DIX ANS PLUS TÔT ;
Appuyé contre la portière de la voiture, triturant nerveusement le volant, Aïden regarde d'un air absent le frein à main, alors que sur le siège à côté du sien, Laïa se recoiffe en s'observant à travers le miroir du pare-soleil, avant de vérifier que son maquillage soit toujours intact, pour ensuite s'installer correctement et soupirer :
- Faut toujours qu'il y ait du retard, ça m'fout la haine !
Le brun et sa sœur vivent différent cette journée.
Aïden l'a passé en s'isolant dans sa chambre et en faisant son possible pour s'aérer l'esprit alors que la jeune femme elle, a sans cesse calculé le temps qu'il lui restait avant de pouvoir revoir ses parents, et rencontrer son petit frère.- Ils vont pas tarder là, on peut déjà commencer à y aller
Laïa hoche vivement la tête en souriant car enfin, Aïden se décide à sortir de son silence.
Les deux quittent l'habitacle et une fois à l'extérieur, le brun allume une cigarette pour qu'il puisse la fumer tout en se dirigeant vers l'entrée de l'aéroport pour s'arrêter devant et consommer sa dose de nicotine qui au fil du temps, est devenue une addiction, ce qui fait qu'il n'est plus capable de gérer ni d'abandonner.Étant consciente qu'à l'intérieur de lui, Aïden doit être épris par tout un tas de souvenirs, Laïa s'approche et dépose sa tête sur l'épaule de son frère qui glisse son bras le long du dos de la brune afin qu'elle soit parfaitement contre lui.
Parfois il se demande comment est-il possible d'avoir cette connexion inexplicable avec Laïa alors qu'ils n'ont aucun lien biologique.
Maria et Ali ont donné vie à la petite brune qui est typée, dû aux origines du couple, ce qui fait que l'étonnement est souvent la réaction à laquelle ils sont confrontés quand il annonce qu'Aïden a été adopté peu de temps avant l'arrivée de Laïa.
Ils n'ont pas les mêmes traits, mais la complicité et le lien qui les unie prennent le dessus quand ils sont ensemble et le lien parenté devient une évidence pour tout le monde. Y compris pour eux.
- C'est bon, viens on rentre
En écrasant son mégot contre le cendrier à ses côtés, Aïden se décale avant qu'ils fassent quelques pas pour ensuite entrer dans l'aéroport et emprunter le chemin qui va leur permettre de croiser ceux de leur parent.
Le cœur d'Aïden se serre au fil du mouvement de ses jambes, un peu comme sa mâchoire qui se crispe, alors que la main de Laïa se faufile entre le flanc droit du brun et son bras. Ce geste qu'il accueille lui fait du bien, il se sent accompagné, soutenu, et ça lui rappelle qu'il n'est pas seul, et que le sentiment d'abandon qui l'habite n'a plus sa place dans sa vie.
- Aïden arrête toi, on peut pas aller plus loin
Sortant de ses pensées, le métis hoche maladroitement la tête en réalisant qu'il marchait par automatisme, puis il scrute les alentours, à la recherche d'Ali et Maria.
Ces derniers arrivent peu de temps après, et même s'il ne l'assumera jamais, Aïden ressent directement l'envie de pleurer quand il les aperçoit.
Le sourire de sa mère fait que sa peur prend congé de sa tête, et le regard de son père le ramène au moment présent et la seconde qui suit, ceux du brun descendent et s'arrêtent sur la petite silouhette de Nahïl qui a insisté pour ne pas être dans les bras de Maria mais pour marcher, sans pour autant vraiment se détacher de la mère de famille puisqu'il presse ses doigts contre la cuisse de cette dernière afin de ne pas la perdre.Aïden prend soin de détailler ce qu'il voit et rien ne l'échappe, mais au lieu de ressentir de la jalousie, ce qu'il aurait cru, il sent son âme s'apaiser et son cœur de remplir d'amour et de tendresse face au petit homme qui se retrouve assez vite devant lui.
Il ne sait pas pourquoi, mais pour le métis plus rien n'a d'importance que Nahïl, alors il se baisse, laissant sa sœur accueillir ses parents, puis sourit quand son visage arrive à hauteur du petit garçon qui lui, le regarde avec de grand yeux, impressionné.
- Salut toi
L'apprentissage de la langue française a débuté dès lors que l'adoption a été confirmé. Nahïl a donc quelques notions qui ont été approfondies par Adil et Maria qui en plusieurs semaines, ont réussi à le familiariser avec certains mots, dont les salutations.
- Bonjour monsieur
Sa réponse fait sourire Aïden qui penche sa tête sur le côté avant de tendre sa main, afin d'inciter Nahïl à serrer cette dernière.
Lorsqu'il est arrivé en France, il n'a pas été directement à l'aise avec le fait d'être tactile. Il se rappelle, et Maria lui a tant de fois raconté, qu'il a été sauvage pendant un certains temps.
C'est un point qui ne l'a pas étonné et qu'il comprend, il se doute que cela risque d'être pareil pour Nahïl. Il ne sera donc pas vexé s'il n'a aucune réponse en retour à son geste. Sauf que le petit garçon esquisse un sourire, légèrement amusé de pouvoir faire comme les adultes, et imbrique sa main dans celle d'Aïden, tout en la serrant.Ne voulant pas être envahissant, le métis se contente de sourire en maintenant le contact visuel qu'ils ont instaurés depuis qu'il sont à la même hauteur.
Leurs iris de la même couleur communiquent entres elles et après plusieurs secondes, Aïden lâche sa main et se redresse lentement, afin que sa sœur puisse le saluer, et pour que lui, puisse le faire avec ses parents.Une fois devant Maria, ses lèvres s'étirent grandement tout en la prenant dans ses bras.
Ses yeux se ferment automatiquement et il respire en prenant de grandes inspirations afin de retrouver le parfum de celle qu'il tient contre lui, tout en murmurant :- Tu m'as trop trop manqué
- Oh toi aussi mon fils, toi aussi ! Je suis bien contente de vous retrouver !
Ali reste en retrait et observe ses deux enfants avec tendresse, en caressant les cheveux du petit Nahïl, et en se rendant compte qu'il y a un bon nombre d'années ils ont presque vécu la même scène. Le petit garçon étant devenu le grand et musclé brun qui aujourd'hui, prend sa femme dans ses bras.
Le temps passe vite, il en est conscient depuis toujours mais c'est souvent une phrase que l'on sort sans trop de contexte, alors que là, c'est concret, mais surtout indéniable, et le père de famille en est ému quand Aïden se sépare de Maria pour s'avancer vers lui et le prendre à son tour contre lui.
L'accolade est plus pudique, plus viril, mais elle traduit également le manque qu'il a ressenti le concernant.
À présent serein face à la totalité de sa famille qui a atterrit, ils commencent à échanger sur le vol, le voyage, puis sur Nahïl.
Aïden prend en main les deux valises tandis que Laïa s'occupe du sac de sport, afin de décharger ses parents, puis ils foulent le chemin menant jusqu'à l'extérieur, puis jusqu'à la voiture, où Nahïl s'installe sur son siège auto', qui n'attendait que lui depuis un moment.Sur le trajet, le métis met en route le poste de sa voiture afin que la musique accompagne les discussions, et prend le temps de regarder de temps en temps le petit garçon, par le biais du rétroviseur central.
Un sourire sur ses lèvres change l'expression de son visage et ne le quitte pas jusqu'à ce qu'il s'arrête devant la maison, qu'ils font visiter à Nahïl qui comprend, même si ce n'est que partiellement, qu'il a le droit à un confort qu'il n'a jamais connu.
Et il n'en revient pas quand Aïden lui fait découvrir sa chambre, sa play, ses jeux, son ballon de foot, ses vêtements, sa télé, la tonne de films qu'il a dans sa clé usb, sans compter les dessins animés.
Le brun prend soin de tout déballer pour le mettre à l'aise et lui faire oublier le sentiment désagréable qui doit l'habiter malgré tout et que lui aussi, a connu.
Cependant quand Aïden se retourne pour faire face au petit garçon après avoir eu que le silence en retour à sa question concernant le choix du dessin animé, il constate que ce dernier s'est endormi sur son lit.
Le métis l'observe et sourit quand il remarque que Nahïl a l'air d'être serein, et est attendri face au geste répétitif que fait l'index de ce dernier sur son nez, caressant le bout, ce qui lui permet de complètement se détendre.
Alors Aïden comprend qu'ils ont réussi la mission, puisque pour s'endormir dans un lieu inconnu, tout comme son lit, sur ses draps, il faut être un minimum à l'aise.
C'est tout ce qui importe le brun qui sort de la pièce afin que le petit garçon récupère, sans être interrompu.
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𝖼𝖾 𝗊𝗎𝗂 𝗇𝗈𝗎𝗌 𝗅𝗂𝖾
RomanceDans une ville du sud de le France, sur une vaste période de dix années, plusieurs destins s'entrechoquent, marquant chaque indiviu se trouvant dans ce tourbillon d'événements qui épuise, et qui met à l'épreuve le corps ainsi que le coeur. Parmi eu...