DIX ANS PLUS TÔT ;
Les jambes étendues sur la table basse, Aïden baisse les yeux pour être concentré sur le mouvement de ses doigts qui eux, se perdent dans la chevelure de Laïa.
La brune à la tête posée sur les cuisses de son frère, et est plongée dans le film qu'elle regarde sur la télé, alors que le métis lui, n'a pas à accroché, depuis le début.Aujourd'hui il ne fait pas spécialement beau, ce matin il a même plu, ce qui fait que l'humidité est assez élevée, et qu'ils ont pu changer l'air de la maison, afin de rafraîchir cette dernière, car avant ça et pendant plusieurs jours, les volets étaient constamment fermés afin de ne pas subir et faire entrer la chaleur.
En soufflant légèrement, Aïden tourne sa tête en immobilisant ses doigts, puis la laisse retomber sur le dossier du canapé, en se perdant dans ses pensées, les yeux désormais rivés sur la fenêtre ouverte, donnant vue sur la grisaille et sur sa rue.
- Oh ! Purée le téléphone !
Le brun se redresse, presque en sursaut, il réalise alors qu'il lui a fallu que quelques secondes pour se déconnecter de la réalité, et quand c'est définitivement plus le cas il observe sa sœur qui se lève et qui se précipite pour récupérer son portable, légalement paniquée.
Quelques secondes plus tard, Laïa réussit à poser sa main dessus et à décrocher l'appel Facetime de ses parents qu'elle voit apparaître sur l'écran, ce qui cause le sourire sur ses lèvres.- Attends, j'vais à côté d'Aïden !
La brune sourit à son tour en s'avançant vers le métis qui écarte son bras pour accueillir sa sœur contre lui alors qu'il se fige dès lors qu'il a accès à l'écran du téléphone, affichant ses parents, et un petit garçon, encerclé par les bras d'Ali.
Le brun répond brièvement aux questions sans lâcher l'enfant du regard. L'impression que la terre s'arrête de tourner survient, soudainement, en même temps que ses oreilles se bouchent, lui laissant juste le son incessant de son pouls et de sa respiration qui devient lourde et compliqué à réguler.
Face à celui qui lui fait un peu trop rappeler la situation dans laquelle il était il y a quelques années, Aïden devient muet et observateur, détaillant la scène qu'il vit, même s'il en pas vraiment l'impression.
Les lèvres de Laïa sont étirées à son maximum tandis qu'elle demande des nouvelles auprès de ses parents qui eux, respirent la joie et la bonne humeur, heureux d'enfin pouvoir faire les premières présentations.- Mais il est trop beau, purée... et...et ça va ? Ça se passe bien ?
Maria hoche la tête en regardant brièvement Aïden, qui sourit lors de ce contact avant de se redresser pour se pencher vers l'écran et adresser à son tour un sourire à celui qui le regarde depuis le début avec de grands yeux.
La carrure et la prestance du métis a su faire son effet auprès du petit garçon qui se sent soulagé dès lors qu'il aperçoit la dentition parfaitement alignée de celui qui, il l'a compris, devient désormais son grand frère.
Étant du même pays d'origine, Aïden prononce quelques mots que la famille parvient tout de même à comprendre, mais ils laissent les deux bruns communiquer.
Le plus grand essaie, en abordant des sujets plus que légers, de le détendre et de lui faire comprendre qu'il prend son rôle au sérieux et surtout à cœur, alors que le plus petit hoche la tête en imbriquant sa main dans celle d'Ali.
Même si c'est loin, Aïden se rappelle de tout ce qu'il a ressenti lorsqu'il était à la place de Nahïl, il se souvient de la peine, de l'incompréhension, du déchirement et de la peur.
Puis il se souvient également de tout l'amour qu'il a reçu, ainsi que le sentiment d'avoir enfin une place quelque part. Car même si parfois Aïden a été torturé par ce qu'a été sa vie, et ce qu'elle est toujours, il ne peut nier que ses parents ont tout fait pour qu'il ne soit pas trop perturbé, en trouvant à chaque fois des solutions pour palier à ses traumatismes qui lui ont parfois fait défaut.
Ce qu'on lui a fait, il a envie de le faire, et son cœur se remplit d'amour face aux yeux noisettes de Nahïl qui sourit timidement et qui cache la moitié de son visage avec sa main.
- Et vos vacances à vous ? Comment ça se passe ?
Laïa est la première à répondre, par un haussement d'épaules, puis elle détaille les quelques journées passées en compagnie de ses amies alors que le brun à côté d'elle l'écoute attentivement, en souriant, et en faisant la constatation que sa sœur est le soleil de la famille, celle qui amène la joie à chaque fois qu'elle entre dans une pièce.
- Et toi Aïden...?
Maria plisse les yeux en prononçant sa question, car depuis son départ elle est inquiète pour son fils.
Si Laïa a depuis toujours eu un côté indépendant, le métis est celui qui est le plus proche d'elle et qui, elle le sait, subit un peu plus leurs absences.Le temps de quelques secondes, Aïden réfléchit et alors que sa première volonté est de répondre qu'il s'ennuie, sans eux, sans ses amis, sans le fait de s'occuper en partant en vacances par exemple, le visage de Victoria apparaît sous ses paupières et un petit sourire se dessine sur son visage aux traits fins.
Maria voit ce dernier s'illuminer et le sentiment qu'elle ressent l'apaise automatiquement, avant même d'entendre la réponse de son fils :- Franchement, j'aurais pas crû mais en vrai, c'est cool...
Il hoche la tête en entendant ses propres mots, comme pour les confirmer, puis son sourire s'agrandit en même temps qu'il baisse la tête, sous le regard suspicieux de sa sœur, alors qui est autant étonnée que curieuse face au comportement de son frère.
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𝖼𝖾 𝗊𝗎𝗂 𝗇𝗈𝗎𝗌 𝗅𝗂𝖾
RomanceDans une ville du sud de le France, sur une vaste période de dix années, plusieurs destins s'entrechoquent, marquant chaque indiviu se trouvant dans ce tourbillon d'événements qui épuise, et qui met à l'épreuve le corps ainsi que le coeur. Parmi eu...