec ma meilleure amie.

-Max, je ne peux pas. Tu sais en plus à quel point avoir ce diplôme compte pour moi. Je veux pouvoir te suivre et te soutenir de façon légitime et officielle. Je ne veux pas être une sangsue.

-Tu ne l'es pas. Tu ne le seras jamais. Même si tu n'avais pas fait ce cours et que tu continuerais de travailler dans cette boulangerie, tu ne le serais pas.

-Peut-être pas à tes yeux, mais malheureusement, ton opinion n'est qu'une minorité parmi la masse. S'il te plaît. Je ne veux pas être perçu comme ça et je veux aussi devenir une personne vers qui tu peux te tourner.

-Tu l'es déjà, mais d'accord. Je comprends. Tu me rejoindras quand tu auras fini alors ?

-On fait comme ça.

Il sort de ma chambre et rejoins mon salon pour s'installer devant un film ou une émission. Je replonge la tête dans mon devoir et je recommence rapidement là où j'étais rendue. J'avais commencé des cours en nutrition et en maintien de la forme physique. Je voulais devenir la coach de performance de Max et donc jouer un rôle concret dans son entourage, autre que meilleure amie. Les débuts avaient été compliqués. Devoir faire les cours hors saisons ne me posait aucun problème, mais lorsque l'on rentrait en saison de grand prix. Je devais suivre Max en plus de les poursuivent et cela menait parfois à des situations impossibles.

La fois où j'avais fait mon examen avec un casque sur les oreilles pour écouter le Grand Prix avait été l'une d'elles. Je refusais de ne pas soutenir Max sur la piste et j'avais décidé de ne pas stopper mes études en saison pour pouvoir obtenir ce diplôme plus vite. Je savais que parfois, Max trouvait mon entêtement agaçant. Je comprenais, mais je me refusais à abandonner. Même si je devais abandonner des soirées comme celle-ci devant un bon film avec mon meilleur ami.

-Sacha !

Je souffle et finis par fermer mon ordinateur en comprenant qu'il refuserait totalement de me laisser continuer ce travail ce soir.

-J'arrive, tu n'es qu'un enfant avec une taille d'adulte.

Je range tous mes documents et mes notes dans mon classeur et je le rejoins dans le salon de mon petit appartement. Je m'assois à ses côtés et il passe rapidement son bras autour de mes épaules pour me coller à son torse.

-Je sais que tu veux ce diplôme le plus vite possible, mais je refuse que tu te tues à la tâche.

-Mon ange gardien.

Il m'embrasse le front et lance le film qu'il avait choisi pour la soirée. Je m'appuie sur son épaule en le remerciant mentalement de m'obliger à lâcher prise un peu. Les études semblaient prendre tout mon temps et je savais que je ne prenais pas assez de temps pour moi-même et pour mon entourage.

Une semaine plus tard

-Sacha, je te jure que si tu ne sors pas de cette chambre, je rentre et je t'en fais sortir moi-même !

-Laisse-moi tranquille !!

-Sacha, ce n'est pas la mort. Je ne vois pas le problème !

J'ouvre brusquement la porte et fais face à mon Max, complètement dépassé par la situation.

-J'ai coulé un examen Max. Je l'ai lamentablement échoué. Tu sais ce qui se passe maintenant ? Si j'ai une mauvaise note au prochain examen, je coule le cours dans son entièreté. Je dois donc le recommencer.

-Tu ne couleras pas le prochain, c'est tout.

-Tu ne comprends pas !

-Si ! Je comprends très bien Sacha, je vais t'aider d'accord. Je vais t'aider à étudier comme toi tu m'aides dans mon programme. Nous allons réussir ensemble. Tu ne me quitteras pas !

-Tu pensais que j'allais arrêter de te suivre pour me concentrer sur mes cours...

-Évidemment ! Comment pourrait-il en être autrement ?

-Max, je ne pourrai jamais t'abandonner. Jamais.

-Je te voyais, tous les jours dans ma chambre du motorhome, étudiant avec acharnement tes notes et tes bouquins. Je te voyais parfois avec des poches énormes sous les yeux et tu me souriais quand même. Je t'ai vu ce jour-là, tu sais ?

-Quel jour ?

Je le regardais sans comprendre et je le vois s'avancer dans ma chambre pour s'asseoir sur mon lit. Je le rejoins et il prend ma main pour jouer nerveusement avec.

-C'était juste après la course au Canada. Tu étais heureuse et je l'étais aussi. Je me rappelle avoir été retenue et tu es arrivée à l'hôtel avant moi. Quand je suis arrivé, je t'ai entendue pleurer Sacha. Tu étais sur le balcon et tu ne m'as jamais vu. Tu pleurais, assise face à la ville et je ne comprenais pas pourquoi. J'ai vu tes notes sur le bureau de la chambre et j'ai compris que tu étais simplement complètement vidée. Tu étais épuisée.

-Max...

-Je ne suis pas venue te voir. Tu t'es endormie d'épuisement et je t'ai couché dans ton lit. Je me suis dit ce soir-là que ce n'était qu'une question de temps avant ton départ.

-Max, s'il te plaît.

Je prends son visage dans mes mains et je fixe ses yeux bleus perçants.

-Jamais. Je ne t'abandonnerai jamais tu m'entends. Oui, j'ai craqué ce soir-là. C'est normal. Même quelqu'un n'ayant pas un rythme aussi soutenu que le mien craque à un moment ou à un autre. Je suis désolée que tu m'aies vue.

-Je ne le suis pas. Je veux que tu viennes me voir avant de craquer d'accord. Je veux être ton pilier moi aussi. Comme tu es le mien. On va le passer ce diplôme.

Je lui souris et il m'embrasse sur le front avant de me prendre dans ses bras. Nous n'étions pas encore à la ligne d'arrivée, mais avec Max qui surveillait mes arrières, je savais que je pourrais l'atteindre sans encombre et que nous pourrions être bons l'un pour l'autre.

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